camisards (révolte des), (suite)
La défaite des camisards.
• Ne pouvant anéantir les combattants, l'intendant du Languedoc, Lamoignon de Basville, et le maréchal de Montrevel s'en prennent au pays cévenol. La population de villages entiers est déportée. Le « brûlement des Cévennes » détruit hameaux et maisons isolées en octobre 1703. On espère ainsi priver les révoltés de leurs refuges. Mais il faut le prestige et la diplomatie du maréchal de Villars, à partir d'avril 1704, pour emporter la décision.
Cavalier se rend en mai 1704, Roland est tué en août et, à la fin de l'année, la plupart des chefs ont capitulé. Des combats sporadiques éclatent cependant jusqu'en 1710.
Les secours anglais et hollandais sont certes arrivés trop tard. Mais la défaite tient surtout à la méfiance des bourgeois et nobles protestants envers ce « fanatisme » populaire. Le soulèvement était le fait d'humbles fidèles, pour qui prophétisme et violence constituaient des réponses à l'absence d'un encadrement religieux et social destructuré par la révocation et la prudence des élites. Si cette guerre de paysans qui cessent de combattre pour faire les moissons rappelle les révoltes du XVIIe siècle, elle n'en a pas le caractère antifiscal, et sa définition religieuse et populaire explique le retournement de son image au XIXe siècle. Suspectés par les Lumières pour leur « obscurantisme », les camisards sont admirés par Michelet - « Rien de semblable à l'affaire des Cévennes dans toute l'histoire du monde ». Et les maquisards de 1943-1944 se sont voulus leurs descendants.
Présent dans l'imaginaire collectif d'une région et d'une confession, le soulèvement des Cévenols pour la liberté religieuse est chaque année célébrée en septembre par des protestants venus du monde entier au Musée du Désert de Mialet (Gard).