Béarn (vicomté de),
principauté médiévale, située dans les Pyrénées entre le Pays basque et la Bigorre, apparue au début du IXe siècle, devenue souveraine au XIVe siècle et finalement intégrée au royaume en 1589, à l'occasion de l'accession au trône de France du dernier vicomte, Henri de Navarre.
Entre Aragon et Angleterre.
• La vicomté de Béarn est constituée en 819, autour des villes de Lescar et de Morlas, pour un fils cadet du duc de Gascogne. Du IXe au XIIIe siècle, les vicomtes acquièrent progressivement une véritable autonomie : la situation géographique (montagne), un fort particularisme culturel - notamment linguistique -, ainsi que les rivalités qui opposent les principales puissances voisines, favorisent leur entreprise. Du XIe au début du XIIIe siècle, la participation active du Béarn à la Reconquête chrétienne de la péninsule Ibérique place la vicomté sous l'influence croissante des rois d'Aragon, influence que les vicomtes s'efforcent d'équilibrer par des alliances avec la Gascogne ou le comté de Toulouse. La vicomté n'échappe toutefois définitivement à l'emprise aragonaise qu'à la suite de la défaite et de la mort du roi d'Aragon Pierre II, à Muret, en 1213, lors de la croisade des albigeois. En 1224, les Plantagenêts, ducs d'Aquitaine et rois d'Angleterre, établissent cependant leur suzeraineté sur le Béarn. Les vicomtes cherchent à conserver leur autonomie en tirant alors profit de la rivalité entre le roi d'Angleterre et le roi de France. Dans le même temps, ils entreprennent de renforcer la cohésion de leur domaine. La vicomté acquiert ainsi une véritable unité juridique grâce à l'obtention du For général, véritable charte des libertés béarnaises. Enfin, une succession de beaux mariages permet aux vicomtes d'accroître leur territoire en lui adjoignant de nombreux fiefs : la vicomté d'Oloron au XIe siècle, Gabardan au XIIe siècle, Marsan au XIIIe siècle. En 1290, le mariage de Marguerite, héritière de la vicomté, avec Roger-Bernard, comte de Foix, unit les domaines des deux maisons et consacre l'hégémonie béarnaise sur le Sud-Ouest pyrénéen, de Foix à Orthez.
De l'indépendance à l'intégration au royaume.
• Durant la seconde moitié du XIVe siècle, la vicomté devient une véritable principauté souveraine sous le règne de Gaston Phébus, qui, profitant de la guerre qui oppose la France à l'Angleterre, déclare tenir son pouvoir de Dieu seul et refuse de prêter hommage à l'un ou l'autre des souverains. Sa victoire sur le comte d'Armagnac à Launac, en décembre 1362, en fait le plus grand prince de la région. Il dote le Béarn d'une fiscalité permanente, réorganise l'armée et la justice, s'entoure d'une cour brillante. Son action est poursuivie au XVe siècle par les différents vicomtes et par l'assemblée des états de Béarn, qui réunit les grands vassaux et les représentants des villes. À la fin du XVe siècle, la vicomté (dont Pau devient la capitale) est une principauté prospère, à l'économie essentiellement rurale.
Cependant, une fois la guerre de Cent Ans terminée, les rois de France entreprennent de rétablir leur domination sur la région. Le roi Louis XI ordonne ainsi le mariage de l'héritière des maisons de Foix, Béarn et Navarre avec Jean d'Albret, rassemblant entre les mains de cette famille, plus proche de la cour et de la famille royale, les principaux fiefs méridionaux. Le mariage d'Henri d'Albret avec la sœur de François Ier, Marguerite, en 1527, renforce encore l'influence française. Marguerite de Navarre fait alors de la cour béarnaise un foyer littéraire et un haut lieu de l'évangélisme français. Le choix de la Réforme par sa fille Jeanne d'Albret, en 1560, ranime un moment le particularisme béarnais : plusieurs ordonnances ecclésiastiques feront d'ailleurs du calvinisme la religion officielle de la vicomté. Mais l'accession au trône de France, en 1589, du fils de Jeanne d'Albret, Henri de Navarre, sous le nom d'Henri IV, suivie, en 1620, de l'annexion de la vicomté au domaine royal et du rétablissement du catholicisme, sur l'ordre de Louis XIII, entraîne la fin de l'indépendance béarnaise. L'existence d'un parlement et des états de Béarn, ainsi que la perpétuation de certains privilèges fiscaux et linguistiques, constituent, sous l'Ancien Régime, les derniers vestiges du particularisme béarnais.
