évêque de Laon (vers 947 - 1030).
Né dans une famille lorraine apparentée aux Carolingiens, Aldabéron est élevé à l'abbaye de Gorze, près de Metz, foyer de culture et d'ascétisme qui bénéficie du renouveau monastique du Xe siècle. Fidèle du roi carolingien Lothaire, il devient son chancelier, puis obtient de lui l'évêché de Laon, en 977. À la mort de Lothaire, en 986, il prend parti pour Hugues Capet : avec son oncle Aldalbéron, archevêque de Reims, il est l'un des promoteurs du changement dynastique de 987 en faveur des Capétiens. Mais il se dédit à plusieurs reprises, complote avec Eudes de Blois contre Hugues Capet, soutient le jeune Charles de Lorraine, puis livre ce dernier à Hugues en 991, ce qui mettra fin à la dynastie des Carolingiens. Cette versatilité lui a valu, auprès de ses contemporains et des chroniqueurs, une solide réputation de traître.
Après l'an mil, Adalbéron de Laon est définitivement rallié aux Capétiens et soutient Robert le Pieux, à qui il dédie, vers 1025, le Poème au roi Robert. Sous la forme d'un dialogue avec le roi, Adalbéron décrit l'état de décrépitude du royaume et s'en prend vivement à Odilon, abbé de Cluny, à qui il reproche de s'être placé sous la tutelle directe du pape, de commander à ses « abbayes filles » et de contribuer au désordre ambiant. Pour Adalbéron, la paix nécessite que chacun connaisse sa place, et il propose une partition de la société en ordres, déterminés par les différents modes de vie. C'est ainsi que, le premier, il distingue, en s'inspirant de saint Augustin, ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent. Les trois ordres ainsi définis - clergé, noblesse et tiers état - demeureront le fondement de la société française jusqu'à la Révolution.