La chevalerie, née au XIe siècle, est d'abord un groupe socio-professionnel : celui des guerriers d'élite au service des princes et des seigneurs qui les recrutent et les dirigent. Au cours du XIIe siècle, elle « s'aristocratise » et se pare d'une éthique mêlant des traits militaires, sociaux, moraux et religieux.
La littérature s'empare du thème et consacre le chevalier comme le héros principal des épopées et des romans. La chevalerie y est idéalisée et acquiert alors une dimension mythique, tandis que son rôle militaire réel décline. Aux XIIIe et XIVe siècles, elle se ferme en une caste ; les tournois, les rites et les fastes accentuent son caractère aristocratique et élitiste, qui perdure, bien au-delà du Moyen Âge, dans le cadre des ordres laïcs de chevalerie.
Les origines de la chevalerie
Elles sont d'ordre professionnel. Avant l'an mil, les termes latins milites et militia (traduits plus tard par « chevalier » et « chevalerie ») désignent essentiellement les soldats et le service public armé. Au cours du XIe siècle, on tend à réserver ces dénominations à une catégorie particulière de guerriers : ceux qui, munis d'armes défensives et offensives, combattent à cheval lors des guerres dites « féodales », puis participent aux tournois. L'armement défensif comprend l'écu (ou targe, ou bouclier) en bois recouvert de cuir et, surtout, le haubert (ou brogne), tunique de mailles de fer couvrant le corps depuis les épaules jusqu'aux genoux, sur lequel vient se lacer la coiffe de mailles, couvrant la tête et le cou, puis le heaume, casque oblong, qui se ferme à la fin du XIIe ou au XIIIe siècle. Les armes offensives sont l'épée et, surtout, la lance, de plus en plus longue et lourde, arme de prédilection des chevaliers. Certes, il existait une cavalerie bien avant le XIe siècle, mais elle s'avérait peu efficace. En l'absence d'une technique guerrière propre, elle n'était, en effet, guère plus qu'une infanterie montée, voire transportée à cheval sur le champ de bataille pour y combattre à pied. Ces soldats montés utilisaient la lance de la même manière que les piétons : ils la jetaient comme un javelot, ou la maniaient comme une pique. Cependant, vers le milieu du XIe siècle apparaît, née peut-être en Normandie, une méthode de combat qui va transformer la cavalerie en chevalerie. Il s'agit d'un nouvel usage de la lance, désormais calée sous le bras en position horizontale fixe dès le début de la charge collective et compacte, destinée à disloquer les lignes adverses. La main du chevalier ne sert plus à frapper mais seulement à diriger la pointe vers l'adversaire à abattre. La puissance du coup ne dépend plus de la force du bras, mais de la vitesse et de la cohésion du « projectile » que constitue l'ensemble formé par la lance, le cheval et le chevalier. Cette nouvelle escrime du combat à cheval se généralise au XIIe siècle, et caractérise définitivement la chevalerie. Elle exige un entraînement assidu des hommes et des chevaux, et une consolidation des armes défensives ; la cotte de mailles est remplacée par la cuirasse articulée, formée de parties métalliques rigides et épaisses (XIVe siècle). Le coût de plus en plus onéreux de l'équipement limite le nombre des chevaliers, dont le caractère élitiste se renforce non plus sur le seul plan professionnel mais aussi sur le plan social.