Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

camisards (révolte des), (suite)

La défaite des camisards.

• Ne pouvant anéantir les combattants, l'intendant du Languedoc, Lamoignon de Basville, et le maréchal de Montrevel s'en prennent au pays cévenol. La population de villages entiers est déportée. Le « brûlement des Cévennes » détruit hameaux et maisons isolées en octobre 1703. On espère ainsi priver les révoltés de leurs refuges. Mais il faut le prestige et la diplomatie du maréchal de Villars, à partir d'avril 1704, pour emporter la décision.

Cavalier se rend en mai 1704, Roland est tué en août et, à la fin de l'année, la plupart des chefs ont capitulé. Des combats sporadiques éclatent cependant jusqu'en 1710.

Les secours anglais et hollandais sont certes arrivés trop tard. Mais la défaite tient surtout à la méfiance des bourgeois et nobles protestants envers ce « fanatisme » populaire. Le soulèvement était le fait d'humbles fidèles, pour qui prophétisme et violence constituaient des réponses à l'absence d'un encadrement religieux et social destructuré par la révocation et la prudence des élites. Si cette guerre de paysans qui cessent de combattre pour faire les moissons rappelle les révoltes du XVIIe siècle, elle n'en a pas le caractère antifiscal, et sa définition religieuse et populaire explique le retournement de son image au XIXe siècle. Suspectés par les Lumières pour leur « obscurantisme », les camisards sont admirés par Michelet - « Rien de semblable à l'affaire des Cévennes dans toute l'histoire du monde ». Et les maquisards de 1943-1944 se sont voulus leurs descendants.

Présent dans l'imaginaire collectif d'une région et d'une confession, le soulèvement des Cévenols pour la liberté religieuse est chaque année célébrée en septembre par des protestants venus du monde entier au Musée du Désert de Mialet (Gard).

campaniforme,

type de poterie chalcolithique de la fin du troisième millénaire avant notre ère, répandu, quoique de manière discontinue, sur une grande partie de l'Europe centrale et occidentale, et caractérisé par des gobelets en forme de cloche renversée (d'où son nom) ornés d'un décor géométrique gravé.

Aujourd'hui encore, l'interprétation générale du « phénomène campaniforme » reste délicate. En peu d'années, en effet, ce type de poterie apparaît, sous des formes très semblables, du Portugal (et même du Maroc) au Danemark, et des îles Britanniques à la Hongrie. Toutefois, les gobelets campaniformes sont présents essentiellement dans des tombes, et accompagnés, dans le cas de défunts prestigieux, de poignards en cuivre, de parures de cuivre ou d'or, de pointes de flèches, de plaquettes de pierre, appelées « brassards d'archer », et de boutons en os. Il existe des zones de concentration particulières (en France, la Bretagne ou le Midi), et d'autres où ils sont peu présents. Les habitats de cette culture demeurent presque inconnus, et la poterie commune qu'on y trouve varie selon les régions. Pour les tombes elles-mêmes sont réutilisés, au besoin, les tumulus ou les monuments mégalithiques des populations antérieures.

On a longtemps pensé que cette poterie était celle d'une population homogène maîtrisant la métallurgie du cuivre, et qui se serait répandue sur une grande partie de l'Europe. Toutefois, les archéologues débattent encore sur son origine géographique, la péninsule Ibérique et les Pays-Bas étant néanmoins cités le plus fréquemment. On évoque aujourd'hui la possibilité d'une formation à partir de substrats locaux différents, l'homogénéité stylistique étant assurée par la circulation des biens de prestige entre les élites des différentes régions. En tout cas, une tendance générale à une régionalisation de plus en plus forte des styles locaux s'est affirmée. Dans chaque région, le campaniforme débouche finalement, au début du deuxième millénaire avant notre ère, sur l'âge du bronze.

Campoformio (paix de),

traité de paix franco-autrichien signé le 17 octobre 1797 à l'issue de la première campagne d'Italie de Bonaparte.

Les préliminaires de Leoben (18 avril 1797) ont renvoyé la question de la paix entre la France et l'Autriche à une conférence ultérieure. Mais l'évolution de la situation politique intérieure brouille les cartes. Les divergences au sein du Directoire s'accentuent : d'un côté, Carnot et Barthélemy sont favorables à une paix immédiate, de l'autre, Reubell, soutenu par La Révellière-Lépeaux et Barras, désire s'assurer la possession de la rive gauche du Rhin. Les élections de l'an V amènent une majorité royaliste dans les Conseils. Celle-ci se prononce clairement contre la politique extérieure de Reubell et pour une paix rapide sans annexion. Les Anglais et les Autrichiens tentent de profiter des divisions pour faire traîner les discussions en cours. Pendant ce temps, Bonaparte choisit son camp : une victoire des Conseils signifierait à l'évidence la fin de sa politique personnelle en Italie. Aussi prend-il publiquement position en faveur du Directoire, contribuant même à l'exécution du coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) qui élimine l'opposition royaliste. Reubell veut profiter de cette victoire politique pour imposer à l'Autriche une paix léonine qui donnerait à la France la rive gauche du Rhin et le contrôle de la Vénétie. Pour Bonaparte, une telle politique risque de relancer la guerre ; or le général corse, après avoir endossé le rôle du conquérant, entend se présenter à l'opinion française comme un pacificateur. Il prend donc l'initiative de mener ses propres négociations, contre les instructions venues de Paris. Après plusieurs jours de pourparlers, Bonaparte obtient le 17 octobre la signature de l'émissaire autrichien Cobenzl : l'Autriche reconnaît définitivement l'annexion de la Belgique, ainsi que les Républiques sœurs italiennes ; elle reçoit en contrepartie Venise et sa Terre ferme. Le sort de la rive gauche du Rhin n'est évoqué que dans un article secret. Malgré les protestations de Reubell, le Directoire doit s'incliner. Les patriotes italiens retiennent surtout que les Vénitiens ont été trahis et vendus « comme un troupeau de moutons ». De ce point de vue, le traité de Campoformio marque une étape décisive dans l'évolution de la politique extérieure de la République : la Grande Nation s'est comportée comme les puissances de l'Ancien Régime, n'hésitant pas à enfreindre ouvertement la souveraineté des peuples.