conduite d'eau qui dessert les fontaines et les thermes des cités.
L'eau était un confort apprécié des Romains, et ils veillèrent à l'approvisionnement régulier des espaces urbains qu'ils créèrent dans les cités gauloises, installant souvent plusieurs conduites. Lyon était ainsi desservie par un réseau de quatre aqueducs, alors qu'on en comptait onze à Vienne, capables d'acheminer quotidiennement 100 000 mètres cubes d'eau. L'aqueduc le plus connu est celui de Nîmes, qui courait sur 50 kilomètres, de la source d'Eure, près d'Uzès, au château d'eau urbain.
L'aqueduc se présentait sous la forme d'une canalisation maçonnée en pente - construite sous terre, en tranchées ouvertes, ou en tunnels exhaussés -, et rendue étanche par un enduit intérieur. Lors de la construction d'un aqueduc, pour déterminer une déclivité constante, les ingénieurs utilisaient un chorobate (règle sur pied qui contenait de l'eau dans une rainure supérieure et dont chaque extrémité donnait un repère de visée), grâce auquel on pouvait calculer l'altitude d'un point à l'aide d'une mire. Lorsqu'il fallait franchir des obstacles - ravins, dépressions, vallées -, ils édifiaient des ponts, tel le célèbre pont du Gard, dans la vallée du Gardon, près de Nîmes, aux trois étages d'arcades, haut de 48 mètres et long de quelque 275 mètres ; ils adoptaient plus rarement la technique du siphon, utilisée pour l'aqueduc lyonnais du Gier, dans la vallée de l'Yseron. À son arrivée en ville, l'aqueduc approvisionnait un château d'eau (castellum divisorium) : à Nîmes, il s'agissait d'une fontaine circulaire, dont les bouches cylindriques et les bondes permettaient une circulation régulière et l'évacuation du trop-plein. Le château d'eau alimentait des tuyaux en plomb, qui desservaient les fontaines publiques de la cité (où l'on venait s'approvisionner), les thermes publics ou privés (où se lavaient et se délassaient les citadins et, parfois, les ruraux), et les demeures des riches particuliers qui avaient obtenu le droit de jouir de dérivations privées. De généreux bienfaiteurs avaient souvent assumé les frais élevés des constructions - 2 millions de sesterces à Bordeaux -, et l'eau, payée par les plus riches pour leurs concitoyens, apparaissait comme l'instrument d'un confort collectif. Sa quantité justifiait, en quelque sorte, l'idée oligarchique de la cité romaine en Gaule. Les sources étant divinisées chez les Gaulois, les Romains associèrent souvent le culte impérial aux divinités topiques. L'eau devenait ainsi un bienfait apporté par l'empereur aux cités.