Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
P

positivisme,

doctrine philosophique créée par Auguste Comte au début du XIXe siècle.

Le terme « positif » désignait au XVIIIe siècle ce qui est fondé sur l'observation des faits réels. Sous l'influence de Saint-Simon, Comte développe une véritable « philosophie positive », principalement exposée dans le Cours de philosophie positive, publié de 1830 à 1842. Selon cette théorie, la loi de l'évolution de l'humanité conduit de l'état théologique, caractérisé par la recherche des causes premières et finales, à l'état métaphysique, état transitoire, destructeur du premier, qui explique les phénomènes par l'action de forces ou de principes abstraits, avant d'aboutir à l'état positif, régime définitif de la raison humaine. Estimant que son temps représente une transition, après la destruction de l'ordre ancien par la Révolution, Comte veut œuvrer à l'avènement de cet état positif : les progrès des sciences positives (mathématique-astronomie, physique-chimie, biologie) ont fait évoluer l'esprit humain, mais seule la philosophie positive établit la connaissance de cette loi et peut fonder la science qui, à la fois, achève et résume toutes les autres : la sociologie. Celle-ci conçoit les phénomènes sociaux comme assujettis à de véritables lois autorisant une prévision rationnelle. Divisée en « statique sociale » et en « dynamique sociale », elle doit permettre d'aboutir à une politique positive qui assure l'ordre et le progrès, dont elle est la théorie. C'est en 1848 que s'opère la transformation de la « philosophie positive » en « positivisme » et que s'organise la promotion systématique de celui-ci. Comte crée alors la Société positiviste et Littré se fait le propagateur de ses idées grâce à une série d'articles parus dans le National, regroupés en 1852 sous le titre Conservation, révolution et positivisme. Mais, très vite, les tenants de la doctrine se divisent. L'acceptation par Comte du coup d'État du 2 décembre 1851, le prolongement de la politique positive en religion positive dans le Système de politique positive, éloignent Littré.

Après la mort d'Auguste Comte (1857), Pierre Laffite devient « directeur du positivisme » et crée la Revue occidentale (1878). Littré fonde de son côté la Revue de philosophie positive (1867). À travers son œuvre, un positivisme réconcilié avec le suffrage universel influence la politique opportuniste de la IIIe République, même si les lois sur l'enseignement de Jules Ferry sont acceptées avec réticence par les positivistes orthodoxes. Dans d'autres pays, un positivisme plus religieux s'est développé, comme au Brésil, dont la devise est toujours « ordre et progrès ». Une Société positiviste internationale a été fondée en 1906.

poste.

C'est sous le règne de l'empereur Auguste, au Bas-Empire, que les premiers courriers à cheval sillonnent les routes romaines de la Gaule pour acheminer les dépêches de l'État.

Mais la fin de l'Empire romain d'Occident, au Ve siècle, entraîne la disparition de ce réseau « unitaire ». Au Moyen Âge, chaque roi, évêque ou seigneur se voit contraint de créer son propre service de messagerie. Par la suite, au cours du XVe siècle, à côté des chevaucheurs royaux se développent des corps de messagers réservés à des corporations : universités, communautés religieuses, corps municipaux, corps des marchands. Les voyageurs de rencontre, lorsqu'ils savent écrire, servent à cette époque de messagers aux simples particuliers.

Mise en place d'un système unifié.

• C'est Louis XI, à la fin du XVe siècle, qui crée une véritable « poste aux chevaux » en ressuscitant un réseau de routes et de relais comparable à celui des Romains, le confiant à des maîtres de poste. Ce n'est qu'un siècle plus tard que Fouquet de La Varane organise, sur ordre d'Henri IV, la première poste aux lettres d'État, mise officiellement au service du public en 1603. Au cours du XVIIe siècle, les maîtres de poste vont peu à peu perdre leurs prérogatives et devoir partager leur pouvoir avec les maîtres des courriers. Le tarif d'expédition d'une lettre est alors proportionnel à son poids et à la distance qu'elle parcourt ; c'est le destinataire qui s'acquitte des frais. En 1629, la création de la charge de surintendant général des Postes et des Relais sonne le glas de la concurrence et de la diversité des messageries. Le règne de Louis XIV va contribuer à faire de la poste un monopole d'État : Louvois multiplie les relais, supprime les charges de maîtres des courriers et confie la poste aux lettres à la Ferme générale des Postes. Lorsque la Révolution éclate, les postes n'ont quasiment plus de concurrents et deviennent un service public, exploité directement par l'État à partir de 1793. En 1798, l'emploi de facteurs, jusqu'alors très limité, commence à se généraliser. C'est le Premier consul qui fonde en 1804 la Direction générale des Postes, rattachée au ministère des Finances.

Diversification des missions.

• En 1808, la poste crée un service de mandats réservé aux militaires, puis l'étend à tous les usagers en 1817. Elle n'est plus seulement un transporteur de fonds, de messages, de marchandises et de passagers ; elle devient également un établissement financier, et gagne en unité lorsque le service des relais de poste est réuni à celui de la poste aux lettres. Au XIXe siècle et durant la première moitié du XXe, ses fonctions industrielle et commerciale s'affirment, au rythme des grandes étapes de modernisation : mesure de la qualité du service, avec la création des cachets à date en 1827 ; fiabilité, avec la création des lettres recommandées en 1829 ; rapidité, avec la création des ambulants et le tri en wagons postaux en 1845 ; démocratisation, avec la création du timbre et d'un tarif unique pour l'ensemble du territoire en fonction du poids des lettres en 1849 ; création de la Caisse d'épargne postale en 1881, création des Chèques postaux en 1919. À partir de 1923, la poste cesse d'être une administration comme les autres. Elle relève d'un budget annexe indépendant du contribuable.

Évolution d'un statut.