Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

franc. (suite)

Prévu par le traité de Maastricht, signé en 1992, le franc disparaît au 1er janvier 2002. La France ayant satisfait aux critères de convergence fixés, la monnaie unique européenne est mise en circulation, se substituant au franc en tant qu'unité de compte, instrument de paiement et réserve de valeur.

France.

Le nom « France » (en latin Francia) provient du royaume des Francs, regnum Francorum.

Au cours du Moyen Âge, on oublie cette référence, et, en même temps que s'élabore le mythe des origines troyennes de la France, se développe l'étymologie faisant de la France le pays des « francs » (au sens de « libres »).

Pourtant, durant le haut Moyen Âge, la France est bien le regnum Francorum, c'est-à-dire l'ensemble du territoire soumis à l'autorité des rois francs, y compris à l'est du Rhin. Fort logiquement, le terme recouvre la totalité de l'empire de Charlemagne et le partage de Verdun de 843 définit les contours de trois entités politiques : Francia occidentalis, Francia media, Francia orientalis. Commentant cet événement dans sa Chronique rédigée vers 1100, Hugues de Fleury y voit la naissance de la Francia, de l'Italia et de l'Alamania. À ce moment-là, et depuis un siècle environ, le nom « France » ne recouvre donc plus que l'ancienne partie occidentale du royaume des Francs. Mais ce terme désigne également, dans un sens encore plus restreint, le pays de la Seine moyenne, berceau du pouvoir capétien, et qui correspond plus ou moins à ce que l'on nomme aujourd'hui l'« Île-de-France ». Jusqu'au XIIIe siècle, c'est cette signification étroite qui domine, la Francia étant généralement considérée comme une partie du regnum Franciae (royaume de France). Mais avec l'affirmation du pouvoir capétien progresse la conception élargie du nom « France ». La chancellerie de Philippe Auguste l'utilise de plus en plus fréquemment, et celle de Saint Louis abandonne le vieux titre - désormais ambigu - de rex Francorum (roi des Francs) pour celui de rex Franciae (roi de France).

« France » est un nom de pays ; c'est aussi, dès la fin du Moyen Âge, une allégorie. D'abord voix désincarnée des nombreuses déplorations du XIVe siècle (telles les Lamentations de France, d'Eustache Deschamps), elle prend peu à peu les traits d'une dame, la « douce France » de la littérature courtoise, et est bientôt parée des atours de différentes vertus. Guerrière et royale, on la représente généralement vêtue d'une robe blanche recouverte d'un manteau bleu semé de lys sur lequel tombent ses longs cheveux blonds ceints d'une couronne. Mais elle peut également prendre la forme d'un jardin, autre image de l'idéal au XVe siècle. Le « Jardin de France » emprunte certains de ses traits (tels sa clôture, sa fontaine centrale et ses quatre fleuves) au paradis. La France apparaît bien, dans cette mythologie nationale en train de se construire, comme la rencontre entre un territoire et un roi très chrétien.

France (campagne de),

campagne de Napoléon Ier, de janvier à mars 1814, face aux armées d'invasion des Alliés (principalement la Russie, la Prusse, l'Autriche et l'Angleterre).

Après la défaite de Leipzig (1813), ce qui reste de la Grande Armée s'est replié sur le Rhin. Cette fois-ci, toutes les puissances européennes participent à l'assaut contre Napoléon. L'Empereur ne dispose que de troupes épuisées, renforcées par des contingents de jeunes hommes levés par anticipation. Le plan d'invasion des coalisés est adopté le 7 novembre 1813 : deux armées doivent se porter sur le Rhin. Napoléon décide de pallier son infériorité numérique en faisant retraite pour regrouper ses forces en Champagne. La première offensive française (janvier 1814) vise à séparer les armées de Blücher et de Schwartzenberg. C'est un échec. Mais Napoléon réussit à profiter des divisions entre les commandants alliés : il écrase une partie de l'armée de Blücher à Champaubert le 10 février, puis le lendemain à Montmirail, et enfin, le 12 février, à Château-Thierry. Pourtant, les opérations menées contre les Autrichiens à la fin du mois de février ne connaissent pas le même succès ; début mars, l'Empereur doit se lancer à la poursuite de Blücher, qui a reçu des renforts. La suite de la campagne se résume à une série d'engagements qui ne font que retarder les armées d'invasion. Napoléon doit se replier sur Paris à la fin du mois de mars.

Les opérations de la campagne de France passent pour être l'un des exemples les plus réussis de lutte contre des forces supérieures en nombre, mais ce ne sont que des « victoires à la Pyrrhus » : Napoléon doit abdiquer le 11 avril.

France (île de),

nom donné par les Français à l'île Maurice, colonie française de 1722 à 1810.

Après l'avoir occupée à la fin du XVIe siècle, les Hollandais, qui l'ont appelée « Mauritius » en l'honneur du stathouder Maurice de Nassau, abandonnent cette île en 1710. En 1715, le gouverneur de l'île Bourbon en ordonne la prise de possession, et lui donne le nom d'« île de France », mais l'occupation n'est effective qu'en 1722, lorsque le chevalier de Nyon devient gouverneur. La mise en valeur du territoire reste alors très modeste. Toutefois, François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de 1735 à 1740, donne une vive impulsion à la colonie : aménagement du port, construction d'une citadelle et transfert du siège de l'administration des îles Mascareignes à Port-Louis, la capitale. Le monopole du gouvernement de l'île par la Compagnie des Indes prend fin en 1767, et l'administration royale encourage le développement des plantations et le peuplement - 20 000 habitants (dont 18 000 esclaves) en 1766, 43 000 (dont 36 000 esclaves) en 1788. Cependant, les efforts de l'intendant Pierre Poivre pour acclimater des épices n'aboutissent pas.

Les planteurs se rebellent contre le Directoire en 1796 ; aussi la population servile n'a-t-elle pas connaissance du décret d'abolition de l'esclavage que la Convention a adopté en 1794. Sous l'Empire, Port-Louis devient un redoutable nid de corsaires (Surcouf, Deschiens) qui réussissent à prendre plus de 200 vaisseaux aux Anglais. La victoire navale française de Vieux-Grand-Port (août 1810) et la brillante défense terrestre du gouverneur Decaen ne peuvent empêcher la capitulation devant un corps expéditionnaire anglais, le 3 décembre 1810. Devenue colonie britannique au traité de Paris (1814), l'île de France prend le nom d'« île Maurice », mais demeure, jusqu'à son indépendance (1968), et au-delà, un foyer de francophonie dans l'océan Indien.