Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

Flodoard,

chroniqueur et homme d'Église (Épernay 893 ou 894 - Reims 966).

Entré très jeune à l'école cathédrale de Reims, Flodoard bénéficie du renouveau des études impulsé par l'archevêque Hincmar. Il devient chanoine, prêtre, archiviste et peut-être écolâtre de la cathédrale, mais son horizon dépasse largement le cadre de la cité rémoise, car il est mêlé aux grands conflits politiques de son temps. Flodoard est avant tout un historien : il rédige des Annales, qui couvrent les années 919-966, c'est-à-dire une époque dont il est le témoin direct, mais aussi une Histoire de l'église de Reims (952), qui retrace la succession des évêques des origines à 948, et pour laquelle il s'est appuyé sur les archives dont il avait la garde. Enfin, il est l'auteur d'un poème de 20 000 vers, les Triomphes du Christ, qui brosse le tableau de l'épopée chrétienne des martyrs et donne à son œuvre tout son sens : selon lui, en effet, toute histoire est à replacer dans la grande histoire chrétienne, celle du salut.

Floquet (Charles),

homme politique (Saint-Jean-Pied-de-Port, Pyrénées-Atlantiques, 1828 - Paris 1896).

Républicain résolu, insurgé de 1848, Charles Floquet s'affirme dès le 2 décembre 1851 comme un opposant déterminé au régime bonapartiste : journaliste au Temps et au Siècle, avocat, il défend les démocrates poursuivis par le pouvoir. En 1863, puis en 1869, il se présente aux élections législatives face au candidat officiel. Sa renommée s'accroît, et on lui prête cette apostrophe au tsar Alexandre II en visite à Paris : « Vive la Pologne, monsieur ! »

Dès le 4 septembre 1870, il participe au gouvernement républicain et prend part à la défense de la capitale. Élu en février 1871 à l'Assemblée nationale, il est ensuite de ceux qui vont tenter, sans succès, la conciliation entre les versaillais et la Commune. Sa carrière politique se construit dès lors à Paris : élu du quartier Saint-Ambroise (1872), président du conseil municipal (1874), préfet de la capitale en 1882, il se fait le défenseur des libertés municipales ; député du XIe arrondissement en 1876, il siège à l'extrême gauche. Les thèmes de ses interventions à la Chambre témoignent de son engagement radical : amnistie des communards, bannissement des familles régnantes, élection des sénateurs au suffrage universel.

En 1885, il est président de la Chambre, poste qu'il occupera jusqu'en 1893, excepté le temps de sa carrière ministérielle. En effet, le 31 mars 1888, en pleine crise boulangiste, il est chargé de constituer le cabinet : Floquet s'oppose au général Boulanger - qu'il blessera même grièvement en duel - et, pour parer le danger plébiscitaire, fait rétablir le scrutin d'arrondissement. Il démissionne le 14 février 1889, l'Assemblée refusant de le suivre dans ses projets de révision constitutionnelle. Sa fin de carrière est assombrie par le scandale de Panamá : cherchant à financer sa campagne électorale contre les boulangistes, il s'est compromis auprès de la Compagnie. En 1893, il ne peut retrouver son siège de député et entre au Sénat en 1894.

floréal an VI (coup d'État du 22),

second coup d'État du Directoire, réalisé le 11 mai 1798 par le vote d'une loi annulant l'élection de députés jacobins.

Après le premier coup d'État du Directoire, le 18 fructidor an V (4 septembre 1797), dirigé contre les royalistes, les jacobins reprennent de l'importance dans la vie politique. Or, des élections législatives sont prévues en avril 1798 afin de pourvoir 437 sièges sur 750. Pour se prémunir contre une victoire - prévisible - des jacobins, le Directoire fait voter la loi du 12 pluviôse an VI (31 janvier 1798), qui stipule que les résultats électoraux seront vérifiés, avant le 20 mai, par le Conseil des Anciens et le Conseil des Cinq-Cents sortants. En outre, entretenant une intense propagande contre le « royalisme à bonnet rouge », il incite ses commissaires à provoquer des scissions dans les assemblées électorales entre opposants et fidèles au régime, scissions qui ont lieu dans vingt-cinq départements et qui conduisent les Conseils à trancher les litiges. Le 4 mai, pour pallier la lenteur des opérations de vérification des votes, une commission de cinq membres, travaillant étroitement avec le Directoire, est chargée d'établir un rapport général. C'est ce rapport qui est adopté par la loi du 22 floréal : l'élection de 106 députés, en majorité jacobins, est invalidée, et près de 200 fonctionnaires et administrateurs sont exclus. Cette manœuvre « légale », qui enfreint pourtant la volonté des électeurs, ne rencontre guère d'opposition. Mais les jacobins, qui remporteront les élections de mars 1799, sauront à leur tour épurer le Directoire lors du coup d'État du 30 prairial an VII (18 juin 1799).

Flote ou Flotte (Pierre),

légiste et conseiller du roi Philippe le Bel ( ? - Courtrai 1302).

Né d'une famille noble du Dauphiné, il étudie le droit romain à Montpellier. D'abord conseiller du dauphin Humbert Ier de Viennois, il siège au parlement de Toulouse en 1291, et effectue dès lors de nombreuses missions pour le roi de France en Guyenne, en Languedoc, voire en Angleterre, auprès du roi Édouard Ier (1293).

Ses services sont reconnus par Philippe le Bel, qui lui donne en 1294 la seigneurie de Revel, en Auvergne. À partir de 1296, le rôle politique de Pierre Flotte ne cesse de croître. Membre du Conseil royal, il contribue à mettre le droit romain au service de la monarchie capétienne et défend les prétentions du roi à vouloir gouverner le clergé de France. Chargé de plusieurs missions diplomatiques auprès du pape Boniface VIII, il négocie notamment la canonisation de Louis IX en 1297. Fer de lance de la monarchie capétienne contre la papauté, il dirige en 1301 la procédure lancée contre l'évêque de Pamiers, Bernard Saisset, inculpé d'hérésie, de trahison et de lèse-majesté.

En 1299, Philippe le Bel nomme ce fidèle légiste à l'office envié de garde du Sceau, mais c'est en chevalier que meurt Pierre Flotte, le 11 juillet 1302, à la bataille de Courtrai. Son fils spirituel, Guillaume de Nogaret, lui succède dans tous ses rôles.

Flourens (Gustave),

homme politique (Paris 1838 - Chatou 1871).