L'idée d'une planification de l'économie s'affirme dans les années 1930 comme remède à la dépression.
D'inspiration socialiste, elle se distingue de la « coordination » des branches, prônée par les gouvernements de l'époque, qui aboutit en 1934-1935 à une cartellisation des transports, de l'agriculture, du commerce. Tantôt les planificateurs rêvent de rapprocher le pays d'une économie dirigiste (plan de la CGT, 1934) ; tantôt, à l'instar de la SFIO, ils conçoivent l'essor du pays sous la direction d'un État qu'éclairent des entreprises nationalisées nombreuses et des offices professionnels ; tantôt, inspirés par le théoricien belge Henri de Man, ils veulent « dépasser » le socialisme dans la fusion « corporatiste » du patronat et des administrations « techniques », courant qui inspirera Vichy (Comités d'organisation et Délégation à l'Équipement national).
Instituée après la Libération, avec la création du Commissariat général au Plan (confié à Jean Monnet), la planification « à la française », dite « indicative », s'appuie sur des commissions où les partenaires sociaux dialoguent sous l'égide de l'État « expert ». Elle remplit alors plusieurs rôles successifs. Avec le Ier plan (1947-1953) et grâce à l'aide Marshall (1948-1952), elle est l'outil dirigiste de reconstruction et de modernisation d'une économie de pénurie ultraprotectionniste. Elle a pour leviers quelques secteurs prioritaires (charbon, électricité, sidérurgie, matériaux de construction, machinisme agricole) et l'action d'influentes commissions « horizontales » (main-d'œuvre, financement), Dans les IIe et IIIe plans (1952-1961), au reste inachevés, les financements bonifiés sont orientés vers quelques secteurs protégés par l'État (énergie, construction) et vers les biens d'équipement. Le IVe plan, préparé en 1959-1960, salue la jeune Ve République et l'attention portée par ses gouvernements, confirmée par le Ve plan (1966-1970), à la recherche, aux « grands équipements », à l'aménagement du territoire, à la modernisation agricole. Le VIe plan (1971-1975), formulé en 1969 quand la CEE a atteint les objectifs du traité de Rome (1957), insiste sur l'innovation, la productivité et la compétitivité industrielles, et place l'entreprise au cœur du développement. Jusque-là acteur de la croissance des « Trente Glorieuses », l'exercice planificateur est alors contrecarré dans ses ambitions par les chocs pétroliers (1973, 1979) ; puis, dans une économie plus ouverte, il connaît un déclin. Certes, le Commissariat subsiste comme « réservoir à idées », car des plans sont soumis régulièrement au Parlement. Mais il perd sa vertu d'« ardente obligation » (de Gaulle), malgré une tentative de relance par les socialistes en 1981-1984 (VIIIe plan). Entre-temps, la planification s'est banalisée auprès des collectivités territoriales, des entreprises publiques et privées.