Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Amiens (traité d'), (suite)

En 1271, la mort sans héritier de Jeanne de Toulouse (fille de Raimond VII de Toulouse et épouse d'Alphonse de Poitiers, lui-même frère de Saint Louis) ouvre une succession, que règlent deux traités signés par Saint Louis : l'un avec Raimond VII de Toulouse en 1229, l'autre avec le roi d'Angleterre Henri III Plantagenêt en 1259. Le traité de 1229, dit traité de Paris, stipulait que, si Jeanne mourait sans enfant, le comté de Toulouse et ses dépendances reviendraient en l'état à la couronne de France. Mais l'Agenais, donné en dot par le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion à sa sœur Jeanne lorsque celle-ci épousa Raimond VI de Toulouse (1196), échappait à ce sort. Le traité de 1259, dit également traité de Paris, notifie que l'Agenais doit revenir au roi d'Angleterre si Jeanne de Toulouse, héritière de sa grand-mère Jeanne d'Angleterre, meurt sans enfant. En 1259, Henri III avait également émis des prétentions sur le Quercy et la Saintonge, prétentions laissées en suspens.

Sitôt après la mort d'Alphonse de Poitiers et de Jeanne de Toulouse, en 1271, le roi de France Philippe III le Hardi se déclare possesseur des domaines du couple, y compris les terres litigieuses - Agenais, Quercy et Saintonge. Édouard Ier d'Angleterre réclame l'exécution des clauses du traité de 1259, et, après de longues négociations, les deux rois signent à Amiens un traité par lequel Philippe III cède l'Agenais et renonce à la Saintonge. Le Quercy doit faire l'objet d'une enquête, et il reviendra en 1286 à Philippe le Bel en échange d'une rente annuelle.

Dernier épisode des difficiles relations entre Capétiens et Plantagenêts aux XIIe et XIIIe siècles, le traité d'Amiens met un terme à la première « guerre de Cent Ans ».

amis des Noirs (Société des),

association créée le 19 février 1788 par Brissot et Clavière, et dont l'objectif est d'obtenir l'abolition de la traite des Noirs.

Conçue comme la branche française d'une organisation présente également en Angleterre et aux États-Unis, elle se donne des règles de fonctionnement qui expriment sa volonté égalitaire : ouverture aux étrangers et aux femmes, refus des protocoles de distinction selon les catégories sociales, même si, de fait, ses membres sont essentiellement issus de la haute société française.

À la veille des états généraux de 1789, la Société des amis des Noirs s'attache à informer le public des réalités de l'esclavage. Mais, plutôt que de réclamer son abolition immédiate, elle tente de convaincre les colons de la plus grande rentabilité du travail libre par rapport à celle du travail servile. Même si cette argumentation n'était pas en contradiction avec une visée philanthropique, elle semblait en limiter la portée. Les événements révolutionnaires permirent de prendre la mesure de l'ambition effective de la Société.

Pétion et l'abbé Grégoire, deux de ses membres éminents, députés à l'Assemblée nationale, défendent le principe de l'unité législative de la France et de ses colonies, de manière à empêcher les colons de légiférer en matière de droit des personnes, à les obliger à reconnaître l'égalité des droits de citoyen entre les mulâtres libres et les Blancs. Des mois de polémiques vont opposer Pétion et l'abbé Grégoire au Comité colonial et au club de l'Hôtel Massiac, dont Barnave et Malouet se font les porte-parole. Sous la Législative, la Société des amis des Noirs continue à se battre pour l'égalité des droits des hommes libres de couleur. Elle obtient satisfaction, avec le soutien du ministère girondin, le 28 mars 1792. Mais aucune décision n'est prise contre la traite des Noirs ; encore moins contre l'esclavage, qui demeure un sujet tabou. La sympathie à l'égard des personnes libres de couleur vise d'ailleurs à favoriser leur ralliement aux colons contre les révoltes d'esclaves (novembre 1791).

Lorsque l'abolition de l'esclavage est proclamée par la Convention, le 16 pluviôse an II (4 février 1794), la Société des amis des Noirs n'a plus d'activité politique, mais, dans ses Mémoires, l'abbé Grégoire affirme que ses membres furent unanimes : « Il ne fallait pas brusquer leur émancipation, mais les amener graduellement aux avantages de l'état social [...]. Leur émancipation subite, prononcée par le décret du 16 pluviôse an II, nous parut une mesure désastreuse : elle était en politique ce qu'est en physique un volcan. »

Ampère (André Marie),

mathématicien et physicien (Lyon 1775 - Marseille 1836).

Il est successivement professeur à l'École polytechnique, inspecteur général de l'Université, membre de l'Institut (1814) et professeur au Collège de France. D'esprit encyclopédique et d'une grande curiosité, il explore, expérimente, fait des découvertes qui ouvrent de nouvelles voies et qui sont à l'origine de conceptions scientifiques toujours d'actualité. À la base de celles-ci : les mathématiques, relevant selon lui de la philosophie, qui permettent de décrire les lois de la physique par des formules. Ainsi en va-t-il de l'électricité, domaine dans lequel il innove de façon fondamentale. En effet, bien que l'électricité soit connue grâce à Volta et à Coulomb, on ignore tout, jusqu'en 1820, du courant électrique, une notion qu'il établit et dont l'unité d'intensité porte son nom. Il fonde ainsi l'électromagnétisme et invente dans son laboratoire des dispositifs tels que l'électro-aimant (qui, par la suite, permettra la mise au point du télégraphe, du téléphone ou encore des accélérateurs de particules) et d'autres servant aux mesures de l'électricité : ampèremètre (intensité) ou voltmètre (différences de potentiel). Cependant, quelques-unes de ses innovations conceptuelles sont incomprises de son vivant, telles ses hypothèses relatives à l'atome et aux molécules, aux applications tant chimiques que physiques.

ampoule (sainte),

ampoule de verre contenant l'huile consacrée qui servait au sacre des rois de France.

Selon la légende, elle fut apportée par l'Esprit-Saint lors du baptême de Clovis. Cette légende figure pour la première fois dans la Vie de saint Remi, écrite par l'archevêque Hincmar de Reims entre 875 et 880. Le clerc chargé d'apporter l'huile nécessaire à l'administration du sacrement ne pouvant approcher, une colombe descendit du ciel et transmit la sainte ampoule. Cette histoire assimile le baptême et le sacre royal, pratiqué pour la première fois par le Saint-Siège en 751 : Pépin le Bref est alors sacré par Étienne II à Saint-Denis. La royauté franque est ainsi légitimée par une intervention miraculeuse de Dieu. Le récit, qui revendique pour Reims le privilège du sacre, contesté un temps par Saint-Denis, entre très progressivement dans l'idéologie royale. Ce sont les Capétiens qui lui donnent tout son lustre. L'ordo du sacre, rédigé vers 1230, décrit le rituel : l'abbé de Saint-Remi prend la sainte ampoule dans le tombeau du saint et l'apporte en procession jusqu'à la cathédrale, où l'archevêque mélange la sainte huile au baume pour obtenir le chrême dont il oint le roi. Ce rite reste inchangé jusqu'au sacre de Louis XVI en 1775. Tous les rois de France ont été sacrés à Reims grâce à cette huile, à l'exception d'Henri IV et de Louis XVIII. L'ampoule est brisée, après la mort de Louis XVI, par le commissaire de la Convention, Rhül. Les débris, retrouvés au début de la Restauration, servent à la confection de la nouvelle ampoule utilisée lors du sacre de Charles X, en 1825.