Luynes (Charles, marquis d'Albert, duc de),
favori de Louis XIII (Pont-Saint-Esprit, Gard, 1578 - Longueville, Lot-et-Garonne, 1621).
De petite noblesse provençale, il est d'abord page du comte du Lude, puis d'Henri IV. Habile fauconnier, il s'attire l'amitié du jeune Louis XIII, grand amateur de cette chasse. Aimable et pieux, il rassure ce roi timide qui l'appelle jusque dans ses rêves et lui donne la charge de grand fauconnier en octobre 1616. L'année suivante, avec ses frères Cadenet et Brantes, Luynes est l'instigateur de l'assassinat de Concini, favori de Marie de Médicis, et il lui succède à la tête du gouvernement. Rappelant les ministres d'Henri IV, le nouvel homme fort, fait duc et pair en 1619, puis connétable en 1621, envisage une réforme décisive : l'abolition de la vénalité des charges. Mais, peu compétent en politique étrangère, Luynes voit bientôt naître une opposition intérieure, avec la révolte du duc d'Épernon et de Marie de Médicis, qu'il a reléguée à Blois. Si ces « guerres de la mère et du fils » sont péniblement réglées par les traités d'Angoulême (1619) et d'Angers (1620), Luynes ne peut éviter le conflit avec les protestants, à la suite du rétablissement du catholicisme en Béarn, conformément à la volonté du roi (1620), puis la campagne de Guyenne. Après son échec devant Montauban (août-novembre 1621), Luynes est emporté par une épidémie.
Populaire auprès des petits gentilshommes dont il est issu, méprisé par les grands pour son ascension rapide, il présentait pour le roi l'avantage de dépendre entièrement de ses faveurs.
Lyautey (Louis Hubert Gonzalve),
maréchal de France (Nancy 1854 - Thorey, Meurthe-et-Moselle, 1934).
Lyautey choisit le métier des armes plus par tradition familiale que par vocation. Sorti de Saint-Cyr en 1875, breveté d'état-major, officier de cavalerie, il est, à partir de 1882, introduit dans les cercles littéraires parisiens où il rencontre Heredia, Proust et, surtout, Eugène de Vogüé. Influencé par le catholicisme social d'Albert de Mun, il publie en 1891 une étude (Du rôle social de l'officier dans le service militaire universel) qui est accueillie avec réticence dans les milieux militaires. Il ne songe pas à une longue carrière mais, en 1894, son affectation au Tonkin lui ouvre de nouveaux horizons, ceux du monde d'outre-mer. Il y sert sous les ordres de Gallieni, qu'il rejoint par la suite à Madagascar, et consacre une nouvelle étude à la mission de l'officier colonial. Nommé général, il est placé à la tête du commandement militaire des confins algéro-marocains (Aïn-Séfra) de 1903 à 1907 et se familiarise avec les problèmes du Maroc. En 1909, il intervient au Maroc occidental, depuis peu occupé par les troupes françaises.
D'avril 1912 à septembre 1925, il est commissaire-résident général au Maroc et, à ce titre, il doit mettre en place les structures du protectorat tout en poursuivant les opérations de « pacification » avec l'aide des généraux Gouraud et Mangin et au prix d'énormes difficultés dues à la restriction des effectifs pendant la Première Guerre mondiale. De décembre 1916 à avril 1917, il revient à Paris, appelé par Briand au ministère de la Guerre, charge dont il cherche très tôt à se défaire pour repartir au Maroc. Il s'y distingue par sa « politique des égards » avec le sultan Moulay Youssef et les dignitaires marocains, par le respect du souverain, du gouvernement (maghzen), des institutions traditionnelles et de la religion musulmane. Il est à l'origine d'importantes réalisations dans les domaines de la santé, de l'enseignement, des travaux publics (urbanisme, barrages et réseau ferroviaire), qui posent les bases du développement économique du pays. Il doit lutter contre les empiètements de la bureaucratie, et porte un regard à la fois lucide et très pessimiste sur la politique suivie en Algérie. Élu à l'Académie française dès 1912, il est promu maréchal en 1921. En septembre 1925, en pleine guerre du Rif, le ministère Painlevé lui retire le commandement des troupes engagées contre Abd el-Krim pour le confier au maréchal Pétain : il renonce alors à ses fonctions de résident et se retire à Thorey, en Lorraine. En 1931, il est commissaire général de l'Exposition coloniale internationale de Vincennes, qu'il a grandement contribué à mettre sur pied et qui est, à plus d'un égard, le couronnement de son œuvre.
Lyon (conspiration de),
plan de la Contre-Révolution visant à soulever le Sud-Est contre Paris, en 1790.
Depuis les journées d'octobre 1789, nombre de royalistes songent à arracher Louis XVI à la capitale pour l'installer dans une ville de province, qui deviendrait ainsi le centre d'un contre-gouvernement et d'où l'on pourrait reconquérir le royaume par la force. Au printemps 1790, c'est Lyon que proposent Imbert-Colomès, ancien premier échevin de la ville, et le Salon français, groupe parisien ultraroyaliste et clandestin, au comte d'Artois, frère émigré de Louis XVI et principal dirigeant du comité contre-révolutionnaire, dit « de Turin ». Grâce au relais des députés royalistes de la Constituante, ce plan est soumis au roi, qui accepte d'enquêter sur l'état d'esprit de Lyon. Même si l'émissaire royal est arrêté en juillet, les réseaux se mettent en place et les préparatifs d'insurrection continuent, que ce soit à Lyon, où se réunit un comité royaliste, en Vivarais (camp de Jalès), en Dauphiné, ou en Provence. Lorsqu'en octobre Louis XVI préfère le plan du baron de Breteuil (fuir vers l'Est) à celui du comte d'Artois, dont il ne veut pas être prisonnier, ce dernier poursuit son projet de soulèvement de Lyon : il pense pouvoir être accueilli avec son armée dans cette ville, et passe outre l'interdiction formelle du roi signifiée début décembre. Bientôt, le projet de complot, qui n'est ni discret ni vraiment fiable, est dénoncé et l'arrestation à Lyon de quatre des conjurés le 10 décembre est suivie de nombreuses autres. C'est la débâcle, et le comte d'Artois doit renoncer, peu après, à faire de Turin sa base de reconquête du royaume.
Lyon (siège de),
épisode de la Révolution au cours duquel Lyon est prise par l'armée de la Convention (8 août-9 octobre 1793).