Beaufort (François de Bourbon-Vendôme, duc de),
homme de guerre (Paris 1616 - Candie, Crète, 1669).
Petit-fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées par son père, César de Vendôme, et apparenté à la famille ducale de Lorraine par sa mère, Beaufort témoigne tôt d'un esprit altier et impétueux. S'illustrant à la guerre dès 1630, il s'exile un temps en Angleterre pour avoir conspiré avec Cinq-Mars contre Richelieu. Rentré en France, il devient l'un des meneurs de la cabale des Importants contre Mazarin, et est emprisonné à Vincennes en septembre 1643. Il s'en évade en mai 1648, puis participe à la Fronde, dont il devient l'un des chefs de file. Hâbleur, violent (il tue en duel son beau-frère, le duc de Nemours), auréolé du prestige d'Henri IV, il flatte le peuple par son langage grossier, ce qui lui vaut le surnom de « roi des Halles ». Il épouse d'abord le parti du parlement, où s'illustre Retz, dont il devient le bras armé ; il passe ensuite dans le camp des princes, malgré sa rivalité avec Condé. Il ne se soumet à Louis XIV qu'en 1653. Commence alors pour lui une seconde carrière. Héritier de la charge paternelle de grand-maître de la navigation, il se fait marin, lutte contre la piraterie barbaresque (1664-1665), affronte les Hollandais en Méditerranée (1666-1668). Parti en Crète porter secours aux Vénitiens assiégés par les Turcs, il disparaît mystérieusement devant Candie en juin 1669.
Doué « de plus de vanité que de sens » (Retz), non dénué de bravoure, ce grand seigneur a incarné une forme brouillonne de résistance à l'absolutisme.
Beauharnais (Eugène de),
vice-roi d'Italie (Paris 1781 - Munich 1824).
Il est le fils de Joséphine et du vicomte Alexandre de Beauharnais, qui fut député à la Constituante, puis général, avant d'être guillotiné en 1794. Ses études sont interrompues par la Révolution, et, à l'âge de 13 ans, il suit Hoche en Vendée, grâce à l'intervention de sa mère, libérée de prison après le 9 Thermidor. Après le mariage de Joséphine avec Bonaparte (1796), il devient aide de camp du général, qu'il accompagne dans les campagnes d'Italie et d'Égypte. Dès lors, et jusqu'en 1814, une affection réciproque le lie à Napoléon, qu'il seconde docilement et qui fait de lui un grand dignitaire de l'Empire. Général de brigade en 1804, prince d'Empire et vice-roi d'Italie de 1805 à 1814, il est adopté par Napoléon en 1806, sous le nom d'Eugène Napoléon, et épouse la fille du roi de Bavière. En Italie, où il est peu populaire, il réorganise l'administration, mais son gouvernement demeure sous le strict contrôle de l'Empereur, à qui il obéit en tout, même au détriment des Italiens. Piètre chef de guerre, il se distingue pourtant pendant la campagne de Russie, parvenant, lors de la retraite, à ramener les rescapés de la Grande Armée à Lützen (Saxe) où, avec le soutien d'autres troupes, les Français remportent une victoire (mai 1813). En Italie, en 1814, il résiste jusqu'au bout à l'offensive des armées coalisées, mais, après l'abdication de Napoléon et le soulèvement de Milan en avril 1814, il se réfugie en Bavière, où il finit ses jours après avoir été fait duc de Leuchtenberg et prince d'Eichstätt (1817) par le roi Maximilien Ier.