Jean sans Peur, (suite)
Alors que Philippe le Hardi, oncle de Charles VI, avait une influence peu contestée au Conseil - qui gouverne durant la folie du roi -, Jean sans Peur s'oppose à son cousin Louis d'Orléans, frère de Charles VI, et à la reine Isabeau de Bavière. Le conflit s'envenime au point que, le 23 novembre 1407, il fait assassiner Louis d'Orléans, acte qui est à l'origine de la guerre civile connue sous le nom de « querelle des Armagnacs et des Bourguignons ». Après avoir fui Paris, Jean sans Peur y revient en maître en 1409 et gouverne le royaume en soutenant un programme de réformes qu'appuient l'Université et la prévôté des marchands. En 1413, l'échec de l'insurrection des Cabochiens (faction du parti des Bourguignons dirigée par Simon Caboche), auxquels il avait d'abord apporté sa caution, l'oblige à se réfugier en Flandre. Paris est aux mains des Armagnacs pour cinq ans. En 1418, après avoir mené un jeu politique équivoque avec les Anglais, Jean sans Peur rentre de nouveau à Paris et tente de se rapprocher du dauphin Charles. C'est au cours d'une entrevue qu'il avait obtenue avec ce dernier qu'il est assassiné par des hommes du parti des Armagnacs sur le pont de l'Yonne, à Montereau, le 10 septembre 1419. Sa mort signe la rupture des relations entre la Bourgogne et le royaume pour quinze années.
Jean sans Peur laisse cependant un État bourguignon dont la construction est bien avancée. En 1408, il a soumis les Liégeois à la bataille d'Othée, nommant comme prince-évêque son beau-frère Jean de Bavière. Il a unifié la Franche-Comté en y intégrant Besançon et annexé le Tonnerrois, le Boulennois et la Picardie. Il a également poursuivi la politique matrimoniale menée par son père, mariant ses six filles de manière à disposer d'alliances dans différents pays d'Europe. Si Jean sans Peur apparaît encore tiraillé entre la recherche du pouvoir au sein du royaume et l'édification de l'État bourguignon, son fils Philippe le Bon ne défendra d'autre cause que celle-là.