jansénisme, (suite)
La mentalité de minorité persécutée s'exprime aussi dans l'attente eschatologique, dans le recours au merveilleux et au miracle, considérés comme le jugement de Dieu. Les manifestations les plus célèbres de cette eschatologie sont, à Paris, le miracle de la paroisse Sainte-Marguerite, dont le curé était « appelant », et l'épisode des convulsionnaires du cimetière de Saint-Médard, qui provoque une véritable « épidémie » de convulsions en province. Vers 1749, nombre d'évêques, avant de donner l'absolution, exigent des mourants un billet de confession attestant qu'ils reçoivent la bulle Unigenitus, d'où de nouvelles polémiques. La situation s'apaise pourtant. En 1754, une déclaration royale impose le silence total sur ces controverses ; en 1756, le pape Benoît XIV met fin aux polémiques par un bref pacificateur.
La loi du silence étant relativement respectée en France, dans la seconde moitié du siècle, le mouvement se développe plutôt aux Pays-Bas, où une petite Église schismatique s'est constituée à Utrecht en 1724, et en Toscane, où le grand-duc provoque un synode janséniste en 1786. Les actes de ce synode sont censurés par Pie VI, en 1794, dans la bulle Auctorem fidei. Les idées jansénistes et gallicanes sont désormais bannies du débat catholique. Durant la Révolution, si certains jansénistes sont un temps favorables à la Constitution civile du clergé, qui va dans le sens du richérisme, ils se divisent ensuite.
Au XIXe siècle, le jansénisme ne subsiste que dans un petit groupe de nostalgiques de Port-Royal ou comme mentalité religieuse sévère, hautaine et indépendante de tout pouvoir. Dans la langue elle-même, le mot est devenu synonyme de rigorisme moral, qui n'est pourtant pas l'aspect le plus caractéristique de ce mouvement. Celui-ci, en choisissant Dieu face à tous les autres pouvoirs, est d'abord un pionnier de la liberté absolue de la conscience.