clubs révolutionnaires, (suite)
Quelle place pour une puissance rivale de l'Assemblée ?
• Mais cette forme d'exercice de la souveraineté se heurte à des résistances importantes dans le déroulement même de la Révolution. Le 29 septembre 1791, Le Chapelier affirme que la Révolution est terminée, la Constitution, fixée, et que ces sociétés populaires nées de « l'enthousiasme pour la liberté », qui « au temps des orages », avaient su « rallier les esprits, former des centres communs d'opinion, faire connaître à la minorité opposante l'énorme majorité qui voulait, et la destruction des abus, et le renversement des préjugés », sont devenues des facteurs de désordre. Il reproche en particulier aux Jacobins leur système d'affiliation en province, et la correspondance entretenue entre le club parisien et les sociétés populaires associées. Les clubs révolutionnaires posent, en effet, des questions fondamentales à la Révolution. Entre l'individu-citoyen et la nation représentée, y a-t-il place pour des groupes ayant une existence politique propre ? Sont-ils voués à soutenir le gouvernement, ou à le critiquer ? Cette critique doit-elle être erratique, ou organisée par la société mère ? L'opinion produite doit-elle être unanime, ou rendre lisibles les litiges ? Le débat sur les sociétés et les clubs s'est, de fait, focalisé sur le rôle spécifique des Jacobins. Lorsque, le 6 fructidor an III (23 août 1795), Jean-Baptiste Mailhe présente le rapport qui doit conduire à la dissolution des sociétés populaires et des clubs, ce sont eux qu'il vise essentiellement. Il leur reproche d'avoir été les agents de la Terreur, grâce à une grande homogénéité politique et administrative, acquise, à partir de juin 1793, au prix d'épurations successives ; il stigmatise ce réseau qui prétend être le peuple souverain et s'organise en « puissance rivale et oppressive de ses représentants ». Les clubs avaient fait preuve de conformisme révolutionnaire en l'an II, mais leur non-conformisme oppositionnel en l'an III les vouait à disparaître corps et âme.