Roussillon,
territoire compris entre les Pyrénées et la Méditerranée, dont le centre vital est Perpignan - la Ruscino antique. Ancienne province, il forme aujourd'hui le département des Pyrénées-Orientales.
Zone de passage, le Roussillon a subi diverses dominations (Romains, Vandales, Alains, Suèves, Wisigoths, Sarrasins), avant de passer sous celle des Carolingiens : Pépin le Bref s'empare de Narbonne en 759, puis Charlemagne organise la marche d'Espagne en s'appuyant sur le pouvoir des comtes. Le temps est aussi à la construction de grandes abbayes, telles que Saint-Michel de Cuxa et Saint-Martin du Canigou (883-900).
En 1172, Alphonse II d'Aragon hérite du dernier des comtes le Roussillon, sur lequel Saint Louis abandonne ses droits en 1258. Puis Jacques le Conquérant, comte de Barcelone, roi d'Aragon, unit les comtés de Roussillon et de Cerdagne aux Baléares, à la vicomté d'Aumelas et au territoire de Montpellier pour former au profit de son frère le royaume de Majorque, indépendant de 1276 à 1344. Perpignan s'enrichit, à cette époque, de prestigieux édifices : la cathédrale (1324), le palais des rois de Majorque, la forteresse du Castillet (1368), ou encore la Loge de mer, destinée à servir de Bourse (1397). En 1463, Louis XI annexe la ville et, douze ans plus tard, Jean d'Aragon lui cède le comté contre son soutien. Des Français s'y installent, attirés par le développement agropastoral, le textile, les mines, les voies de communication. Mais, en 1493, Charles VIII rend le comté aux Rois Catholiques.
C'est seulement au XVIIe siècle que la France rétablit sa domination : en 1640, profitant de la guerre franco-espagnole (1635-1659), les Catalans, révoltés contre la Castille, offrent la couronne comtale à Louis XIII, qui prend Perpignan et Salses en 1642. Au traité des Pyrénées (1659), Louis XIV obtient définitivement le Roussillon et la Cerdagne puis, à la conférence de Céret (1660), la frontière franco-espagnole est plus ou moins fixée. Mais, à Villefranche, un complot est organisé en 1674 pour rendre le Roussillon à l'Espagne. En Vallespir, une guerre civile éclate (1666-1674). Louis XIV envoie alors Vauban fortifier plusieurs places et s'attache au développement de Perpignan : gouvernement militaire, intendance, conseil souverain (1660) ; évêché ; fonderie de canons (1666). Dès 1682, pour accéder aux professions libérales, l'usage du français devient obligatoire et, par un édit de 1700, il remplace le latin et le catalan. Les Catalans s'assimilent mais, jusqu'à aujourd'hui, ils conservent leur langue, et certains pensent que « le peuple du Roussillon se nomme et s'estime catalan et regarderait comme une dégradation ou une injure le nom de Français ou de Catalan français » (comte de Boulainvilliers).
Rouvier (Maurice),
homme politique (Aix-en-Provence 1842 - Neuilly 1911).
Venu du monde de la banque, cet ami de Gambetta devient parlementaire, député des Bouches-du-Rhône de 1871à 1885, puis des Alpes-Maritimes jusqu'à 1903, avant d'être sénateur de ce département jusqu'à sa mort. Il entre comme ministre du Commerce et des Colonies dans le « grand ministère » constitué par Gambetta en novembre 1881, mais qui ne dure que deux mois. Jules Ferry lui confie le même portefeuille (octobre 1884-mars 1885). En 1887, cumulant les fonctions de ministre des Finances et de président du Conseil, Rouvier dirige le premier gouvernement républicain, bénéficiant de la neutralité des droites, dont il entend ne pas dépendre pour sa majorité mais qu'il incite au ralliement. Il n'échoue qu'à cause de la démission du président de la République Jules Grévy après la révélation du scandale des décorations. De nouveau ministre des Finances de février 1889 à décembre 1892, dans les gouvernements Tirard, Freycinet, Loubet et Ribot, il pratique une politique « orthodoxe », limitant les dépenses publiques. Lors du scandale de Panamá, il admet avoir reçu des subsides d'amis banquiers pour financer la lutte contre le boulangisme : il doit donc interrompre sa carrière ministérielle. En juin 1902, Émile Combes le rappelle aux Finances pour rassurer les possédants. Il enterre alors les projets d'impôt sur le revenu, puis succède à Combes à la tête du gouvernement en janvier 1905. Cette désignation concrétise un reclassement au centre et préfigure la dislocation du Bloc des gauches. Il désavoue son ministre des Affaires étrangères Théophile Delcassé, partisan de la fermeté à l'égard de l'Allemagne après le discours de Tanger de l'empereur Guillaume II (31 mars 1905), et prépare la conférence d'Algésiras pour régler le différend franco-allemand à propos du Maroc. Il gracie les ligueurs condamnés sous le gouvernement Waldeck-Rousseau, refuse d'accorder aux ouvriers de l'État le droit de se syndiquer, et se désintéresse de la loi de séparation des Églises et de l'État, qui est néanmoins votée en décembre 1905 grâce à l'action de son rapporteur Aristide Briand. L'inventaire des biens cultuels, prescrit par la loi de séparation, vaut à Rouvier des interpellations par les députés de droite. Cette crise, qui le fait tomber en mars 1906, clôt la carrière ministérielle de ce parfait exemple de modérantisme républicain et de fusion entre politique et intérêts financiers.
Roux (Jacques),
homme politique (Pranzac, Charente, 1752 - Bicêtre, près de Paris, 1794).
Prêtre depuis 1779, il prononce dès 1789 des sermons enthousiastes en faveur des vainqueurs de la Bastille et des paysans révoltés, puis approuve la nationalisation des biens du clergé. Accusé d'avoir fomenté des émeutes dans son village et dans les paroisses voisines, il est révoqué en avril 1790. Il rejoint alors Paris, fréquente le Club des cordeliers, prête serment à la Constitution civile du clergé, est nommé vicaire à Saint-Nicolas-des-Champs, dans le quartier populaire des Gravilliers. Proche de Marat en 1792, il se distingue par des discours prononcés dans plusieurs églises, où il réclame des mesures radicales contre les « ennemis de la patrie » et les fonctionnaires modérés, notamment la peine de mort pour les accapareurs et les spéculateurs. Il devient alors le meneur des « enragés » parisiens.