Péronne (entrevue de),
rencontre diplomatique entre Louis XI et Charles le Téméraire, du 9 au 14 octobre 1468.
Après le traité d'Ancenis, signé le 10 septembre 1468 avec le duc de Bretagne, le roi de France espère qu'un accord du même type avec le duc de Bourgogne mettra un terme aux intrigues princières et apportera la paix dans le royaume. Muni du sauf-conduit que lui a délivré Charles le Téméraire, Louis XI s'installe au château de Péronne le 8 octobre. Les négociations commencent le lendemain. Mais le 11 octobre arrive la nouvelle que les habitants de Liège se sont révoltés contre le duc de Bourgogne. Le bruit court aussi que la rébellion est soutenue par Louis XI. Furieux, Charles le Téméraire fait immédiatement fermer les portes de Péronne, ce qui revient à retenir prisonnier le roi. Ses conseillers, parmi lesquels se trouve Commynes, réussissent néanmoins à le convaincre de ménager Louis XI. Surtout, ils le pressent d'obtenir une paix avantageuse. Le 14 octobre, le roi accepte les clauses du traité que lui présente le duc de Bourgogne. Louis XI confirme les accords passés en 1465, et notamment le traité de Conflans, consent à ce que la Flandre ne relève plus du ressort du parlement de Paris, cède au Téméraire de nouveaux revenus en Picardie, et promet de donner en apanage à son frère, Charles de France, allié du duc, la Brie et la Champagne. Enfin, il s'engage à participer à l'expédition punitive contre les Liégeois.
Perrin (Jean),
physicien (Lille 1870 - New York 1942).
Professeur à la faculté des sciences de Paris, Jean Perrin s'intéresse dès 1895 aux rayons cathodiques, puis aux rayons X. Il détermine ensuite de plusieurs façons le nombre d'Avogadro et prouve, par la même occasion, l'existence des atomes. En 1901, il compare l'atome à un système solaire en miniature, avec son étoile centrale (noyau) et ses planètes (électrons). En 1920, il associe l'énergie émise par le Soleil à la différence de masse entre l'hydrogène et l'hélium, expliquant ainsi l'origine de l'énergie thermonucléaire. Il contribue largement, avec Paul Langevin, à la création du Centre national de la recherche scientifique et du Palais de la découverte. Prix Nobel de physique en 1926, Jean Perrin est le père du physicien Francis Perrin qui participera à la mise au point d'une pile atomique avec Frédéric Joliot-Curie.
Perronet (Jean Rodolphe),
ingénieur et architecte (Suresnes 1708 - Paris 1794).
Fils d'un mercenaire suisse, il entre à 17 ans au service du contrôleur des bâtiments de la Ville de Paris, puis intègre le corps des Ponts et Chaussées. Sous-ingénieur dans la généralité d'Alençon (1735), puis ingénieur (1737) et ingénieur en chef (1746), il y crée un bureau de dessinateurs de plans et cartes dès 1742. Aussi, Trudaine l'appelle-t-il en 1747 à la tête du bureau cartographique parisien (établi en 1744). Il devient ainsi l'un des planificateurs de la politique routière, et organise un solide enseignement technique au sein de son service, peu à peu mué en École des ponts et chaussées d'où sortent 350 sous-ingénieurs de 1747 jusqu'à sa mort.
Ingénieur novateur, il conçoit des ponts aux piles amincies et à la courbure abaissée (il en construit treize à partir de 1765, sur la Seine - dont ceux de Neuilly et de la Concorde, à Paris -, sur l'Oise et sur la Marne), des équipements portuaires (Cherbourg, Le Havre, Saint-Domingue...) et des canaux (celui de Bourgogne, en 1776-1777 ; projet de canaux d'alimentation de Paris en eau potable). Architecte, il établit les plans de reconstruction de la cathédrale d'Alençon (incendiée en 1744) et ceux de la Manufacture de Sèvres (il s'est intéressé, dès 1739, à l'organisation du travail industriel). Inspecteur général des Ponts et Chaussées (1750), membre de l'Académie d'architecture (1757), inspecteur général des Salines (1757-1786), il est anobli et nommé premier architecte et premier ingénieur des Ponts et Chaussées (1763), et devient associé libre de l'Académie des sciences (1765). Sa carrière illustre l'ascension sociale des techniciens au service de l'État centralisateur.
Persigny (Jean Gilbert Victor Fialin, duc de),
homme politique (Saint-Germain-Lespinasse, Loire, 1808 - Nice 1872).
Après une brève carrière militaire dans la cavalerie (il est rayé des cadres pour s'être mutiné lors des événements de juillet 1830), ce fils de receveur des Finances se lance dans le journalisme. D'abord républicain, il se convertit au bonapartisme et devient le prophète du rétablissement de l'Empire. Il rencontre Louis Napoléon Bonaparte à Arenenberg, en 1835, et lui reste dès lors très attaché. Il est l'ordonnateur des complots de Strasbourg (1836) et de Boulogne (1840). Condamné à vingt ans de détention, il est emprisonné au fort de Doullens, mais libéré en 1848. Il organise la propagande bonapartiste qui conduit Louis Napoléon à l'Assemblée nationale, puis à l'Élysée.
Lui-même est élu député du Nord en 1849 et envoyé à deux reprises en Prusse en qualité de ministre plénipotentiaire, avant d'être associé de près à la préparation du coup d'État du 2 décembre 1851. Nommé ministre de l'Intérieur en janvier 1852, il instaure la candidature officielle aux élections de février, invente le système des avertissements administratifs pour la presse. Il orchestre les manifestations de liesse populaire lors du voyage du chef de l'État dans le Centre et le Midi, et triomphe ainsi des hésitations portant sur le rétablissement de l'Empire. Avec l'équipe saint-simonienne de l'entourage impérial, il joue un rôle important dans la politique des grands travaux et choisit Haussmann comme préfet de Paris, mais quitte le gouvernement en 1854 à la suite d'un différend avec Fould. L'année suivante, Napoléon III le nomme ambassadeur à Londres pour resserrer l'alliance avec l'Angleterre pendant la guerre de Crimée. En 1860, il retrouve le ministère de l'Intérieur, applique la nouvelle politique à l'égard des congrégations religieuses, combat les députés cléricaux.
Les premiers succès de l'opposition aux élections de 1863 mettent fin à sa carrière, l'empereur lui reprochant d'avoir mal choisi les candidats officiels. Persigny a en outre été victime de l'hostilité de l'impératrice Eugénie, dont il avait désapprouvé le mariage avec l'empereur. Retiré dans son domaine de Chamarande, il rédige ses Mémoires, et ressent douloureusement la chute de l'Empire en 1870.