Bourse, (suite)
La dynamisation du marché boursier.
• Tout au long du XXe siècle, les cours de la Bourse suivent une évolution chaotique : l'inflation des années 1915-1926 et la chute du régime tsariste en Russie font perdre de l'argent aux épargnants ; ensuite, les cours remontent entre 1926 et 1930 ; jusqu'en 1954, la Bourse stagne en raison de la dépression des années trente, de la guerre, du poids des bons du Trésor dans l'épargne, des nationalisations de 1936 et de 1945-1946, qui soustraient des valeurs intéressantes au marché. Suivent une période de hausse des cours (1954-1962), due à la reprise économique, puis, de nouveau, des années de stagnation (1963-1968), avant l'entrée dans la crise (1973-1978). En 1977, la capitalisation boursière sur la place de Paris ne représente que 3,4 % de celle de New York, 13 % de celle Tokyo, 28 % de celle de Londres. L'État relance alors le marché afin de financer l'expansion. Il autorise la création de produits d'épargne alléchants (sicav), qu'il favorise par des avantages fiscaux. Les besoins des entreprises, les restructurations capitalistiques, les batailles boursières, stimulent la Bourse. Un mouvement à la hausse se développe de 1978 à 1987 et de 1990 à 1994, encouragé par les privatisations, qui permettent un accroissement spectaculaire du nombre de petits porteurs. Le marché parisien s'adapte aux énormes besoins de financement tant de l'État, surendetté, que des firmes multinationales ; il doit en outre devenir compétitif face aux marchés anglo-saxons et japonais. Après la fusion des marchés à terme et au comptant (1983), le marché financier entre dans l'ère de la déréglementation (1986-1988) : intégration des Bourses provinciales et parisienne dans un seul marché ; fin du monopole des agents de change avec le transfert de l'intermédiation à des « sociétés de Bourse » désormais contrôlées, pour la plupart, par les banques ; suppression en 1987 de la « corbeille » autour de laquelle s'effectuaient les transactions et mise en place d'un vaste système de gestion électronique par télétransmission.
Des marchés spécialisés sont créés pour faciliter l'insertion de la place parisienne dans les circuits de financement mondiaux : au marché des actions et obligations, complété par le « second marché » réservé aux firmes ouvrant leur capital, s'ajoutent des marchés d'options négociables (MONEP, 1987) et d'instruments financiers à terme (MATIF), qui sont segmentés en de multiples marchés hautement volatils.
L'intensification des contrôles et de la régulation répond à cette libéralisation : afin d'éviter la manipulation des cours, les délits d'initié, la diffusion d'informations tronquées, la spoliation des petits porteurs par des coalitions de financiers, les pouvoirs de la Commission des opérations de Bourse (COB), créée en 1967, sont étendus en 1988 ; la Société des Bourses françaises, créée la même année et qui gère le marché, renforce elle aussi le dispositif réglementaire.