parti politique constitué lors du congrès d'unification des forces socialistes tenu à Paris, salle du Globe, du 23 au 25 avril 1905.
De l'unité à la scission.
• Les socialistes français étaient jusqu'alors divisés en formations rivales, malgré plusieurs tentatives d'unification. Sous la pression de l'Internationale et d'une base ouvrière désireuse d'unité, les diverses tendances se regroupent en un seul parti, ne laissant à l'écart que les plus modérés.
À l'origine, la SFIO est une organisation peu bureaucratique, à la discipline assez lâche, et qui compte peu d'adhérents. Avant la Première Guerre mondiale, leur nombre passe cependant de 35 000 à plus de 90 000, et celui des députés de 50 à plus de 100 (ce qui, en 1914, représente environ 17 % des suffrages). Le parti dispose d'un organe officiel, le Socialiste, mais contrôle néanmoins, à partir de 1906, l'Humanité, demeurée le journal de Jaurès. Il est dirigé par une commission administrative permanente (CAP) et géré par un conseil national, qui tient des congrès annuels dans lesquels se décident les grandes orientations politiques. Ce type d'organisation restera à peu près stable jusqu'à la disparition de la SFIO, en 1969.
La Première Guerre mondiale et la révolution bolchevique provoquent de graves dissensions au sein du jeune parti : une minorité pacifiste se dessine ; en décembre 1920, le congrès de Tours met fin à l'unité des socialistes, en raison de leur désaccord sur l'adhésion à la IIIe Internationale. Mais la minorité hostile à un ralliement à cet organisme de type bolchevique (le quart des congressistes) conserve la maîtrise de l'appareil de la SFIO (la « vieille maison », selon les termes de Léon Blum).
L'évolution vers un parti de gouvernement.
• Il faut alors reconstituer toute l'organisation. Les communistes ont repris l'Humanité, tandis que le Populaire devient le journal de la SFIO. En 1921, Paul Faure est élu secrétaire général et Léon Blum se trouve placé à la tête du groupe parlementaire, resté majoritairement socialiste. Si, dans un premier temps, une majorité d'adhérents a rallié la Section française de l'Internationale communiste (SFIC) - le futur Parti communiste -, les socialistes bénéficient, dès les années 1923-1924, du retour de quelques militants importants. Les élections législatives de mai 1924, qui donnent une majorité au Cartel des gauches, confèrent à la SFIO une stature nouvelle, même si ses dirigeants refusent de participer au gouvernement.
Dans l'entre-deux-guerres, le parti est divisé en tendances, qui incarnent des lignes politiques différentes. La « gauche » est représentée notamment par Bracke, Pivert et Zyromski, la « droite » par Renaudel. En 1933, les « néosocialistes » (Déat, Marquet, Montagnon), adeptes du « planisme », sont exclus. L'année suivante, la SFIO accepte de passer un pacte d'union avec le Parti communiste, qui vient de renoncer à sa ligne d'opposition absolue aux socialistes. Cette alliance lui permet d'accéder pour la première fois au pouvoir lors des élections législatives de mai-juin 1936. Léon Blum devient le premier président du Conseil du Front populaire. La SFIO, qui représente environ 20 % des voix et compte plus de 240 000 adhérents (1937), est désormais le principal parti de gauche, devant le Parti radical. Mais, divisée face à la guerre - certains socialistes pacifistes verseront même dans la collaboration et 90 parlementaires socialistes voteront les pleins pouvoirs au maréchal Pétain -, elle se disloque. Léon Blum est emprisonné. Cependant, quelques militants tels que Daniel Mayer, présents dans la Résistance, recréent clandestinement le parti.
À la Libération, Guy Mollet prend la tête d'une formation qui est redevenue un parti de gouvernement. Ses résultats électoraux oscillent entre 20 % et 25 %. La SFIO est représentée dans les cabinets tripartites (1946-1947) puis de « troisième force » jusqu'en 1951. Mais ces alliances incluant la droite l'affaiblissent dès cette période.
Le déclin.
• Il s'affirme dans les années 1950, principalement du fait de la politique coloniale de Guy Mollet. Ce dernier, président du Conseil en 1956 et 1957, et opposé à l'indépendance de l'Algérie, éloigne du parti une bonne fraction de l'opinion progressiste. L'aile gauche fait scission pour fonder le PSA (novembre 1958), puis le PSU (1960). Lors de l'élection présidentielle de 1965, la SFIO ne parvient pas à présenter son propre candidat et doit accepter la candidature d'union de François Mitterrand. En 1969, Gaston Defferre, candidat socialiste à la présidence de la République, ne rassemble que 5 % de l'électorat (le parti a été presque tout à fait absent des événements de mai 1968). En juillet, la SFIO disparaît, se fondant dans le nouveau Parti socialiste né au congrès d'Issy-les-Moulineaux.