Capétiens, (suite)
Un royaume à construire.
• Lorsque la couronne leur échoit, les Capétiens ne disposent que d'un pouvoir limité à la seule Île-de-France. Si le sacrement leur confère une légitimité, ils ne sont toutefois pas en mesure d'imposer leur autorité aux princes territoriaux. Après 1020, les grands du royaume cessent de fréquenter la cour, et l'entourage des souverains est désormaisréduit à la noblesse du domaine royal. Robert le Pieux (996/1031) peut encore mener une politique à l'échelle du royaume tout entier, mais ce n'est plus le cas de son fils Henri Ier (1031/1060), ni de son petit-fils Philippe Ier (1060/1108). Ce repli politique et géographique devient cependant un atout pour la royauté, qui trouve dans la noblesse du domaine une force de combat de première envergure, dévouée à son service. Cette aristocratie constitue également l'ossature d'un personnel de gouvernement très sûr et, le plus souvent, compétent. Au XIIe siècle, les rois acquièrent les moyens d'une politique offensive et parviennent à soumettre les petits seigneurs rebelles des environs de Paris : ainsi, pendant plusieurs années, Louis VI (1108/1137) s'attache à réduire les sires de Montlhéry. De cette difficile acquisition d'une base territoriale à la fois homogène et prospère naissent les conditions d'une expansion lente mais continue. Le règne de Philippe Auguste (1180/1223) en constitue le tournant.
Le renforcement des institutions.
• Face à la menace des rois d'Angleterre, également ducs de Normandie et comtes d'Anjou depuis le milieu du XIIe siècle, Philippe Auguste parvient, par la guerre et par une utilisation habile du droit féodal, à démanteler les possessions anglaises en France, restituant à la couronne l'essentiel des possessions des Plantagenêts : la Normandie et l'Anjou sont ainsi rattachés au domaine en 1203. En outre, la croisade des albigeois lui permet de s'emparer du comté de Toulouse et de revenir en force dans une France méridionale qui, depuis le Xe siècle, s'est tenue à l'écart du royaume. Enfin, la victoire de Bouvines en 1214 met un frein aux revendications impériales. Du règne de ce souverain date également la première ébauche d'un État par la spécialisation des fonctions à l'intérieur de la curia regis, et par l'émergence de véritables institutions. Ces progrès sont davantage perceptibles durant le règne de Saint Louis (1226/1270). Ce dernier s'emploie à réformer l'administration du domaine et à perfectionner les institutions judiciaires du royaume. Philippe III le Hardi (1270/1285) et, surtout, Philippe IV le Bel (1285/1314) perfectionnent encore les organes de gouvernement. L'entourage du roi est désormais composé d'un personnel bien formé aux disciplines du droit, et les légistes du roi de France, tels Guillaume de Nogaret ou Enguerran de Marigny, constituent l'un des atouts de sa puissance. Aucun des trois fils de Philippe IV le Bel - Louis X le Hutin, (1314/1316), Philippe V le Long (1316/1322), Charles IV le Bel (1322/1328) - n'ayant eu d'enfant mâle, la mort d'un roi de France entraîne, pour la première fois depuis le Xe siècle, une crise de succession : la lignée directe des Capétiens s'éteint. Commence alors le règne des Valois, branche issue du frère de Philippe IV, Charles de Valois. Il durera jusqu'à l'assassinat d'Henri III, en 1589.