Maroc, (suite)
L'exil du sultan et son remplacement par son oncle Mohammed Ben Arafa, un figurant sans prestige, créature du pacha el-Glaoui, engendrent une crise généralisée : des manifestations de fidélité au souverain déchu se multiplient et de graves émeutes ensanglantent le pays. Une armée de libération nationale s'organise en zone espagnole, avec la faveur des autorités (le régime franquiste et le général García Valino, haut-commissaire à Tétouan, montrent beaucoup de sympathie pour les nationalistes), tandis que le résident libéral Gilbert Grandval est quasiment expulsé par les Européens (31 août 1955). Après avoir pris l'avis des divers courants politiques marocains réunis à la conférence d'Aix-les-Bains (août 1955), le ministère Edgar Faure estime qu'Arafa ne peut être maintenu sur le trône : un conseil de régence est mis en place. Le sultan Ben Youssef est ramené en France et les accords de La Celle-Saint-Cloud (5-6 novembre 1955) prévoient la formation d'un gouvernement de transition et l'ouverture de négociations qui doivent reconnaître au Maroc le statut d'« État indépendant uni à la France par les liens d'une interdépendance librement consentie ». Une déclaration commune consacre l'abolition du protectorat (2 mars 1956) et donc le rétablissement de l' indépendance du Maroc. Les accords d'« interdépendance » (en fait, de coopération) sont signés le 28 mai 1956. Dans le même temps, le pays retrouve son unité, après l'abolition du protectorat espagnol et la suppression du statut international de Tanger. Le 14 août 1957, le sultan prend le titre de roi, sous le nom de Mohammed V, et l'appellation de « royaume du Maroc » est substituée à celle d'« Empire chérifien ».