Modestes officiers travaillant dans l'entourage du chancelier au Moyen Âge, les secrétaires d'État deviennent sous l'Ancien Régime les principaux ministres du roi, en charge chacun d'un département ministériel.
Dans le fonctionnement de la monarchie capétienne médiévale, l'administration de la chancellerie joue un rôle majeur en rédigeant les actes royaux, en attestant leur conformité à la volonté du roi, et en les expédiant à leurs destinataires. Dans l'entourage du chancelier - ou du garde des Sceaux - se développe ainsi la fonction de « notaire-secrétaire du roi », dont le titulaire met en forme les ordres du souverain. D'un collège assez nombreux émergent au XIVe siècle quatre « clercs du secret » ou « secrétaires des Finances », qui ont pouvoir de dresser les lettres de paiement et qui attestent par leur contreseing l'authenticité de la signature royale.
Un prestige grandissant.
• À la Renaissance, le rôle des secrétaires des Finances évolue pour devenir plus politique. La carrière exceptionnelle de l'un d'entre eux - Florimond Robertet, principal conseiller de Louis XII - rehausse, en effet, le prestige de leur fonction. En outre, Henri II, suivant peut-être en cela les exemples anglais ou espagnol, leur confère le titre de « secrétaire d'État et des Finances de Sa Majesté » (1559). Leur mission est progressivement précisée : ils reçoivent et exécutent sans intermédiaire les ordres du roi, auquel ils prêtent directement serment à partir de 1588, et font leur entrée au Conseil. Chacun d'eux est de service par roulement auprès du monarque pour recueillir et mettre en forme ses directives mais aussi pour s'acquitter d'une mission ponctuelle. Afin de faciliter l'expédition de ses ordres, le souverain prend l'habitude de distribuer affaires et commandements selon un découpage territorial : chaque secrétaire se voit donc confier un secteur géographique (un certain nombre de provinces et les relations avec les pays étrangers voisins).
Participant de près au gouvernement du royaume, acquérant peu à peu une spécialisation, les secrétaires du roi se transforment ainsi en véritables ministres. Richelieu va sanctionner cette évolution par le règlement de 1626, qui crée quatre départements ministériels - la Guerre, la Marine, les Affaires étrangères et la Maison du roi –, confiés chacun à un secrétaire d'État. Louis XIV étoffe leur sphère de compétences : il les charge de nouveaux domaines spécialisés (relations avec le clergé, bâtiments, affaires de la « religion prétendue réformée », etc.). En outre, il répartit l'administration des provinces selon un découpage logique : les secrétaires d'État à la Marine et à la Guerre commencent à s'occuper, respectivement, des pays de mer et des régions frontalières ; le secrétaire d'État aux Affaires étrangères a dans ses attributions la Provence, à cause des relations de cette région avec le Levant ; le secrétaire à la Maison du roi hérite du lot le plus important de provinces, celles du « dedans », ce qui fait de lui un ministre de l'Intérieur avant la lettre.
Siégeant auprès du roi au Conseil d'en haut, coordonnant leur action dans les provinces au sein du Conseil des dépêches, membres de droit du Conseil privé, les quatre secrétaires d'État forment le noyau du gouvernement de la monarchie absolue. Selon les époques, ils rendent compte soit au principal ministre - tel Richelieu - soit directement au souverain - Louis XIV puis Louis XV. Robins d'origine, vite anoblis, ils se mêlent assez tôt à la noblesse d'épée et créent des dynasties ministérielles qui forment l'élite politico-administrative du royaume de la fin du XVIIe siècle à 1789.
L'évolution de la fonction dans la période contemporaine.
• Sous la Révolution, la Constitution de 1791 supprime le titre de secrétaire d'État pour le remplacer par celui de « ministre ». La fonction de sous-secrétaire d'État puis de secrétaire d'État ne ressuscite pas avant la IIIe République, qui lui donne un contenu différent : il s'agit désormais d'auxiliaires des principaux ministres, qui secondent ces derniers dans leur tâche. Absents du Conseil des ministres dans les premiers temps, les secrétaires d'État prennent peu à peu l'habitude d'y siéger, notamment lorsqu'ils prennent en charge, par délégation, l'administration directe d'un domaine d'activité. La IVe et, surtout, la Ve République consacrent cette évolution de la fonction.