Cassini (famille),
lignée d'astronomes membres de l'Académie des sciences, responsables, de père en fils, de l'Observatoire de Paris, de 1669 à 1793.
Jean Dominique (dit Cassini IER, 1625-1712), originaire du comté de Nice, est astronome et ingénieur au service du pape à Bologne lorsque Colbert lui offre la direction de l'Observatoire de Paris, alors en construction. En 1673, il est naturalisé, et épouse une aristocrate française. Ses tables éphémérides des fréquentes occultations des satellites de Jupiter, éditées en 1668 et en 1693, permettent à un astronome de calculer l'écart horaire entre sa position et l'Observatoire de Paris, c'est-à-dire sa longitude par rapport au méridien de Paris. Sa cartographie de la Lune sera utilisée jusqu'au XIXe siècle ; il découvre encore quatre satellites de Saturne, et participe, depuis l'Observatoire, aux missions de l'Académie des sciences, telle l'évaluation, en 1673, de la distance de la Terre au Soleil, en collaboration avec Richer, à Cayenne, et Jean Picard, à Paris. Mécaniste cartésien, il rejette la théorie de la gravitation de Newton, ainsi que celle de Römer sur la vitesse finie de la lumière.
Jacques (dit Cassini II, 1677-1756) achève, en 1718, la mesure de l'arc du méridien de Paris, commencée par Picard puis par son père, qui constitue désormais une sûre assise cartographique. Les travaux géodésiques menés alors en France lui font croire à une Terre étirée aux Pôles, en contradiction avec la théorie newtonienne. Les mesurages de degrés de méridiens par les académiciens des sciences Maupertuis - en « Laponie » (Suède), en 1736-1737 - et La Condamine et Bouguer - au « Pérou » (Équateur) en 1735-1744 - démontrent que la Terre est aplatie aux pôles.
César François Cassini de Thury (dit Cassini III, 1714-1784), premier directeur en titre de l'Observatoire, reconnaît l'erreur paternelle. Il préside à l'élaboration de la première carte de France à grande échelle (1/86 400), en cent quatre-vingt-deux feuilles, rigoureusement levée par triangulation de 1747 à 1789.
Jacques Dominique (dit Cassini IV, 1748-1845) dirige la fin des travaux, mais, jusqu'alors entreprise privée et vendue au public, la « carte de Cassini » (« de l'Observatoire », ou « de l'Académie ») est confisquée par l'État pendant la Révolution, et ce n'est qu'en 1815 que sont publiées les dernières feuilles. Membre noble d'institutions royales, fidèle aux rois Bourbons qui ont assuré la fortune de sa famille, le comte de Cassini est évincé de l'Observatoire en 1793, puis emprisonné. Après une retraite volontaire, il intègre la section d'astronomie de l'Institut en 1799, et préside le conseil général de l'Oise jusqu'en 1818. Son fils, juriste et botaniste, meurt avant lui. En 1845 s'éteint la lignée des Cassini.
Castillon (bataille de),
victoire, remportée le 17 juin 1453 par l'armée française sur les troupes anglaises de Talbot, qui symbolise de façon traditionnelle, dans l'historiographie, le succès final de la France dans la guerre de Cent Ans.
Après la reconquête de la Normandie en 1450, les troupes royales commandées par Dunois portent leur offensive contre la Guyenne. Mais, en dépit du succès d'une campagne initiale, en juin 1451, marquée par l'investissement éphémère de Bordeaux, la résistance anglaise, animée par le vieux capitaine John Talbot, et relayée par les populations locales, s'avère sérieuse. Une seconde offensive de grande ampleur est organisée au printemps 1453 : elle aboutit, devant les murs de Castillon, à une bataille qui consacre le triomphe de l'artillerie mobile en campagne. Faisant charger sa cavalerie contre l'armée royale retranchée, dans le but de tailler en pièces les piétons, Talbot, comme jadis la chevalerie française à Crécy, néglige les innovations tactiques, liées, en l'occurrence, à l'utilisation massive de l'artillerie développée par les frères Bureau, et perfectionnée grâce à des chariots qui lui donnent une plus grande capacité de mouvement. Prise sous un déluge de boulets légers et incapable de se dégager, l'armée de Talbot, à l'instar de celle de Thomas Kyriel en 1450 à Formigny, est anéantie. Le vieux chef et son fils meurent au combat. La route de Bordeaux est désormais ouverte aux troupes de Charles VII, qui peuvent ainsi prendre le contrôle de la Guyenne anglaise au cours lors de l'été 1453.
