courant du catholicisme dont le nom dérive de celui de Cornelius Jansen (1585-1638), évêque d'Ypres, auteur de l'Augustinus, ouvrage posthume édité en 1640 pour répondre - à l'aide des positions de saint Augustin - aux interprétations théologiques des jésuites concernant la grâce et la prédestination.
Pour Jansen, la « grâce efficace », qui assure le salut, est accordée par Dieu à ceux qu'il a prédestinés et qui sont infailliblement voués au bien. Aux yeux des jésuites, les définitions augustiniennes de la grâce et de la prédestination ressemblent trop au protestantisme. Le concile de Trente a en effet refusé un augustinisme trop rigide et, dès 1567, le pape Pie V, bien que rigoriste, a condamné Baïus, professeur de théologie à Louvain, pour sa doctrine sur la grâce. Cette condamnation a permis au jésuite espagnol Molina de développer une théologie selon laquelle la « grâce suffisante » est offerte par Dieu à tous les hommes, qui sont libres de l'accepter pour en faire une « grâce efficace » (1588). Cette thèse provoque un tollé parmi les tenants de l'augustinisme et du thomisme (tels les dominicains). Dans un premier temps, la papauté semble vouloir en discuter le bien-fondé, puis, devant la violence des affrontements, Paul V (1605/1621) ordonne de ne rien publier en ces matières. Les Français, engagés dans les guerres civiles, se sont peu intéressés au débat, pensant, comme François de Sales, qu'il vaut mieux faire un bon usage de la grâce que d'en disputer.
Une branche du mouvement dévot.
• Au début du XVIIe siècle, deux amis, Cornelius Jansen, dit Jansénius, et Jean Duvergier de Hauranne, futur abbé de Saint-Cyran et futur secrétaire de Bérulle, étudient l'œuvre de saint Augustin dans la perspective d'une controverse avec les calvinistes. Bérulle lui-même, fondateur de la congrégation de l'Oratoire, un ordre en concurrence directe avec les Jésuites, est alors le principal représentant du parti dévot, le défenseur d'une politique de réforme catholique. Saint-Cyran devient le plus célèbre directeur de conscience de Paris. Il a en charge les moniales cisterciennes de Port-Royal et nombre de parlementaires dévots, opposés à la politique d'alliance de Richelieu avec les protestants d'Allemagne contre la catholique Espagne dans la guerre de Trente Ans. Le premier jansénisme s'inscrit donc dans un débat politique, et non strictement théologique. En 1637, le brillant avocat Antoine Lemaistre (1608-1658), neveu de la Mère Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal, se « retire » du monde et devient le premier des « solitaires », dévots laïcs soucieux de perfectionner leur âme dans la retraite et la pénitence. Richelieu, au contraire, souhaite mettre les forces catholiques au service de la monarchie et de la France, et décide de briser ce groupe d'opposition naissant. Il fait arrêter Saint-Cyran. Dans sa prison, celui-ci forme Antoine Arnauld (1612-1694). Ce jeune frère de la Mère Angélique Arnauld va devenir le meilleur théologien du jansénisme.