Poher (Alain),
homme politique (Ablon-sur-Seine, Seine-et-Oise, 1909 - Paris 1996).
Diplômé de l'École des mines et de l'École libre des sciences politiques, il devient administrateur civil au ministère des Finances. Mobilisé en 1940, il est évacué de Dunkerque par les Britanniques lors de la débâcle. De retour en France, il retrouve son poste ministériel, et entre dans le mouvement de Résistance Libération-Nord. Directeur de cabinet du ministre des Finances Robert Schuman (1946-1947), il adhère au MRP, et commence sa carrière de parlementaire au Conseil de la République en 1946 (mais n'est pas réélu en 1948). Il assume ensuite des fonctions gouvernementales (secrétaire d'État au Budget, 1948-1949 ; à la Marine, 1957-1958) et internationales, participant à la construction européenne, dont il est un partisan convaincu. Il retrouve un siège de sénateur en 1952, qu'il conservera jusqu'à sa mort. Il préside le Parlement européen de 1966 à 1968 et succède à Gaston Monnerville à la présidence du Sénat en 1968. Il s'oppose alors au projet de réforme du Sénat et de création de Régions proposé par le général de Gaulle. Après la victoire du « non » au référendum du 27 avril 1969 et la démission de De Gaulle, il assure l'intérim de la présidence de la République, avant de se présenter lui-même à l'élection présidentielle. Il est alors battu par Georges Pompidou (obtenant, au second tour, 42,4 % des suffrages, contre près de 58 pour son adversaire). Il retrouve l'Élysée pour un nouvel intérim en 1974, à la mort du président Pompidou. Après l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, alors que, sous l'influence de Charles Pasqua, la majorité sénatoriale résiste aux réformes souhaitées par François Mitterrand (projets sur la presse, l'enseignement privé, l'extension du champ du référendum), Poher joue du dialogue et de la fermeté, mais ne peut éviter les rivalités entre UDF et RPR : contre l'avis de ses amis centristes, il brigue un nouveau mandat à la tête du Sénat en 1989 (à l'âge de 80 ans). Élu difficilement grâce à l'appui du RPR, il ne se représente pas à sa propre succession en 1992.
poids et mesures.
Le système unifié de poids et mesures issu de l'Empire romain, et prolongé par les Carolingiens aux VIIIe et IXe siècles, disparaît dans le morcellement féodal du Xe au XIIIe siècle.
Néanmoins, les unités métrologiques les plus répandues, qui restent en usage jusqu'à la Révolution, sont, pour l'essentiel, héritées de Charlemagne. Elles sont souvent duodécimales : ainsi la toise, unité de longueur, divisée en six pieds, le pied en douze pouces, le pouce en douze lignes ; ou la livre, unité de compte monétaire, divisée en vingt sols et le sol en douze deniers. Mais la diversité des unités de poids et mesures est très grande. Par exemple, la lieue, la perche, le pied, et l'aune pour les tissus, mesurent des longueurs ; l'arpent et la sétérée, des surfaces agraires ; la pinte est une unité de capacité pour les liquides ; la livre, l'once, et le boisseau ou le setier pour les grains, sont des mesures de poids, etc. De plus, sous un même vocable, chacune de ces unités voit sa valeur varier fortement selon les lieux et les époques : vers 1780, on dénombre dans la généralité de Paris quarante-huit sortes d'« arpents ». Enfin, certaines mesures tiennent compte de plusieurs paramètres socio-économiques à la fois : l'estimation d'une production agricole peut combiner l'espace et le temps de travail de la terre (journal, demi-jour, quarteron, hommée...) ; pour les grains, on peut user conjointement de mesures de masse (utilisées dans le transport assuré par l'homme ou par l'animal) et de volume, lesquelles s'imposent en cas de stockage. Or, à poids égal, le volume des céréales diffère (l'avoine est une fois et demie plus volumineuse que le froment), de sorte que de mêmes mesures de masse peuvent désigner des volumes variables d'une céréale à l'autre.
Des ferments unificateurs.
• À partir du XIVe siècle, plusieurs facteurs concourent, sinon à une unification des unités de poids et mesures, du moins à un lent mouvement de dépassement des microsystèmes. En effet, la croissance et l'accélération des échanges sur des espaces de plus en plus vastes rendent nécessaires des tables de conversion, utiles aux marchands pour les transactions internationales. En outre, du XVIe au XVIIIe siècle, la réfection des terriers (registres seigneuriaux énumérant notamment les baux en usage) ainsi que le passage de la corvée collective à la location en fermage (où la superficie devient un indicateur essentiel du revenu de la terre) contribuent à répandre l'usage des mesures géométriques (toise, verge) dans les campagnes. Enfin, aux XIVe et XVe siècles, le pouvoir royal tente d'affirmer son autorité sur la multiplicité des mesures : il se porte garant de la justesse des étalons locaux, dont il s'efforce d'attribuer le contrôle à ses agents (les prévôts) ou à des organisations reconnues (corporations) ; il se réserve la punition de la fraude à l'étalonnage et au mesurage ; il taxe l'acte de mesurage, effectué par des professionnels présents sur les marchés, les méthodes variant suivant les lieux et les époques (pour le grain, par exemple, remplir la jauge en tassant ou non, compter une mesure rase ou comble). La centralisation administrative des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles fait naître une nouvelle exigence royale, exprimée par la devise « Un roi, un poids, une mesure ». Ainsi, l'administration de la gabelle généralise l'usage du « minot » de sel à la vente dans ses greniers ; en 1540, François Ier voudrait rapporter les aunes du royaume à la toise de Paris, et, en 1557, Henri II tente de faire adopter partout en France les mesures parisiennes de longueur, surface, poids, volume, etc. ; autour de 1670, Louis XIV entreprend une uniformisation des étalons de mesure, renouvelée au XVIIIe siècle sous la pression de ceux - écrivains, savants, marchands, industriels, administrateurs - qui portent un regard uniformisateur et quantitatif sur le royaume et ses productions. Des copies de la toise dite « du Pérou », construite à Paris selon des exigences scientifiques pour l'expédition de La Condamine (réalisée en 1735 pour mesurer la longueur d'un arc de méridien de 1 degré), sont par exemple envoyées comme étalon légal dans les villes de province, en 1766. Cependant, les évolutions dans le domaine de la métrologie paraissent souvent trop lentes : en 1789, de très nombreux cahiers de doléances réclament une réforme pour unifier les poids et mesures du royaume, qui débouchera sur le système métrique.