Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
E

empereurs gaulois,

nom donné à des généraux gallo-romains qui prennent le titre impérial en Gaule entre 258 et 273.

La crise économique et politique qui touche l'Empire romain dans le courant du IIIe siècle suscite, à chaque extrémité de l'Empire, des sécessions provinciales. À l'instar de la reine Zénobie, qui conteste la tutelle de Rome sur Palmyre, des généraux gallo-romains en lutte contre les Barbares prennent le titre impérial en Gaule pour défendre avec plus d'efficacité la frontière rhénane.

Lorsqu'en 260 l'empereur Valérien est fait prisonnier par le roi des Perses Sapor Ier, l'armée rhénane proclame empereur le général gallo-romain Postumus. Les pièces de monnaie que ce dernier fait frapper portent une mention impériale et le titre de « restaurateur des Gaules ». Installé à Trèves et à Cologne, Postumus doit en effet combattre les Alamans et les Francs au cours de campagnes annuelles. S'il a derrière lui les provinces du nord de la Gaule – Belgique et Germanie –, les provinces du Sud – Narbonnaise, Aquitaine et Lyonnaise – restent en grande partie favorables à l'empereur légitime Gallien, fils et successeur de Valérien. À partir de 265, les offensives de Gallien en Gaule affaiblissent Postumus, qui est assassiné par ses soldats en 268. Après quelques mois d'anarchie, Victorinus prend à son tour le titre d'empereur et dévaste en 269 la ville d'Autun, en lutte contre les empereurs de Gaule et ralliée à l'empereur légitime Claude II le Gothique. En 270, Tétricus, gouverneur d'Aquitaine, succède à Victorinus, et reprend les expéditions contre les Alamans. Issu de la grande aristocratie foncière de Gaule, et non de l'armée du Rhin comme ses prédécesseurs, c'est presque naturellement qu'il se rend en 273 à l'empereur Aurélien, qui a entrepris la réunification de l'Empire.

Loin d'être un soulèvement national, l'action des empereurs gaulois témoigne au contraire de l'attachement de ceux-ci à la paix romaine : si les généraux gallo-romains prennent le pouvoir, c'est afin d'assurer une défense énergique de la Gaule contre les rapines des Barbares. Tout au long du IIIe siècle, en effet, la frontière rhénane a été dégarnie de ses troupes, qui avaient été envoyées livrer ailleurs des guerres civiles. Les empereurs gaulois n'ont donc pas de visée sur Rome, mais veulent défendre localement l'Empire romain contre les menaces d'invasions. Leur entreprise se heurte toutefois à l'aristocratie foncière du sud de la Gaule, hostile à une armée de soldats germaniques qui fait pourtant toute la force des empereurs gaulois.

Empire (Premier).

Le Premier Empire est le régime politique de la France de décembre 1804 à juillet 1815, avec une interruption entre avril 1814 et mars 1815 (première Restauration).

Proclamé empereur en 1804, Napoléon Bonaparte règne sur la France sans opposition, jusqu'en 1814. Son règne correspond à dix années de guerre ininterrompue, marquées par d'éclatantes victoires telles qu'Austerlitz, Iéna et Wagram. En 1811, Napoléon est à l'apogée de son pouvoir. Le Grand Empire englobe alors sous sa domination près de la moitié de l'Europe continentale, et la France n'a plus d'adversaires, à l'exception de l'Angleterre. La naissance d'un fils, le roi de Rome, peut faire croire à Napoléon qu'il a fondé une nouvelle dynastie, celle des Bonaparte, dont des représentants règnent à Naples, Madrid et Cassel. Pourtant, l'écroulement de cet Empire, à la suite de la désastreuse campagne de Russie, est rapide. Partout en Europe éclot le sentiment national. Exilé à l'île d'Elbe après son abdication en avril 1814, Napoléon tente un retour, qui s'achève, cent jours plus tard, en juin 1815, à la défaite de Waterloo.