Catalauniques (champs),
plaine située dans la région de Moirey, près de Troyes, où, le 20 juin 451, les Huns d'Attila sont refoulés par une armée gallo-romaine dirigée par Aetius. Le lieu tire son nom du peuple des Catalauni, dont la capitale était Châlons-sur-Marne.
Jusque dans les années 440, les Huns, établis en Europe centrale, entretiennent d'assez bonnes relations avec l'Empire romain, qui leur verse un tribut et qui, vers 428, leur cède par traité la Pannonie (actuelle Hongrie). Mais ces relations se dégradent nettement au milieu du Ve siècle. En effet, l'empereur Valentinien III refuse de donner sa sœur en mariage à Attila et, surtout, Rome s'immisce dans les affaires des peuples barbares frontaliers de l'Empire, sur lesquels le roi des Huns veut étendre son influence. Au printemps 451, ce dernier aurait rassemblé un demi-million de cavaliers ; il entame alors les hostilités par l'attaque de la Gaule, où il espère pouvoir mettre à profit les dissensions entre Romains et Wisigoths. Les Huns progressent jusqu'à Orléans, brûlant Metz, Reims et Troyes sur leur passage, mais Aetius, à la tête d'une armée composée de Gallo-Romains et de Barbares alliés de Rome, les oblige à lever le siège et à refluer vers la Champagne. Aux champs Catalauniques, la cavalerie hunnique estime l'espace favorable et attend l'adversaire. Les pertes sont très lourdes des deux côtés ; Attila est battu et rentre en Pannonie, Aetius renonçant à le poursuivre.
Catalogne,
région du nord-est de la péninsule Ibérique comprise entre les Pyrénées et l'Èbre, intégrée à l'Empire carolingien, puis au royaume capétien jusqu'en 1258.
L'expédition de Charlemagne contre les musulmans d'Espagne en 778 et la prise de Barcelone par son fils Louis en 801 entraînent la formation de la Marche d'Espagne et la naissance d'une dizaine de comtés. La Catalogne est très tôt dominée par les comtes de Barcelone, qui contrôlent plusieurs comtés et profitent de leur position frontalière pour devenir les chefs de la lutte contre l'Islam. À partir de la fin du IXe siècle, ils acquièrent une autonomie de fait, et la souveraineté franque sur la Catalogne n'est plus que théorique. Au Xe siècle, le comte Borrell (948-992) déclare ainsi tenir son pouvoir de Dieu seul. La Catalogne se soustrait définitivement à l'autorité royale en 987-988, après n'avoir obtenu aucun secours de la part du roi Hugues Capet pour lutter contre les troupes du calife de Cordoue, qui se sont emparées de Barcelone en 985. Du Xe au XIIe siècle, la région profite des échanges économiques et culturels avec l'Espagne musulmane, devient une principauté prospère et un foyer de l'art roman. C'est aussi l'une des principales puissances politiques de la région pyrénéenne et occitane. Les comtes de Barcelone prennent alors le contrôle des Pyrénées orientales en acquérant successivement le comté de Besalù (1111), les comtés de Cerdagne et Conflent (1117) et le comté de Roussillon (1172). Ils imposent aussi leur souveraineté au-delà des Pyrénées, en Razès et en Carcassonnais. Et comme, en 1112, grâce au mariage du comte Raimond Bérenger III avec Douce de Provence, leur reviennent les comtés de Provence et de Gévaudan, la principauté catalane constitue au XIIe siècle la première puissance méridionale, avec le comté de Toulouse. Cette expansion profite aussi bien aux marchands de Barcelone qu'à l'aristocratie militaire. Elle est renforcée par l'accession des comtes de Barcelone à la couronne d'Aragon en 1162.