Chanson de Roland (la), (suite)
Tout porte à croire qu'un homme de génie (Turold ?) s'est emparé d'une légende fondée sur un événement frappant pour les esprits, qui s'est transmise oralement et s'est peu à peu déformée et enrichie. Mais, s'il la fixe justement vers 1100, c'est qu'il est porté par des circonstances politiques et idéologiques favorables. Si la Chanson, hormis des qualités littéraires intrinsèques irréductibles à la seule analyse des contextes, reste un témoignage historique essentiel, c'est moins en ce qu'elle relate un événement que dans la mesure où elle révèle les influences idéologiques caractéristiques de l'aube du XIIe siècle.
Chantiers de jeunesse, groupements de jeunesse créés par le général de La Porte du Theil en juillet 1940 et destinés à occuper les jeunes Français de la zone libre soustraits au service militaire par la signature de l'armistice.
Dans le cadre de stages d'une durée de huit mois, rendus obligatoires à partir de janvier 1941, les Chantiers de jeunesse privilégient la vie au grand air et les exercices physiques, sans armes. Le travail - travaux forestiers, restauration de bâtiments... - se veut éducatif. L'organisation en équipes et la tenue de veillées visent à favoriser le sens de la communauté. Une formation civique et morale complète le dispositif. En pratique, les Chantiers servent surtout à fournir du charbon de bois à une France victime de la pénurie. Lorsque le Service du travail obligatoire (STO) est mis en place en 1943, les jeunes des Chantiers deviennent des recrues toutes désignées pour les Allemands à la recherche de main-d'œuvre.
Présentés par leurs plus farouches partisans comme une armée de remplacement préparant en secret la libération du pays, les Chantiers de jeunesse apparaissent plutôt comme une des principales courroies de transmission du régime de Vichy. La mystique d'une jeunesse régénérée, l'usage intensif d'une propagande maréchaliste, rejoignent les préoccupations de dignitaires soucieux de mettre en place un ordre nouveau. Toutefois, s'ils ont parfois suscité l'admiration, les Chantiers se sont assez vite heurtés à l'apathie, voire à l'hostilité, de jeunes de plus en plus nombreux à rejoindre le maquis après 1941. Quant aux Allemands, ils ont longtemps considéré les Chantiers comme d'inoffensifs lieux de travail forcé. Mais, lorsque La Porte du Theil manifeste une hostilité trop affichée à leur égard, ils forcent Laval à le démettre. À la fois désorganisés et devenus trop encombrants pour l'ennemi, les Chantiers sont dissous en juillet 1944, laissant la trace d'une « institution emblématique » (selon l'historien Jean-Pierre Azéma) de la période vichyste.