Les fondements de l'Empire

Les fondements de l'Empire sont contradictoires. D'un côté, Napoléon recherche par le sacre, célébré en présence du pape à Notre-Dame le 2 décembre 1804, une légitimité qui le placerait sur le même plan que les autres souverains. Il souhaite fonder en France une nouvelle dynastie, la quatrième, celle des Bonaparte, qui prendrait la suite des Mérovingiens, des Carolingiens et des Capétiens. Il espère aussi, par ce geste, priver les Bourbons du soutien de l'Église, consolider son influence dans les pays catholiques annexés à la France (tels la Belgique ou le Piémont) et désarmer la Vendée. Mais, d'un autre côté, le fait qu'il se couronne lui-même souligne qu'il ne tient son pouvoir que de lui, et le serment qu'il prête à l'issue de la cérémonie confirme qu'il est le rempart des conquêtes de la Révolution. Il jure, en effet, de faire respecter « l'égalité des droits, la liberté politique et civile, l'irrévocabilité des ventes des biens nationaux » et promet de « ne lever aucun impôt, de n'établir aucune taxe qu'en vertu de la loi ». Le sacre a en outre été précédé d'un plébiscite par lequel les Français reconnaissent le pouvoir impérial. La Constitution de 1804 est l'autre fondement de l'Empire. Napoléon veut donc bénéficier d'une double légitimité : Dieu et la nation. À l'origine, le régime conserve les apparences républicaines. Ce n'est qu'en 1806 que disparaît le calendrier républicain ; et ce n'est qu'à partir de 1809 que les monnaies portent pour légende, sur le revers, la mention « Empire français » au lieu de « République française ». En réalité, Napoléon n'a qu'une légitimité : la victoire.

La troisième et la quatrième coalition

La guerre reprend avec l'Angleterre en 1803. Napoléon prépare un débarquement sur les côtes anglaises et concentre à cet effet des troupes à Boulogne-sur-Mer : pour leur faire franchir la Manche en toute sécurité, l'escadre de l'amiral Villeneuve est chargée d'attirer l'ennemi aux Antilles et de revenir à la hâte afin d'assurer leur embarquement. La manœuvre échoue, et Villeneuve s'enferme dans Cadix. Excédé par les reproches de Napoléon, il se décide à affronter Nelson au large du cap Trafalgar, le 21 octobre 1805, où il est battu. Sa flotte anéantie, Napoléon doit renoncer à ses projets de débarquement. Les Anglais en profitent pour reprendre l'initiative : ils mettent sur pied une nouvelle coalition (la troisième, après celles de 1793 et 1798) - qui comprend l'Autriche, la Russie et Naples - contre la France. Les Autrichiens attaquent en Bavière sans déclaration de guerre. Napoléon se porte à leur rencontre ; il oblige le général Mack à s'enfermer dans Ulm, où ce dernier capitule le 20 octobre 1805. Les Français s'emparent de Vienne et le choc décisif a lieu à Austerlitz, le 2 décembre 1805. Les forces austro-russes sont anéanties. Les conséquences de cette bataille sont considérables : la carte de l'Europe en est bouleversée. Par le traité de Presbourg du 26 décembre 1805 l'Autriche renonce à Venise, à l'Istrie et à la Dalmatie, désormais annexées au royaume d'Italie dont Napoléon est le souverain. Avec les États du sud de l'Allemagne, Napoléon crée la Confédération du Rhin, dont Francfort est la capitale et lui-même, le protecteur. François II en tire la conclusion que le Saint Empire romain germanique a vécu : il se contente désormais du titre d'empereur d'Autriche. Les Bourbons de Naples, coupables de s'être joints à la coalition, sont destitués par simple décret, le 27 décembre 1805. Napoléon envoie une armée contre eux et place sur le trône son frère aîné Joseph. Enfin, le 5 juin 1806, l'Empereur transforme la République batave en un royaume de Hollande confié à son frère Louis.