Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

adresse, (suite)

Supprimée en 1867 et remplacée par l'interpellation, qui constitue un progrès en ce qu'elle oblige les ministres à venir défendre à tout moment leur politique devant la Chambre, l'adresse n'est qu'une esquisse de contrôle sur le gouvernement, mais, en tant que telle, elle est une étape fondamentale sur la voie du régime parlementaire.

Aetius,

maître de la milice et patrice romain (Durostorum, vers 390 - 454).

Fils du maître de la milice Gaudentius, Aetius est envoyé comme otage vers l'âge de 15 ans à la cour du roi des Huns, avec lesquels il établit de solides liens d'amitié. Jusque vers 440, ces derniers lui fourniront les troupes d'appoint indispensables à sa politique. En raison de ses succès militaires contre les Wisigoths et les Francs, il est nommé maître de la milice en 429. Grâce à ses appuis chez les Huns, nul ne parvient à le destituer, et il devient même patrice, c'est-à-dire chef suprême des armées, en 434.

Aetius apparaît surtout comme le dernier défenseur romain de la Gaule : en 436, il refoule une attaque des Burgondes, dont le royaume est entièrement détruit par les Huns, au point qu'il peut transférer ce qui reste des populations burgondes vers la région de Genève. Sa politique consiste à faire des peuples barbares des « fédérés » de Rome, c'est-à-dire des alliés, tout en les forçant à ne pas outrepasser les limites des territoires qu'il leur a octroyés. Ainsi, en 451, il réunit une armée formée de Barbares et de Gallo-Romains et vainc Attila aux champs Catalauniques. Aetius atteint alors le sommet de son pouvoir. Inquiet de sa puissance, l'empereur Valentinien III l'assassine, peut-être de sa propre main, le 21 septembre 454, avant de tomber à son tour sous les coups des fidèles du patrice en mars 455. La mort d'Aetius marque le déclin irrémédiable de la puissance romaine en Gaule.

Affiche rouge (l'),

affiche de propagande placardée par les Allemands à la fin du mois de février 1944, présentant dix des vingt-trois membres du groupe des FTP-MOI fusillés le 21 février 1944.

Dans sa lutte armée contre l'occupant, le Parti communiste clandestin maintient un groupe réservé aux immigrés, la Main-d'œuvre immigrée (MOI), rattachée aux Francs-Tireurs et Partisans (FTP) en avril 1942. Souvent encadrés par des anciens des Brigades internationales, les FTP-MOI mènent une action de guérilla urbaine contre les Allemands : en septembre 1943, ils exécutent, à Paris, Julius Ritter, bras droit de Fritz Sauckel, plénipotentiairechargé de la réquisition de la main-d'œuvre dans les pays occupés. Le travail de filature organisé par la brigade spéciale de la police parisienne aboutit, le 16 novembre 1943, à l'arrestation de Missak Manouchian, ouvrier arménien responsable de la MOI depuis l'été. L'organisation des FTP-MOI de Paris est alors démantelée. Du 15 au 18 février 1944, vingt-quatre d'entre eux sont jugés par un tribunal militaire allemand. Sur les vingt-trois condamnés, douze sont des juifs d'Europe centrale. En effet, les jeunes juifs immigrés forment la majorité des combattants de la MOI. Désireuse de montrer aux Français que la Résistance est aux mains de « bandits juifs communistes », la propagande allemande donne un écho particulier à ces exécutions.

Dans les années quatre-vingt, des polémiques ont mis en cause l'attitude du PCF à l'égard du « groupe Manouchian » : si la police française est bien à l'origine de la chute du groupe, la direction du parti, engagée dans une forte concurrence avec les gaullistes, avait refusé de déplacer en province des combattants qu'elle savait très exposés à Paris. Ces polémiques ont rappelé le prix payé par la Résistance juive et étrangère dans la lutte contre l'occupant : l'Affiche rouge symbolise aujourd'hui un aspect original du creuset français, le sacrifice de ces immigrés « qui criaient la France en s'abattant », comme l'exprima Louis Aragon dans un poème qui fut chanté par Léo Ferré.

Affre (Denis Auguste),

archevêque de Paris (Saint-Rome-de-Tarn 1793 - Paris 1848).

Fils d'un ancien parlementaire devenu magistrat à Rodez sous la Restauration, le futur archevêque de Paris, est élevé au collège de Saint-Affrique (Aveyron), puis au séminaire parisien de Saint-Sulpice, où il adhère aux doctrines gallicanes. Ordonné prêtre en 1820, il occupe diverses fonctions dans les diocèses de Rodez, Paris et Luçon, puis fonde avec Laurentie le périodique la France chrétienne (1821-1826). Vicaire général de Mgr de Chabons à Amiens (1823-1833), puis de Mgr de Quelen à Paris (1834-1840), il acquiert une réputation d'administrateur rigoureux et compétent, publie un important Traité de l'administration des paroisses (1827) ainsi qu'un Traité de la propriété des biens ecclésiastiques (1837). Pressenti pour devenir coadjuteur de l'évêque de Strasbourg et sacré évêque in partibus de Pompeiopolis, il succède en 1840, grâce à la protection de Thiers, au très légitimiste Mgr de Quelen, archevêque de Paris.

Ses huit années d'épiscopat dans la capitale (1840-1848) sont marquées par une réorganisation administrative du diocèse. Mgr Affre poursuit en particulier un effort de renouvellement des études cléricales, publie une importante lettre pastorale (Sur les études ecclésiastiques, 1841), développe le collège-séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, que dirige l'abbé Dupanloup, confie à l'abbé Lacordaire les conférences de Notre-Dame de Paris, réorganise la faculté de théologie d'État à la Sorbonne, et crée aux Carmes une École des hautes études ecclésiastiques (1845). Il poursuit dans la capitale une pastorale active, développe la catéchèse et les œuvres d'assistance sociale et religieuse (Société de Saint-François-Xavier) ainsi que la presse catholique, malgré ses démêlés avec l'abbé Migne et avec l'Univers de Louis Veuillot. Il se heurte violemment à la monarchie de Juillet sur la question de la liberté d'enseignement, et son gallicanisme affiché lui vaut de nombreuses difficultés avec les congrégations religieuses et avec le Saint-Siège : ni Grégoire XVI ni Pie IX ne le feront cardinal.

En février 1848, Mgr Affre se rallie ouvertement à la République. Il trouve la mort en juin de la même année, au faubourg Saint-Antoine, en tentant courageusement de s'interposer entre les ouvriers insurgés et les troupes du général Cavaignac.