Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
I

Inde française, (suite)

L'Inde française se rallie à la France libre dès 1940, et devient, en 1946, un territoire d'outre-mer, dont l'Union indienne, dès son indépendance, en août 1947, réclame l'incorporation à son propre territoire. En janvier 1949, les troupes indiennes occupent Chandernagor, et la France renonce officiellement à ses droits sur cette ville en février 1951. En septembre 1954, le gouvernement de Pierre Mendès France consent à la cession de facto des quatre autres comptoirs. Le traité de cession de jure est signé en mai 1956 et ratifié par le Parlement français en août 1962. Chef-lieu d'un territoire autonome, siège de diverses institutions françaises d'enseignement et de recherche, Pondichéry constitue un centre de rayonnement de la francophonie dans le sous-continent indien.

Indépendance américaine (guerre de l'),

guerre (1775-1783) à laquelle la France participe à partir de 1778, et qui aboutit à l'indépendance des États-Unis.

Dès la fin de la guerre de Sept Ans, en 1763, et la disparition de l'empire colonial français d'Amérique du Nord (traité de Paris), les esprits les plus clairvoyants estiment que la victoire anglaise ne peut manquer de susciter des tensions entre Londres et ses colonies américaines. À Paris, on suit avec attention le déroulement de la crise politique, qui se manifeste à partir de 1765 outre-Atlantique. Le début de la guerre ouverte en 1775 entre les insurgents américains et les troupes anglaises (affrontements de Lexington et de Bunker Hill, les 19 avril et 17 juin) convainc Vergennes, le ministre des Affaires étrangères de Louis XVI, de la nécessité d'intervenir secrètement. Il met en place un réseau d'aide aux insurgents, dans lequel le dramaturge Beaumarchais joue un rôle important. Dans le même temps, le ministre tente d'obtenir le concours de l'allié espagnol.

Le temps des volontaires.

• La politique de Vergennes est soutenue, en France, par l'opinion « éclairée », qui considère la cause américaine avec sympathie. Le mérite en revient en partie à Benjamin Franklin, arrivé à la fin de 1776 à Paris pour obtenir une aide plus conséquente de la part de la France. Franklin bénéficie d'une popularité exceptionnelle à la cour comme dans les salons parisiens. Sa simplicité calculée et ses propos philosophiques en font l'homme du jour. Au début de 1777, plusieurs jeunes officiers nobles s'engagent comme volontaires au service des insurgents. Le marquis de La Fayette devient l'un des chefs les plus populaires de l'armée américaine.

L'engagement de la France.

• C'est l'évolution de la situation sur le terrain qui va précipiter la décision d'intervention militaire. En effet, après les revers initiaux dus à l'inexpérience des insurgents, la victoire des Américains à Saratoga (17 octobre 1777) apporte la preuve que l'Angleterre peut être vaincue. Vergennes franchit le pas : un traité d'amitié et de commerce est signé le 6 février 1778. Le traité « d'alliance éventuelle » qui l'accompagne reconnaît la souveraineté des États-Unis et engage la France à défendre leur indépendance. La reconnaissance française entraîne celle de l'Espagne et des Provinces-Unies.

De 1778 à 1783, la guerre proprement dite se déroule en deux phases distinctes. Dans la première (1778-1779), les opérations, qui ne sont pas couronnées de succès, ont surtout lieu en Europe. La France et l'Espagne préparent un débarquement en Angleterre et mettent le siège devant Gibraltar, tandis qu'une flotte est envoyée en Amérique. La seconde phase (1780-1783) est marquée par un effort plus soutenu de la France, qui décide de dépêcher deux flottes - commandées par les comtes de Grasse et d'Estaing - et un corps expéditionnaire en Amérique du Nord - dirigé par Rochambeau -, tout en frappant l'Angleterre en Inde. Rochambeau débarque en juillet 1780, au moment où les hommes de Washington, découragés, piétinent. L'arrivée des Français renverse le rapport de force et enlève la maîtrise des mers aux Anglais. Les troupes franco-américaines assiègent alors l'armée de Cornwallis à Yorktown ; ce dernier se rend le 19 octobre 1781. L'Angleterre doit admettre sa défaite militaire. Le 3 septembre 1783, le traité de Paris, dit aussi « de Versailles », met fin au conflit : l'indépendance des États-Unis est reconnue, l'Espagne se fait restituer Minorque, la France obtient quelques compensations coloniales (Tobago, Sainte-Lucie, Saint-Pierre-et-Miquelon).

Le retentissement de l'événement.

• L'intervention a suscité diverses appréciations de la part des historiens. Pour les uns, elle n'est rien de plus qu'une tentative de la France de tirer parti des difficultés d'un ennemi. Pour les autres, le rôle de l'opinion éclairée aurait été déterminant dans la défense de la liberté américaine. Tout le monde s'accorde en revanche à reconnaître le rôle décisif de Vergennes. Paradoxalement, c'est en voulant défendre l'équilibre des puissances européennes - menacé selon lui par l'Angleterre - que ce conservateur se fait l'instrument de la victoire de la révolution américaine. Quoi qu'il en soit, l'idée d'une dette morale des États-Unis envers la France a perduré deux siècles : de Jefferson, qui soutenait la France révolutionnaire, jusqu'aux soldats américains du XXe siècle proclamant « La Fayette, nous voilà ! » en débarquant en Normandie, le souvenir de l'aide française reste vivace outre-Atlantique.

indiennes,

toiles de coton, peintes ou imprimées, fabriquées en Inde, et introduites en France par le port de Marseille vers 1575.

Elles séduisent d'abord une clientèle aisée, avide de produits exotiques, qui apprécie la commodité d'usage de ces étoffes plus légères et, surtout, plus chatoyantes que les habituelles draperies monochromes. À partir de 1664, les toiles sont importées par la Compagnie des Indes orientales créée par Colbert, puis imprimées dans les « indienneries » de Marseille et d'Orange. Face à cette concurrence nouvelle, les drapiers normands et les soyeux lyonnais obtiennent en 1686 un arrêt qui interdit d'importer les toiles peintes et d'imprimer les toiles blanches. La prohibition s'avère en fait assez laxiste au XVIIIe siècle, tant est forte la demande, et tant sont divisés les responsables gouvernementaux. Les toiles imprimées à Marseille, à la faveur de la franchise du port, entrent en contrebande. Certaines fabriques travaillent même à l'intérieur du royaume, expérimentant le nouveau procédé de teinture « à la réserve ». Un arrêt de 1752 déréglementant la teinture favorise une tolérance de plus en plus grande. Au terme d'une longue bataille politique, dite « querelle des toiles peintes », les libéraux obtiennent la levée des prohibitions en 1759. L'industrie française du coton peut alors rattraper son retard, grâce à des « indienneurs » habiles, tels Oberkampf, à Jouy-en-Josas, ou Wetter, à Orange.