Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
E

Église (suite)

Vatican II et ses conséquences ecclésiologiques

Le concile Vatican II apparaît au contraire comme un infléchissement majeur de l'ecclésiologie catholique. En réévaluant, à la suite de l'encyclique Mystici corporis (1943) du pape Pie XII, le rôle des laïcs et le caractère collégial de l'autorité dans une Église conçue en premier lieu comme « corps mystique » du Christ, en abandonnant certains usages exclusifs (le latin liturgique) et certaines rigidités doctrinales au profit d'un rapprochement œcuménique, le concile a, tout à la fois, renouvelé les équilibres institutionnels du catholicisme français (en renforçant notablement le rôle et l'autonomie de l'Assemblée de l'épiscopat français) et préludé à une crise de vaste amplitude. Celle-ci est caractérisée par l'accélération des processus de déchristianisation, l'effondrement du recrutement sacerdotal, un affaiblissement certain de l'influence de l'Église sur la société et la fragmentation des anciennes cohérences religieuses. Le pontificat intransigeant du pape Jean-Paul II a semble-t-il marqué à cet égard, une nouvelle étape dans l'ecclésiologie en devenir du catholicisme français, à travers innovations institutionnelles (ordination de diacres, mouvements charismatiques) et réaffirmation de l'unité de foi catholique dans la tradition plurimillénaire de son Église.

Égypte (expédition et campagne d'),

mission à but militaire, mais aussi scientifique, conduite par Bonaparte de 1798 à 1801 pour combattre l'Angleterre sur un terrain extra-européen.

En 1798, l'Angleterre reste le seul adversaire de la République française. Un débarquement outre-Manche n'étant pas envisageable, Bonaparte se propose d'affaiblir l'ennemi par la conquête de l'Égypte, afin de lui couper la route des Indes, tout en permettant d'imposer la puissance française en Méditerranée. Selon la légende napoléonienne, le projet de Bonaparte se conjugue à la volonté du Directoire d'éloigner du pouvoir le général ambitieux.

L'expédition est préparée dans le plus grand secret : la flotte française n'est en effet pas en mesure d'affronter celle de l'Angleterre. Mais, déjouant la surveillance des navires de Nelson, le vice-amiral Brueys parvient à quitter Toulon le 19 mai 1798 et à débarquer 35 000 soldats à l'ouest d'Alexandrie le 1er juillet. Bonaparte dispose de brillants officiers tels que Berthier, Murat, Kléber ou Desaix, et, en peu de temps, il conquiert la Basse- et la Moyenne-Égypte. Alexandrie est rapidement occupée. Le Caire est envahi après la victoire de la bataille dite « des Pyramides » (ou « d'Embabèh »), le 24 juillet. Mais Nelson retrouve et détruit l'escadre française à Aboukir, le 1er août. Les Français sont ainsi prisonniers de leur conquête.

De septembre 1798 à juin 1799, Desaix pacifie la Haute-Égypte, tandis que Bonaparte part au-devant de l'armée de reconquête ottomane, qui est soutenue par les Anglais. Les Français pénètrent en Syrie, occupent Gaza et Jaffa, et mettent le siège devant Saint-Jean-d'Acre, le 19 mars 1799. Mais, échouant à prendre la ville, Bonaparte ordonne la retraite deux mois plus tard.

De retour en Basse-Égypte, il repousse les Turcs à Aboukir le 25 juillet 1799. Ayant eu connaissance des difficultés du Directoire, il décide de rentrer en France. Il s'embarque le 22 août, laissant le commandement à Kléber, qui est assassiné au Caire en juin 1800. Faute de renforts, les Français doivent capituler face aux Anglais en septembre 1801. Néanmoins, Bonaparte, qui n'est pas responsable de ces derniers échecs, bénéficie d'un surcroît de prestige grâce à l'expédition d'Égypte.

Cette expédition ne fut pas qu'une opération militaire. Bonaparte a, en effet, emmené avec lui un groupe de savants, parmi lesquels Monge et Berthollet. Ils créent l'Institut d'Égypte le 22 août 1798, et publient de nombreux travaux, dont une importante Description de l'Égypte en 23 volumes. En 1799, des fouilles mettent au jour la « pierre de Rosette », dont le texte en hiéroglyphes, démotique et grec permet à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes quelques années plus tard.

Durant leur brève tentative de colonisation de l'Égypte, les Français ont aussi réorganisé l'administration locale en y faisant participer les populations indigènes. Le pays est mis en valeur, et des mesures en faveur de la santé publique sont prises. Mais l'intervention française est surtout à l'origine du réveil de l'idée nationale en Égypte.

Eiffel (Alexandre Gustave),

ingénieur (Dijon 1832 - Paris 1923).

Originaire d'une famille allemande installée au XVIIIe siècle en France, Gustave Eiffel poursuit ses études à l'École centrale des arts et manufactures, et se fait connaître comme constructeur de matériel de chemin de fer, en particulier de viaducs métalliques. Il fonde sa propre compagnie, les Ateliers de construction mécanique de Levallois, en 1867, année où il édifie la charpente métallique de la Galerie des beaux-arts de l'Exposition universelle. Le pont Maria-Pia, à Porto (1876), avec une arche unique de 160 mètres, le viaduc de Garabit, long de 564 mètres, la gare de Pesth (Hongrie), ou encore l'infrastructure de la statue de la Liberté de Bartholdi (1886), témoignent de la réussite d'une entreprise qui travaille aussi bien en Chine qu'au Pérou, à Madagascar qu'en Espagne.

Eiffel est l'un des premiers à se servir d'éléments normalisés et préfabriqués dans ses ateliers de Levallois-Perret. Sa plus grande réussite demeure, bien sûr, la tour qui porte son nom, et par laquelle l'ingénieur entend résumer « le siècle de l'industrie et de la science ». Le monument est achevé le 31 mars 1889, pour l'inauguration de l'Exposition universelle. Par la suite, Eiffel l'utilise pour mener des expériences scientifiques, en météorologie et en aérodynamique. Cependant, sa carrière de constructeur est écourtée par le scandale de Panam[‘]a : s'étant vu attribuer le contrat des écluses du canal, Eiffel est impliqué dans la faillite de Ferdinand de Lesseps et doit céder, en 1893, la direction de son entreprise. Il n'en demeure pas moins une gloire nationale.

élections présidentielles.

En France, les élections présidentielles, organisées pour la première fois en 1848, ont pris toute leur importance sous la Ve République.