Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Charles VIII, (suite)

De retour en France, Charles VIII, malgré les difficultés financières et les divergences d'opinion entre ses conseillers, entend d'abord préparer une nouvelle expédition contre Naples. Cependant, influencé par François de Paule, il semble accorder une grande place, surtout après la mort du dauphin, à des questions d'ordre plus spirituel, telle la réforme des mœurs de la cour et du clergé. Le 7 avril 1498, le roi meurt prématurément, sans avoir revu l'Italie : la ligne directe de la dynastie des Valois s'éteint, et c'est son cousin le duc d'Orléans qui monte sur le trône sous le nom de Louis XII.

Charles IX,

roi de France de 1560 à 1574 (Saint-Germain-en-Laye 1550 - Vincennes 1574).

Charles Maximilien est le cinquième enfant d'Henri II et de Catherine de Médicis. Des conditions de son éducation on sait assez peu, sinon qu'en 1557 il reçoit en tant que précepteur l'humaniste Jacques Amyot. Le 5 décembre 1560, il monte sur le trône, succédant à son frère François II, et règne bientôt sous la régence de sa mère.

Une minorité difficile.

• Le 15 mai 1561, Charles IX est sacré à Reims, dans un contexte de crise religieuse. C'est lui qui ouvre le colloque de Poissy, puis il préside le Conseil qui décide de promulguer l'édit de janvier 1562 accordant aux huguenots la liberté de culte. Il semble déjà défendre une ligne politique favorable à la convocation d'un concile national destiné à régler les différends religieux. Tout indique pourtant qu'il subit, avec sa mère, l'enchaînement historique déclenché par le massacre de Wassy (1er mars 1562), et le glissement vers la guerre civile : parce que le roi est rentré dans Paris, les huguenots dénoncent son emprisonnement par les triumvirs catholiques, qui, selon la rumeur, auraient menacé de le destituer au profit de son frère cadet. Il n'en est pas moins vrai que, face au soulèvement protestant, Charles IX participe directement aux engagements de l'armée royale : il vient en personne mettre le siège devant les villes de Bourges et de Rouen. Roi guerrier, il joue, semble-t-il, un faible rôle politique. Celui-ci ne croît qu'à la suite de deux initiatives de sa mère : la proclamation anticipée de la majorité royale (17 août 1563) ; un grand voyage qui entraîne la cour sur les routes, de janvier 1564 à mai 1566, Charles IX cherchant alors, par l'établissement de relations personnelles avec les élites locales, à consolider la cohabitation religieuse.

Une nouvelle idéologie monarchique.

• Au roi guerrier de la première Renaissance se substitue le roi réformateur (ordonnance de Moulins concernant la réforme judiciaire), rhéteur, poète, chasseur, joueur, écrivain et organisateur de grandes fêtes. Mais Charles IX se heurte à un deuxième soulèvement huguenot (« surprise de Meaux », 27-29 septembre 1567). Il laisse alors le commandement de l'armée royale à son frère, le duc d'Anjou. Après une brève trêve, la troisième guerre de Religion (août 1568-août 1570) paraît faire opter le roi pour une éradication de la Réforme. Ce choix rencontre un certain succès, grâce aux victoires du duc d'Anjou (à Jarnac et à Moncontour), qui consacrent l'abandon par le souverain de ses prérogatives guerrières. L'idéologie néoplatonicienne dans laquelle Charles IX a été éduqué, qui élève le monarque au rang de roi-philosophe, roi initié, possédant toutes les sciences, et accédant aux « mystères de l'Univers, afin de restaurer l'harmonie du monde humain », serait à l'origine de cette mutation. Dans cette optique peuvent être interprétés la création de l'Académie et compagnie de poésie et musique (1570), ainsi que le mariage avec Élisabeth d'Autriche, qui participe du mythe de la monarchie universelle. La volonté royale de faire cohabiter les factions politico-religieuses est alors réactualisée, et s'exprime dans une collaboration entre Charles IX et sa mère. Ils réussissent à attirer de nouveau à la cour les grands seigneurs catholiques et huguenots, et négocient le mariage de Marguerite de Valois, sœur du roi, avec Henri de Navarre (18 août 1572).

Le roi de la Saint-Barthélemy.

• À partir de septembre 1571, Charles IX semble donner son aval à un projet de soutien aux calvinistes des Pays-Bas. Toutefois, à l'issue d'opérations militaires catastrophiques menées par des gentilshommes huguenots, le Conseil se prononce contre une intervention française, au début du mois d'août 1572. C'est dans ce contexte, six jours après le mariage de la sœur du roi, que se déroule le massacre de la Saint-Barthélemy. Le rôle qu'y a joué Charles IX fait l'objet de débats. Le roi a-t-il été victime d'un coup de force militaire organisé par la maison de Guise au profit de l'Espagne ? A-t-il été l'acteur d'un crime politique visant, dans un contexte de déstabilisation de sa politique de concorde, à éliminer un certain nombre de capitaines huguenots, dont Coligny ? Le débordement ultracatholique et les centaines ou milliers de morts qui s'ensuivirent auraient contraint Charles IX à assumer publiquement la responsabilité du massacre au cours d'un lit de justice.

Une brève fin de règne.

• C'est un monarque politiquement affaibli qui doit, à partir de l'automne 1572, affronter une situation difficile : résistance protestante dans l'Ouest et le Midi, puis formation, à la fin de 1573, derrière le duc d'Alençon, son frère, d'un « parti des malcontents » qui envisage une alliance avec les huguenots. Malade depuis 1573, cible de plusieurs conjurations émanant de proches de son frère, Charles IX meurt de la tuberculose en 1574, ne laissant qu'une fille légitime, Marie Élisabeth, et un fils bâtard, Charles, duc d'Angoulême. Personnage secret, il n'est sans doute pas le roi que la légende noire nous présente comme hystérique et faible.

Charles X,

roi de France de 1824 à 1830 (Versailles 1757 - Görz, aujourd'hui Gorizia, Frioul, 1836).

Le dernier prince de la branche aînée des Bourbons à monter sur le trône de France et à se faire sacrer à Reims n'était nullement destiné à régner. Petit-fils de Louis XV, fils puîné du dauphin et de Marie-Josèphe de Saxe, marié en 1773 à Marie-Thérèse de Savoie (qui lui donnera deux fils, les ducs d'Angoulême et de Berry), Charles, comte d'Artois, occupe, lors de l'accession de son frère Louis XVI au trône de France, en 1774, le deuxième rang dans la ligne successorale, derrière son frère Louis, comte de Provence. Brillant et portant beau, le comte d'Artois mène, à la cour de Versailles, jusqu'à la Révolution, une existence futile. Il appartient au cercle des intimes de la reine Marie-Antoinette, chasse, et multiplie les maîtresses.