principal organisme de gouvernement de la monarchie ; lieu de débats et d'arbitrages, qui fait l'objet d'un éclatement progressif lié à l'accroissement des tâches et à leur répartition.
Les origines médiévales.
• Le Conseil du roi est issu de la curia regis (« cour du roi ») médiévale, réunion des grands vassaux du roi et des personnalités les plus marquantes de son entourage. Dans la société féodale, le conseil est un devoir du vassal envers son seigneur. Auprès des premiers Capétiens, il est exercé par divers groupes : d'abord évêques et comtes, puis châtelains de l'Île-de-France, grands officiers, et, enfin, chevaliers royaux. Le terme de consiliarus s'applique, à partir de Louis VII (1137-1180), aux familiers du roi qui le servent de façon régulière au sein de la curia regis. Les affaires de plus en plus nombreuses et spécialisées qui y sont traitées imposent une répartition progressive des tâches : s'en détachent ainsi, au XIIIe siècle, le parlement pour la justice et la Chambre des comptes pour les finances. Cependant, ces organes se réclament toujours du Conseil, car celui-ci est, en théorie, unique. Le Conseil du roi conserve les affaires générales : en effet, la tradition politique insiste sur le fait que le roi ne doit pas agir sans conseil. Toutefois, le Conseil n'a pas d'existence propre : il ne tient son autorité que du souverain, et celui-ci n'est pas tenu de suivre ses avis. Selon les jours, il aborde différentes matières, de façon assez informelle dans un premier temps, et sa composition n'est pas fixée mais dépend d'un appel. Siéger au Conseil est un enjeu sérieux de luttes à la fin du Moyen Âge. La complexité et l'ampleur du labeur obligent à établir un calendrier, et empêchent bientôt le roi de pouvoir assister à toutes les séances. Il en résulte une organisation élaborée, où se distinguent deux grands types de conseils.
Une organisation complexe.
• Le roi assiste en personne aux conseils de gouvernement. Il y appelle qui bon lui semble. Le nombre de participants reflète l'autorité du monarque : à la cohue relative des époques de régence répond la sévère fermeture de 1661, lorsque Louis XIV impose sa marque. Le Conseil secret (ou étroit) du XVIe siècle devient « Conseil d'en haut » en 1643. S'y ajoutent un Conseil financier, à éclipses au XVIe siècle, stabilisé sous Louis XIV, puis le Conseil des dépêches, né sous la Fronde. Ce dernier, chargé des affaires intérieures du royaume, joue un rôle croissant, et le Conseil d'en haut se limite bientôt aux (très importantes) affaires étrangères. Plus restreint encore que ces structures officielles apparaît souvent un conseil suprême informel réunissant autour du roi une, deux ou trois personnes, pour des questions particulièrement délicates ou secrètes. À l'inverse se développent des conseils où le roi ne siège pas, mais où toutes les décisions sont prises en son nom. Ils sont présidés par un chancelier, et chargés de tâches ordinaires de gestion et d'administration. Un personnel stable et spécialisé de conseillers d'État et de maîtres des requêtes y travaille. La section judiciaire, la plus ancienne, traite des problèmes de justice retenue ou de cassation, et met en forme édits et ordonnances. Ce Conseil privé - ou « des parties » - joue un rôle important jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. La section chargée du contentieux financier, appelée « Conseil d'État et des finances » ou « Conseil ordinaire des finances », prend son essor au XVIIe siècle, mais voit, en revanche, son rôle de plus en plus limité par les services du contrôle général des finances. C'est, en fait, un trait général de l'évolution à partir de Louis XIV : les conseils sont maintenus, mais leur rôle effectif se réduit. D'une part, le roi traite de plus en plus directement avec les responsables des divers « ministères ». D'autre part, les comités, les commissions spécialisées et les bureaux s'emparent d'un nombre croissant de responsabilités, voire de décisions. À la mort du Roi-Soleil (1715), une tentative systématique de gouvernement par conseils, la polysynodie, échoue rapidement (1718), marquant l'impossibilité d'un retour radical aux formes anciennes de la monarchie. Le Conseil du roi disparaît avec la Révolution, et c'est vainement qu'en 1814 le Premier chancelier de Louis XVIII essaie d'en ranimer les structures.