Corday d'Armont (Marie Anne Charlotte), (suite)
Elle arrive dans la capitale le 11 juillet, rédige le 12 une « Adresse aux Français, amis des lois et de la paix », qui appelle au soulèvement contre l'oppression montagnarde, et parvient le 13, sous prétexte de lui faire des révélations sur les affaires de Caen, à s'introduire chez Marat. Ce dernier, souffrant d'une grave maladie de peau, la reçoit dans son bain ; tandis qu'il note ses propos, elle le poignarde. Traduite devant le Tribunal révolutionnaire, elle revendique son acte, avec une sérénité et une détermination qui impressionnent, assurant avoir tué le « monstre » pour faire cesser les troubles et sauver la patrie : sa démarche rejoint la logique sacrificielle de Marat, réclamant sans cesse des têtes pour éviter un carnage. Le 17 juillet 1793, elle monte sur l'échafaud revêtue de la chemise rouge des parricides. Sa douceur et sa fermeté subjuguent le public. Dans la presse modérée, le portrait héroïque de la belle Charlotte s'oppose d'emblée à celui de Marat, dont le corps en putréfaction est resté exposé pendant sept heures lors de la grande pompe funèbre du 16 juillet. Confrontées à un tel contraste, les autorités parisiennes dénoncent, le 21 juillet, « l'éloge imposteur » de l'assassin et favorisent le culte de l'« ami du peuple », préambule à celui des martyrs de la liberté, qui élargit le consensus en faveur des montagnards. Les espoirs de Charlotte Corday se révèlent ainsi un échec, d'autant que c'est avec la mort de Marat que débute le processus qui mettra la Terreur à l'ordre du jour.