évêque d'Autun (en Neustrie, vers 616 - près de Sarcinium, aujourd'hui Saint-Léger, Pas-de-Calais, 678).
Originaire d'une des plus riches familles germaniques de Gaule, possessionnée dans les pays de Langres, Nevers et Châlon, Léger (altération de Leudegaire : « illustre à la guerre ») est envoyé à la cour de Clotaire II, puis, vers 626-629, auprès de son oncle Didon, archevêque de Poitiers, qui se charge de son éducation. Il devient archidiacre, puis abbé de Saint-Maixent, vers 653. Pendant la minorité de Clotaire III, la reine Bathilde l'appelle à la cour (vers 657), où il se fait le porte-parole des grands de Bourgogne, opposés au maire du palais de Neustrie Ébroïn, lequel cherche à réaliser l'unification du royaume. Sa nomination en tant qu'évêque d'Autun (663) est sans doute une habile manière de l'écarter. Dans cette nouvelle charge, selon ses hagiographes, il développe les qualités idéales de l'évêque du VIIe siècle : initiateur d'œuvres caritatives, défenseur de la cité, excellent administrateur, il s'emploie à reconstruire les remparts de la ville, entreprend des travaux de restauration et d'agrandissement d'édifices religieux. En 670, il convoque un concile qui vise à réformer les mœurs du clergé.
En 673, à la mort de Clotaire III, Ébroïn place Thierry III sur le trône, coup de force inacceptable pour l'aristocratie de Neustrie et de Bourgogne, qui en appelle au roi d'Austrasie Childéric II et à son maire du palais, Wulfoald. Ébroïn et Thierry III sont chassés et enfermés dans des monastères. Léger, jugé trop encombrant, est à son tour écarté. Il rejoint son ennemi Ébroïn, captif à Luxeuil. Les deux hommes sont libérés vers 675, après l'assassinat de Childéric. Une lutte farouche s'engage alors entre le maire du palais de Neustrie, tenant d'une politique centralisatrice, et l'évêque d'Autun, défenseur des particularismes régionaux. Ébroïn écarte tous ses rivaux et envahit la Bourgogne ; en 676, il met le siège devant Autun. Pour épargner les habitants, Léger livre la ville à Ébroïn, qui lui fait crever les yeux, couper la langue et les lèvres et enfermer au monastère de Fécamp. Deux ans après (en octobre 678), allant jusqu'à l'accuser de la mort de Childéric, Ébroïn le fait décapiter dans la forêt de Sarcing, près d'Arras.
Homme politique, autoritaire et batailleur, Léger est pourtant très vite considéré comme un martyr, en grande partie à cause du long calvaire qu'il a subi. Il est notamment invoqué par les aveugles.