Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Clovis Ier, (suite)

Ainsi, Clovis ne se contente-t-il pas de conquérir et de pacifier les trois quarts de la Gaule avec l'aide de ses guerriers barbares et des évêques gallo-romains. Premier roi chrétien, il utilise son onction baptismale, sa victoire sur l'hérétique, sa promotion au consulat et l'élévation de son mausolée ad sanctos (auprès des saintes reliques) comme autant de sources d'une légitimité nouvelle qui le consacrerait comme l'héritier des empereurs chrétiens. De ce point de vue, il annonce les premiers Pippinides, singulièrement Charlemagne, qui ne s'y trompa pas, puisqu'il donna à l'un de ses fils légitimes le nom, inédit dans sa tradition lignagère, de Hludowic (Clovis, c'est-à-dire Louis), cherchant ainsi non seulement à légitimer l'autorité royale fraîchement acquise par son père aux dépens des derniers descendants de Clovis, mais aussi à reconnaître la dette contractée à l'égard du prestigieux fondateur.

Clovis II,

roi des Francs de Neustrie et de Bourgogne de 638 ou 639 à 657 (633 ou 634 - 657).

Second fils de Dagobert Ier, Clovis II est reconnu roi de Neustrie et de Bourgogne à la mort de son père, alors que son demi-frère Sigebert conserve l'Austrasie qui lui avait été confiée dès 634. Il est âgé seulement de 4 ou 5 ans, aussi la régence est-elle assurée par sa mère Nanthilde et, surtout, par le maire du palais, Aega, qui exerçait déjà cette charge sous Dagobert. À la mort d'Aega, en 641, la mairie du palais passe à Erchinoald, un Franc apparenté à la famille royale. Ainsi, en Neustrie comme en Austrasie, le royaume est désormais aux mains des grandes familles de l'aristocratie, qui détiennent la charge de maire du palais. Cependant, c'est en Bourgogne que surgissent les principales difficultés : en 642, la reine Nanthilde et Erchinoald réunissent, à Orléans, l'aristocratie de Bourgogne, et proclament Flaochad, un Franc originaire de la région de Dijon, maire du palais de Bourgogne. Considérant qu'ils ont ainsi outrepassé leurs pouvoirs, une partie des grands de Bourgogne, groupée autour de Patrice Willebad - qui contrôle la région située entre Lyon et Valence -, entre en rébellion ouverte contre Flaochad. On assiste alors, en Bourgogne, à la montée du pouvoir et des prétentions de l'aristocratie, dont les membres les plus puissants briguent le contrôle d'un territoire érigé peu à peu en principauté indépendante. Même si l'on peut qualifier cette lutte d'« autonomiste » par rapport à un pouvoir « central » représenté par la cour du roi franc de Neustrie, il ne s'agit pas du tout d'une lutte « nationale » de l'aristocratie de Bourgogne contre le pouvoir « étranger » des Francs, puisque cette aristocratie a perdu tout caractère ethnique, par le jeu des mariages mixtes, depuis plusieurs générations. En 648 ou 649, Clovis II atteint l'âge de la majorité, et épouse Bathilde, une esclave anglo-saxonne qui appartenait à Erchinoald : sans doute le maire du palais espérait-il ainsi conserver une grande influence sur le jeune roi. Clovis II et, après sa mort, Bathilde sont surtout célèbres pour avoir accordé leur soutien aux fondations monastiques, qui connaissent un grand essor depuis le début du VIIe siècle, grâce à la mission de saint Colomban. Décédé à l'âge de 23 ans, Clovis II laisse son royaume à trois héritiers, au nom desquels Bathilde et le nouveau maire du palais, Ébroïn, exerceront la régence.

Club monarchique,

club royaliste fondé par le comte Stanislas de Clermont-Tonnerre ; rival du Club des jacobins pendant la Révolution (octobre 1790-avril 1791).

Succédant à l'éphémère Club des impartiaux, le Club des amis de la Constitution monarchique - ou Club monarchique - réunit les membre de l'ancien parti monarchien qui n'ont pas émigré, tels Malouet ou Fontanes, rédacteur du journal de cette société, et les royalistes intransigeants (les « noirs »), tels Foucauld ou Lévis-Mirepoix, dont il adopte les principes. Prônant un pouvoir royal fort et invoquant la loi et la liberté d'opinion, il se veut le défenseur de l'ordre contre l'anarchie révolutionnaire. Organisé sur le modèle jacobin, qu'il souhaite concurrencer, le club implante en province un réseau de sociétés affiliées : sociétés des amis de la paix, de l'ordre, de la religion ou du roi, particulièrement nombreuses dans le sud de la France, où elles entrent bientôt en conflit avec les jacobins, et sont progressivement interdites par les autorités locales à partir de l'hiver 1790-1791, parfois au terme de véritables batailles. À Paris, le club diffuse des pamphlets hostiles à la Constituante, organise des distributions de pain ou de vêtements, et est le théâtre de violents incidents, tandis que ses rivaux patriotes dénoncent sa démagogie et ses manœuvres factieuses. À la suite d'une grave émeute populaire (28 mars 1791), la municipalité le fait fermer. Première victoire des jacobins pour asseoir leur suprématie, la disparition du Club monarchique affaiblit considérablement l'opposition légale royaliste, qui, dès lors, est politiquement isolée.

clubs révolutionnaires,

lieux d'expression de la sociabilité politique révolutionnaire, établie sur le principe de l'égalité sociale et politique.

Naissance d'une opinion publique politique

• . Délibérer avec ses concitoyens pour fonder son opinion - que l'on soit ou non député -, exprimer et diffuser cette opinion via de multiples canaux - adresses et députations à l'Assemblée, presse, manifestations en ville -, organiser la surveillance révolutionnaire des représentants de la nation, et, ainsi, exercer quotidiennement sa puissance souveraine : telle est cette sociabilité spécifique qui permet de répondre aux nouvelles exigences du citoyen. Même si les clubs les plus connus et les plus importants sont ceux des jacobins et des cordeliers, l'efflorescence de la parole publique s'affirme à travers le nom des sociétés politiques : Société des amis des Noirs, Amis de la Constitution, Club des femmes républicaines, Club helvétique, etc.

On a souvent considéré que le club breton des députés du Tiers de Bretagne était à l'origine de cette nouvelle forme de sociabilité politique ; mais il ne visait qu'à préparer les travaux des États généraux, afin d'appuyer conjointement deux revendications de la nation (le vote par tête, la délibération en commun) et des exigences locales (la conservation des franchises et droits provinciaux), et n'était pas en rupture avec l'ordre des corps sociaux d'Ancien Régime. Or, la sociabilité des clubs révolutionnaires est moins fondée sur la solidarité organique de la communauté d'intérêts ou d'origine que sur le partage de valeurs politiques et sur leur traduction dans l'exercice de la souveraineté. L'émergence des clubs consacre ainsi la politisation des cercles littéraires et de la franc-maçonnerie prérévolutionnaire, qui avaient déjà opéré la rupture idéologique fondamentale en affirmant, contre la société d'ordres, les principes de la volonté commune et de l'égalité sociale.