Solutré-Pouilly,
célèbre site du paléolithique supérieur, éponyme de la civilisation du solutréen.
Le site du Cros-du-Charnier, à Solutré-Pouilly (Saône-et-Loire), se trouve à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Mâcon, au pied de la fameuse roche de Solutré, éperon calcaire d'âge jurassique dominant la vallée de la Saône. Entre 30 000 et 10 000 ans avant notre ère, environ, une série de campements préhistoriques s'y sont succédé, régulièrement recouverts par les éboulis provenant de la roche. Les plus anciens remontent à l'extrême fin du paléolithique moyen (moustérien) et au début du paléolithique supérieur (aurignacien). C'est de l'époque suivante, le gravettien (25 000-20 000 ans avant notre ère), que date la célèbre couche d'ossements de chevaux mise au jour : elle peut atteindre, par endroits, un mètre d'épaisseur et couvre près d'un hectare. Elle est à l'origine du nom du lieu-dit et a inspiré de nombreuses gravures fantaisistes, sur lesquelles sont représentés des hommes préhistoriques acculant les troupeaux de chevaux au bord de la falaise et les forçant à se précipiter dans le vide. Les fouilles ont révélé une réalité plus banale : les chevaux étaient abattus au pied de la Roche, puis dépecés, et leur viande était séchée dans de nombreux foyers. Le site de Solutré était donc spécialisé dans la chasse aux chevaux, en un point sans doute favorable de leurs parcours.
Après le gravettien, de nouvelles occupations sont attestées au solutréen proprement dit - la dénomination fut choisie par l'archéologue Gabriel de Mortillet en 1869 -, puis enfin au magdalénien. Plusieurs œuvres d'art, gravures sur schiste ou os et statuettes en pierre représentant mammouth et cervidés, ont été découvertes dans les niveaux correspondant à ces périodes.
Somme (bataille de la),
bataille particulièrement meurtrière qui s'engage en juillet 1916 entre les troupes alliées et les troupes allemandes ; elle va durer plusieurs mois, sans résultat militaire décisif.
L'offensive franco-britannique sur la Somme n'est pas une réponse à l'attaque allemande de février 1916 sur Verdun : elle a en effet été préparée dès l'automne 1915 pour être lancée au printemps 1916, mais le plan initial doit être en partie modifié car le gros des troupes françaises est mobilisé dans l'Est. On fixe finalement la date au 1er juillet et on raccourcit la longueur du front d'offensive. En outre, pour la première fois sur le front occidental, l'effort consenti par les Britanniques est supérieur à celui des Français. Les deux états-majors veulent épuiser l'ennemi avant de passer à l'étape décisive : une bataille de rupture qui conduirait à la victoire.
Le 1er juillet 1916, les Britanniques s'élancent au nord de la Somme, les Français au sud, après un intense pilonnage d'artillerie depuis le 24 juin. Les Alliés sont persuadés que tout a été détruit dans les tranchées ennemies, et qu'il est donc possible de les atteindre sans risque et de les occuper. Mais c'était compter sans les formidables fortifications souterraines mises en place par les Allemands : en une heure, leurs mitrailleuses et leur artillerie tuent ou blessent 60 000 Britanniques. Au soir du 1er juillet, la percée n'a pas eu lieu. Quant aux Français, s'ils ont mieux rempli leurs objectifs, ils doivent néanmoins infléchir leur tactique et se résoudre à une bataille d'usure ; de juillet à novembre, les combats se poursuivent. Dans les deux camps, les hommes s'installent dans l'horreur quotidienne. En novembre, le front allié a avancé de 10 kilomètres : c'est un échec. Joffre n'a pas plus tenu son pari dans la Somme que Falkenhayn à Verdun, et tous deux y perdront leur commandement.
Alors que la bataille de Verdun est un affrontement franco-allemand, la bataille de la Somme est une bataille « mondiale », qui réunit une trentaine de peuples du fait de la présence d'importants contingents du Commonwealth et des colonies françaises et britanniques. Elle est aussi l'exemple le plus achevé de bataille totale, qui ne peut se terminer que par une victoire totale, sans quoi le carnage serait perçu comme complètement vain. 620 000 Britanniques et Français, 450 000 Allemands sont tombés lors de la bataille de la Somme : comme à Verdun, les attaquants sont plus touchés que les défenseurs. En outre, les civils eux-mêmes, soumis à l'occupation ennemie, rationnés à l'arrière, frappés par les drames de l'absence et du deuil, sont victimes d'une nouvelle forme de guerre qui atteint désormais l'ensemble de la population. Celle-ci se trouve immergée dans une culture de guerre fondée avant tout sur la ténacité et l'héroïsme des hommes de toutes origines qui se battent pour un sol devenu le leur, sacralisé par leurs morts. À ces différents titres, la bataille de la Somme marque un point de non-retour vers la « guerre totale ».
somptuaires (lois),
lois qui, au Moyen Âge et à l'époque moderne, ont pour but de restreindre les dépenses de luxe et, de manière plus générale, de réglementer les manifestations sociales et individuelles du luxe.
En 1279, Philippe III le Hardi édicte une première ordonnance somptuaire - largement reprise en 1294 par Philippe le Bel - qui régit aussi bien la qualité des vêtements que le nombre et la nature des mets, et cela pour les différentes catégories sociales du royaume de France (bourgeois ou, au sein de la noblesse, ducs, comtes, barons, chevaliers bannerets, écuyers). À cette première loi somptuaire succèdent, entre la fin du XIIIe siècle et le milieu du XIVe, plusieurs ordonnances restreignant l'achat et même la possession de pièces d'orfèvrerie. En 1363, Charles V prohibe les fameux souliers allongés, dits « poulaines », « cette superfluité étant contre les bonnes mœurs, en dérision de Dieu et de l'Église, par vanité mondaine et folle présomption ». La production de lois somptuaires ne s'interrompt pas à la Renaissance. François Ier interdit en 1543 les draps d'or et d'argent et, quatre ans plus tard, Henri II réglemente l'achat et la possession de vêtements luxueux ; en 1563, on limite à six le nombre de plats par service. Au XVIIe siècle, plus aucune réglementation n'est prise concernant les repas après l'édit de police de 1629, mais Louis XIV lui-même ne dédaigne pas de restreindre le luxe des habits et des équipages.