mission à but militaire, mais aussi scientifique, conduite par Bonaparte de 1798 à 1801 pour combattre l'Angleterre sur un terrain extra-européen.
En 1798, l'Angleterre reste le seul adversaire de la République française. Un débarquement outre-Manche n'étant pas envisageable, Bonaparte se propose d'affaiblir l'ennemi par la conquête de l'Égypte, afin de lui couper la route des Indes, tout en permettant d'imposer la puissance française en Méditerranée. Selon la légende napoléonienne, le projet de Bonaparte se conjugue à la volonté du Directoire d'éloigner du pouvoir le général ambitieux.
L'expédition est préparée dans le plus grand secret : la flotte française n'est en effet pas en mesure d'affronter celle de l'Angleterre. Mais, déjouant la surveillance des navires de Nelson, le vice-amiral Brueys parvient à quitter Toulon le 19 mai 1798 et à débarquer 35 000 soldats à l'ouest d'Alexandrie le 1er juillet. Bonaparte dispose de brillants officiers tels que Berthier, Murat, Kléber ou Desaix, et, en peu de temps, il conquiert la Basse- et la Moyenne-Égypte. Alexandrie est rapidement occupée. Le Caire est envahi après la victoire de la bataille dite « des Pyramides » (ou « d'Embabèh »), le 24 juillet. Mais Nelson retrouve et détruit l'escadre française à Aboukir, le 1er août. Les Français sont ainsi prisonniers de leur conquête.
De septembre 1798 à juin 1799, Desaix pacifie la Haute-Égypte, tandis que Bonaparte part au-devant de l'armée de reconquête ottomane, qui est soutenue par les Anglais. Les Français pénètrent en Syrie, occupent Gaza et Jaffa, et mettent le siège devant Saint-Jean-d'Acre, le 19 mars 1799. Mais, échouant à prendre la ville, Bonaparte ordonne la retraite deux mois plus tard.
De retour en Basse-Égypte, il repousse les Turcs à Aboukir le 25 juillet 1799. Ayant eu connaissance des difficultés du Directoire, il décide de rentrer en France. Il s'embarque le 22 août, laissant le commandement à Kléber, qui est assassiné au Caire en juin 1800. Faute de renforts, les Français doivent capituler face aux Anglais en septembre 1801. Néanmoins, Bonaparte, qui n'est pas responsable de ces derniers échecs, bénéficie d'un surcroît de prestige grâce à l'expédition d'Égypte.
Cette expédition ne fut pas qu'une opération militaire. Bonaparte a, en effet, emmené avec lui un groupe de savants, parmi lesquels Monge et Berthollet. Ils créent l'Institut d'Égypte le 22 août 1798, et publient de nombreux travaux, dont une importante Description de l'Égypte en 23 volumes. En 1799, des fouilles mettent au jour la « pierre de Rosette », dont le texte en hiéroglyphes, démotique et grec permet à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes quelques années plus tard.
Durant leur brève tentative de colonisation de l'Égypte, les Français ont aussi réorganisé l'administration locale en y faisant participer les populations indigènes. Le pays est mis en valeur, et des mesures en faveur de la santé publique sont prises. Mais l'intervention française est surtout à l'origine du réveil de l'idée nationale en Égypte.