Paris (suite)
Cependant, la population d'une ville ne suffit pas à exprimer sa puissance dans un système urbain. Les ressources urbaines sont une autre manière de mesurer la prééminence parisienne : au milieu des années 1930, l'ensemble des recettes des villes de plus de 5 000 habitants atteint presque 13 milliards de francs ; les seules recettes de Paris sont de 6 milliards environ. Autre indicateur, la répartition de la fortune au milieu des années 1990 : 40 % du montant de l'impôt de solidarité sur la fortune est prélevé à Paris intra muros et 60 % dans le reste de la France.
Aujourd'hui, les études fondées sur l'analyse des derniers recensements concluent à l'existence, en France, de deux sociétés distinctes : l'une correspond à la région parisienne, qui confirme sa domination en dépit des lois de décentralisation, l'autre rassemble tout ce qui en est exclu. En témoigne l'évolution divergente, entre 1982 et 1990, du poids que représentent, dans Paris, les cadres et les professions intellectuelles supérieures, d'une part, et les ouvriers, d'autre part. Le phénomène est encore plus accentué lorsque l'on observe la distribution des emplois culturels dans le système urbain.
L'étude menée par Félix Damette sur l'évolution des relations téléphoniques entre Paris et les capitales régionales de 1963 à 1993 conduit l'auteur à un jugement sévère : « La politique des métropoles d'équilibre est restée un mot sans contenu », et « la politique d'aménagement a consisté avant tout à impulser le développement de la capitale et à distribuer en province les emplois sous-qualifiés de la décentralisation industrielle ». Ligne directrice de tous les plans d'aménagement du territoire, le rééquilibrage du couple Paris-province serait-il condamné à rester un vœu pieux ?