Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
O

Ormée (révolte de l'),

épisode révolutionnaire apparu au sein de la Fronde bordelaise (1651-1653).

L'Ormée est un mouvement radical qui émerge au milieu des luttes de factions dont Bordeaux est le théâtre dans les années 1649-1651, et qui tient son nom d'une place ombragée où des membres du « menu peuple » avaient pris l'habitude de se rassembler. Issus de la petite et moyenne bourgeoisie des métiers et des offices, les ormistes s'organisent en confrérie, se dotant d'un symbole (une cocarde de paille) et d'une devise (Vox populi, vox Dei). Dans leurs programmes (« Manifeste des Bourdelois », « Articles de l'Union »), ils formulent des revendications d'inspiration démocratique et égalitaire, où l'on reconnaît parfois l'influence des « niveleurs » anglais (faction radicale apparue au cours de la révolution anglaise de 1649). Invoquant les « antiques libertés » bordelaises, ils dénoncent tout à la fois la tyrannie fiscale du pouvoir central et la confiscation du pouvoir local par l'oligarchie marchande et parlementaire. Lorsque le parlement de Bordeaux, inquiet de la radicalisation du mouvement, veut interdire les assemblées, les ormistes s'emparent du pouvoir municipal, avec la complicité des agents de Condé (juin 1652). L'Ormée tente alors d'instaurer un nouveau type de pouvoir urbain reposant sur une assemblée de cinq cents personnes, un « conseil des trente », périodiquement renouvelable, et une milice. Face au blocus de la ville par les troupes royales, elle impose des mesures de « salut public » dont sont victimes les notables, suspectés de pactiser avec Mazarin. Mais, paradoxalement, l'Ormée tire sa force de l'appui, non dénué d'intentions manipulatrices, de Condé. Aussi, lorsque dans l'été 1653 ce dernier se rapproche de la cour, le sort de l'Ormée est-il scellé : les assemblées sont interdites, et Dureteste, son chef, est exécuté, mettant un terme à cette expérience de « république urbaine ».

Orry (Philibert),

comte de Vignory, contrôleur général des Finances (Troyes 1689 - château de La Chapelle-Godefroy, près de Nogent-sur-Seine, 1747).

Son action a bénéficié de la plus grande longévité à ce poste au XVIIIe siècle (1730-1745), à l'ombre de l'autorité du cardinal de Fleury, de 1726 à 1743.

Orry est le fils d'un maître verrier enrichi, anobli et devenu contrôleur général des Finances du jeune roi d'Espagne Philippe V, petit-fils de Louis XIV. Ce père fortuné lui ouvre une carrière de grand administrateur en lui achetant des charges de capitaine de cavalerie (1708), de magistrat à Metz (1713), puis à Paris (1715). Orry est ensuite nommé intendant de Soissons (1722), du Roussillon (1727), de Flandre (1730), enfin appelé en 1730 au contrôle général des Finances, et ministre d'État (1736). Rigoureux et efficace, il rétablit l'impôt du dixième lors des guerres de la Succession de Pologne, puis d'Autriche, et réussit en 1739-1740 à équilibrer les comptes du Trésor à la faveur de la paix, à force d'économies (augmentation du « don gratuit » de l'Église et relèvement du bail de la Ferme générale).

Ainsi doté de moyens d'action, et sur la base de l'information économique et sociale rassemblée sans relâche à sa diligence (telle la novatrice enquête démographique initiée en 1745), ce mercantiliste multiplie les interventions de l'État en faveur de l'industrie et du commerce. Il distribue les monopoles de fabrication, étoffe les règlements que des ingénieurs des manufactures très actifs sont chargés de faire appliquer, lutte durement contre les coalitions ouvrières, comme à Lyon en 1744. Il favorise le commerce colonial avec les Indes et le Canada, et renforce le protectionnisme, cependant qu'il lance une ambitieuse politique d'aménagement du territoire favorable à l'essor du commerce intérieur. Il fait ainsi creuser le canal de Crozat (de Saint-Quentin) et, surtout, met sur pied un grand plan de développement d'un réseau routier hiérarchisé, fondé sur une corvée royale généralisée (1738) et l'étoffement du corps des Ponts et Chaussées réorganisé par l'intendant des Finances Trudaine. Également directeur général des Bâtiments du roi (1737-1745), Orry agrandit le château de Versailles, protège les artistes et favorise la création en rétablissant au Louvre les expositions de peintures et de sculptures, suspendues depuis 1704. Étranger au clan financier des frères Pâris (les mentors de la nouvelle favorite Mme de Pompadour), il est remplacé en 1745 par Machault d'Arnouville, et se retire dans le château champenois acquis par son père.

Orsini (attentat d'),

attentat perpétré contre l'empereur Napoléon III.

Le soir du 14 janvier 1858, le couple impérial, qui se rend à l'Opéra, échappe à un attentat fomenté par l'Italien Felice Orsini. Les trois bombes lancées par le révolutionnaire romagnol font huit morts et de nombreux blessés. Cette tentative d'assassinat avait pour objectif, semble-t-il, de susciter en France une révolution qui aurait ensuite gagné l'Italie. La réaction de Napoléon III ne se fait guère attendre : pressé de réagir par son entourage, qui mesure, affolé, combien le pouvoir repose sur une seule personne, l'empereur met en place un Conseil privé, chargé de l'assister et d'assurer, dans l'hypothèse où il viendrait à disparaître, la régence. À la création de cette nouvelle instance, composée du roi Jérôme, du prince Napoléon et des principaux ministres, s'ajoute une vaste campagne d'arrestations, en particulier dans le Midi, et de surveillance de l'opposition. Ce renforcement de l'Empire autoritaire, symbolisé par la nomination du général Charles Espinasse au ministère de l'Intérieur et de la Sûreté générale, est systématisé par la loi de sûreté générale (février 1858). Vite baptisée « loi des suspects », elle permet notamment d'arrêter et d'exiler sans procès toute personne condamnée depuis 1848 pour des raisons politiques. Quelques mois plus tard, la loi n'est plus appliquée ; en juin, Espinasse quitte ses fonctions. Mais, entre-temps, la répression a fait plus de quatre cents victimes, déportées, pour la plupart, en Algérie.

ost,

mot du registre militaire (du latin hostis, « ennemi »), mais qui prend des sens variés selon les époques médiévales.