prostitution. (suite)
Toute la période classique condamne ouvertement la prostitution. L'État chasse les filles de « mauvaise vie », après avoir imprimé dans leurs chairs, au fouet ou au fer rouge, les marques de l'infamie. La prostitution ne disparaît pas pour autant, se cachant dans les étuves ou s'étalant dans certains quartiers : les courtisanes n'ont jamais quitté les salons ou les bals fréquentés par les grands hommes de chaque époque et, au début du XXe siècle encore, il existe, en France comme ailleurs, de nombreuses maisons closes privées où les prostituées sont sous surveillance médicale. Certains de ces établissements ont une réputation presque « irréprochable », tel Le Chabanais, dans le IIe arrondissement de Paris, connu depuis 1820 ; d'autres sont connus pour les mauvais traitements que les patrons infligent aux pensionnaires. Aussi, en 1945, Marthe Richard, conseillère de Paris, dépose un projet de loi devant son conseil municipal pour la fermeture des maisons closes de la capitale ; tout d'abord fermées pendant trois mois, celles-ci le sont définitivement à partir d'avril 1946, date à laquelle la loi Marthe-Richard est votée à l'Assemblée et étendue à toute la France. On assiste alors à la fermeture d'environ 1 400 établissements, dont 180 à Paris. Beaucoup de tenanciers deviennent propriétaires d'hôtels de passe, tandis que les prostituées redescendent dans la rue et les bars. Des œuvres, comme celle du Père Talvas, fondée en 1937, reçoivent des « repenties ». Depuis, du fait de la recrudescence des maladies sexuellement transmissibles (sida) et de la toxicomanie, l'idée d'une réouverture des maisons closes a été évoquée à plusieurs reprises : en 1990, Michèle Barzach, ancien ministre de la Santé, soutenue par Bernard Kouchner, a fait une proposition dans ce sens afin de mieux contrôler l'état de santé des prostituées et d'encourager le port du préservatif. En 1992, on a interdit les promenades nocturnes dans les allées du bois de Boulogne, fréquentées, depuis une trentaine d'années, par des prostituées et des travestis.
Si la prostitution est une activité libre aux revenus imposables par le fisc, son organisation est, elle, sévèrement punie (de six mois à dix ans d'emprisonnement). La répression du proxénétisme est effectivement organisée depuis 1960 et les souteneurs, autrefois appelés « ruffians » et « impunis », sont considérés comme exploitants d'esclaves : pour l'ONU et dans le droit français, la prostitution figure encore parmi les formes persistantes de l'esclavage. Il y aurait en France entre 15 000 et 30 000 prostituées professionnelles, dont une sur cent quitte chaque année le métier et entreprend une démarche de réinsertion.