Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

Fleurus (bataille de) [26 juin 1794],

épisode de la guerre entre la France révolutionnaire et la première coalition, qui voit la victoire, en Belgique, de l'armée française sur les Autrichiens.

La Belgique est occupée par les Français de novembre 1792 à mars 1793 ; ils en sont chassés après leur défaite à Neerwinden. Région de jonction des armées coalisées, et tête de pont des invasions par le nord, la Belgique est l'enjeu de l'offensive française lancée au printemps 1794 en Flandre et dans le Hainaut. Pichegru commande alors l'armée du Nord, et Jourdan, celle de Sambre-et-Meuse. Après quatre tentatives pour prendre Charleroi, sur la Sambre, Jourdan, pressé par Saint-Just, parvient à enlever la ville le 25 juin, alors que Pichegru, vainqueur à Ypres le même jour, fait reculer l'armée autrichienne commandée par le duc de Saxe-Cobourg. Le 26 juin, celui-ci attaque Jourdan devant Charleroi, à Fleurus. Les opérations se déroulant sur plusieurs points, les Français utilisent pour la première fois des aérostats captifs, afin d'observer les mouvements des ennemis. Bien que son issue soit restée longtemps incertaine, la bataille s'achève, après seize heures de combats, par la retraite des Autrichiens, que les Français, épuisés, ne pourchassent pas. Cette victoire retentissante - qui fait 5 000 morts de part et d'autre - renverse de façon spectaculaire la situation militaire. En effet, elle permet à la France de poursuivre l'offensive et de reprendre la Belgique.

La victoire à Fleurus - considérée comme la victoire de la Révolution - a également des conséquences sur la scène politique française : pour beaucoup de membres de la Convention, la Terreur, motivée par la guerre et renforcée au début de juin, ne paraît plus justifiée. C'est en partie autour de cette opinion que se forme la coalition qui renverse Robespierre le 9 thermidor, un mois après la bataille de Fleurus.

Fleury (André Hercule, cardinal de),

prélat, précepteur, puis ministre de Louis XV de 1726 à 1743 (Lodève 1653 - Issy-les-Moulineaux 1743).

Ce fils d'un receveur d'impôt entre dans les ordres en 1666, devient chanoine de Montpellier (1668), aumônier de la reine Marie-Thérèse (1675), puis de Louis XIV (1678), et évêque de Fréjus (1698-1715). En 1715, il est nommé précepteur du dauphin (le futur Louis XV), fonction qui lui vaut d'être membre de l'Académie française à partir de 1717. Il sait s'attirer la sympathie du jeune roi comme du régent, et son ascension politique commence. Il entre au Conseil de conscience en 1720, puis au Conseil d'État en 1723. En 1726 - il est alors âgé de 73 ans -, il remplace le duc de Bourbon, sans porter, toutefois, le titre de principal ministre de son prédécesseur. La même année, le pape le crée cardinal. Entouré d'hommes compétents (Le Peletier des Forts, Orry...), il gouverne la France jusqu'à sa mort, avec fermeté mais également avec prudence, prônant une politique de paix qui favorise l'enrichissement du royaume.

Dix-sept années de gouvernement.

• Soucieux de maintenir l'autorité du souverain, il s'attache à briser les oppositions jansénistes en faisant enregistrer, au cours d'un lit de justice (3 avril 1730), la bulle Unigenitus, qui devient loi du royaume. Il exile les parlementaires réticents (1732) et interdit toute manifestation janséniste, telle que celles des convulsionnaires du cimetière Saint-Médard.

Le retour de la prospérité économique (dû à l'arrêt des hostilités avec les puissances étrangères) et la stabilisation de la monnaie (réalisée le 15 juin 1726) - dont le cours n'évoluera plus jusqu'à la Révolution - permettent à Fleury de rétablir l'équilibre budgétaire en 1738-1739 et de lancer de grands programmes de développement des routes.

En politique extérieure, il maintient l'alliance avec l'Angleterre et recherche un accord avec l'Autriche pour sauver la paix européenne, instaurée, à la fin du règne de Louis XIV, par les traités d'Utrecht (1713). Il ne peut toutefois éviter le déclenchement de la guerre de la Succession de Pologne (1733-1738), mais c'est avec habileté qu'il mène ce conflit : la France y perd peu d'hommes et d'argent, et gagne l'assurance d'obtenir la Lorraine à la mort de son nouveau duc (Stanislas Leszczynski, beau-père de Louis XV). C'est en vain, également, qu'il s'oppose à la guerre de la Succession d'Autriche (1740-1748).

Lorsqu'il meurt, le 29 janvier 1743, sa politique de paix a donc échoué et la querelle janséniste n'est pas encore apaisée. Il n'a su ni imposer une réforme fiscale profonde ni renoncer au protectionnisme prôné par Colbert : aussi, une nouvelle crise économique se dessine-t-elle. Mais, personnage de grande envergure, intègre et attaché au bien public, jouissant d'une réelle autorité sur le roi, Fleury est le dernier ministre d'une monarchie absolue encore incontestée.

FLN (Front de libération nationale),

parti nationaliste algérien vainqueur de la guerre d'indépendance, et parti unique de la République algérienne jusqu'à la fin des années quatre-vingt.

En 1946, le nationalisme algérien est divisé sur les objectifs à atteindre et sur la stratégie à mener : au mouvement religieux des oulémas, qui milite pour un retour à l'orthodoxie musulmane, et à l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas, partisan d'une action par la voie légale pour obtenir l'autonomie, s'oppose le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) de Messali Hadj, qui préconise l'indépendance et la réforme sociale par la révolution. Le FLN, qui naît, en octobre 1954, du regroupement des tendances activistes du MTLD au sein de l'Organisation secrète (OS), organise la série d'attentats du 1er novembre qui marque le début de la guerre d'Algérie. Le passage à la lutte armée provoque l'éclatement du MTLD, interdit par les autorités françaises le 4 novembre. Peu après, Messali Hadj fonde le Mouvement national algérien (MNA), qui s'engage lui aussi dans la lutte armée.

Tout au long de la guerre, le FLN structure l'action militaire autour de l'Armée de libération nationale (ALN) et s'efforce de regrouper toutes les tendances du nationalisme algérien. La résistance du MNA à cette domination du FLN débouche sur une guerre civile cruelle, dont ce dernier sort vainqueur. Ayant fondé un Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en septembre 1958, il est choisi comme seul interlocuteur par le gouvernement français pour les négociations qui débouchent, le 18 mars 1962, sur les accords d'Évian.