roi de France de 1364 à 1380 (Vincennes 1338 - Beauté, aujourd'hui Nogent-sur-Marne, 1380), fils aîné de Jean II le Bon et de Bonne de Luxembourg
L'apprentissage politique
• . Charles, qui reçoit le Dauphiné en apanage, est le premier fils aîné de roi à porter le titre de dauphin. Depuis 1337, le royaume est en guerre avec l'Angleterre, et, en 1356, lors de la bataille de Poitiers, Jean le Bon est vaincu et capturé. En tant que lieutenant du roi, Charles doit rassembler l'argent nécessaire au paiement de la rançon. En 1356 et 1357, dans un contexte de défaillance du pouvoir royal et de crise économique et sociale, il doit obtenir le consentement des états généraux à la levée d'un impôt, et faire face à leurs prétentions politiques. En 1358, il est en outre confronté aux intrigues de Charles le Mauvais - roi de Navarre et comte d'Évreux, allié des Anglais -, à la rébellion parisienne menée par Étienne Marcel, et à la jacquerie des paysans d'Île-de-France. Prenant alors le titre de régent, Charles acquiert une plus grande légitimité et parvient, à force de manœuvres, à maîtriser la situation. En 1360, il réussit à s'imposer comme le principal négociateur de la paix avec l'Angleterre : le traité de Brétigny accorde aux Anglais près de la moitié du royaume, mais permet la libération de Jean le Bon moyennant une rançon raisonnable. Ces années difficiles ont aguerri le dauphin, et sont à l'origine de ses futurs choix politiques.
La restauration de la puissance royale
• . Charles, qui devient roi à la mort de son père, le 18 avril 1364, est sacré à Reims, le 17 mai. Il s'entoure de légistes issus de l'Église, de la petite noblesse ou de la haute bourgeoisie d'affaires, tels Guillaume de Melun, Bureau de La Rivière ou Nicole Oresme. Mais il sait aussi s'appuyer sur ses frères, qui, à la tête de leurs apanages en Bourgogne, en Berry et en Anjou, assurent de solides relais régionaux au pouvoir royal.
En premier lieu, Charles V entreprend d'assainir les finances. La stabilité monétaire et la fiscalité indirecte, instituées par l'ordonnance de Compiègne (1360), sont maintenues, et l'impôt direct (fouage), concédé par les états en 1363, fait l'objet de levées régulières. Ensuite, Charles V s'attache à pacifier le royaume. En 1364, la victoire de Bertrand du Guesclin sur Charles de Navarre, à Cocherel, contraint ce dernier à se retirer sur ses terres. En 1367, une ordonnance de mise en défense du royaume entraîne la réfection de très nombreuses enceintes urbaines et castrales, et la généralisation d'une défense locale. Le roi s'efforce, par ailleurs, de débarrasser le royaume des compagnies de routiers en les envoyant combattre en Castille (1366-1367). En outre, il se donne les moyens de contrôler sa capitale : il agrandit le Louvre, fait construire la Bastille, et dote la rive droite d'une nouvelle enceinte. Enfin, il essaie de rompre l'isolement diplomatique du royaume. Il bénéficie de la bienveillance de son oncle, l'empereur Charles IV de Luxembourg, et du soutien de la papauté avignonnaise. Il obtient l'alliance castillane d'Henri de Trastamare et la neutralité de la Bretagne.
L'ensemble de sa politique est mis au service de la reconquête du royaume. Les efforts financiers permettent la constitution d'une petite armée permanente, rationnellement organisée en compagnies d'armes en 1373 et 1374. La guerre, qui reprend dès 1368, est conduite par Bertrand du Guesclin, nommé connétable en 1370. Évitant les batailles rangées, ce dernier mène une guerre de harcèlement couronnée de succès : à la mort du roi, en 1380, les Anglais ne contrôlent plus qu'une partie de la Guyenne, Calais et Cherbourg.