traité signé par les Alliés et l'Allemagne mettant fin à la Première Guerre mondiale.
La conférence de la paix qui s'ouvre en janvier 1919 à Paris a de grandes ambitions : sanctionner les vaincus tout en organisant la paix pour le futur. Vingt-sept nations y participent, mais les véritables décisions sont prises par le « conseil des quatre », représentant les chefs d'État ou de gouvernement des pays vainqueurs : Woodrow Wilson (États-Unis), Georges Clemenceau (France), Lloyd George (Royaume-Uni) et Vittorio Emanuele Orlando (Italie).
Vainqueurs et vaincus.
• Le premier paradoxe de la conférence est que l'on n'a jamais pensé à inviter les vaincus, malgré l'objectif affiché de réorganiser l'Europe en s'inspirant des « quatorze points » proposés par Wilson en 1918, dont le plus important préconise le règlement des litiges territoriaux sur la base du principe des nationalités. Les négociations vont bientôt se heurter aux intérêts étroits de tous, et à la certitude de chacun des vainqueurs qu'il doit assurer sa sécurité territoriale, politique ou économique afin d'éviter qu'une catastrophe similaire ne se reproduise. Les habitudes diplomatiques anciennes règnent toujours, en dépit de la proclamation de nouveaux principes. Les tensions sont telles que le président Wilson décide de participer lui-même à la conférence, où il s'oppose surtout à Clemenceau qui, selon Keynes, « avait pour la France les sentiments de Périclès pour Athènes - elle seule était grande, rien d'autre ne comptait : mais sa conception de la politique était celle de Bismarck. Il avait une illusion, la France, et une désillusion, l'humanité, y compris les Français, sans parler de ses collègues ».
Créations et frustrations.
• Le deuxième paradoxe tient au fait que les vainqueurs veulent à la fois réorganiser l'Europe et châtier les vaincus. En témoignent les clauses signées le 28 juin 1919 dans la Galerie des glaces du château de Versailles - lieu de prestige, dont le choix rappelle la France rayonnante de Louis XIV et signifie l'effacement de l'humiliation de 1871, c'est-à-dire la proclamation, en ce même lieu, de l'Empire allemand.
Les cartes de l'Europe et du Proche-Orient sont totalement modifiées par le traité de Versailles et par les traités du Trianon, de Saint-Germain-en-Laye, de Sèvres et de Neuilly, qui complètent certains aspects particuliers : les quatre Empires, allemand, austro-hongrois, ottoman et russe, ont disparu, remplacés par une série d'États fragiles. La vaste Autriche-Hongrie a éclaté, ses anciens territoires formant tout ou partie de sept États, dont trois nouveau-nés : la Tchécoslovaquie, la Pologne et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (future Yougoslavie). Mais la fixation des nouvelles frontières ne peut tenir compte de la complexité immense des aspirations nationales : en fait, les négociateurs ont multiplié les minorités frustrées et les espoirs déçus, tout en croyant respecter le principe des nationalités.
La création de la Société des nations (SDN) devait permettre enfin aux États de réfléchir ensemble à un avenir de paix. Mais le pacte de la SDN constitue le préambule d'un traité d'une dureté inacceptable pour l'Allemagne qui, comme les autres pays vaincus, ne peut être membre de l'organisation internationale. Quant à la Russie, perçue comme un foyer menaçant de contagion révolutionnaire, elle est également exclue. Ni les vainqueurs ni les vaincus ne sont satisfaits ; les marchandages, les compromis, ont frustré la France, qui n'a pas obtenu toutes les garanties indispensables à ses yeux.