Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
V

Valois-Angoulême,

branche cadette de la maison de Valois-Orléans qui régna sur la France de 1515 à 1589.

Descendant de Jean d'Orléans (1399-1467), comte d'Angoulême, troisième fils de Louis d'Orléans (lui-même fils cadet du roi Charles V), puis de Charles d'Angoulême (1459-1496), la lignée des Valois-Angoulême accède au trône avec François Ier (né en 1494), fils du précédent et de Louise de Savoie (1476-1531), qui succède à son cousin et beau-père Louis XII, mort sans héritier mâle en 1515.

Les Valois-Angoulême occupent le trône pendant trois générations. À François Ier (1515/1547) succèdent Henri II (1547/1559), puis les trois fils de ce dernier et de Catherine de Médicis, François II (1559/1560), Charles IX (1560/1574) et Henri III (1574/1589). Princes de la Renaissance, fascinés par l'Italie, les Valois-Angoulême encouragent les lettres et les arts et s'entourent d'une cour fastueuse. Grands législateurs, ils développent l'administration royale et préparent l'État absolutiste. À l'extérieur, ils mènent une lutte de longue haleine, aux résultats inégaux, contre les Habsbourg représentés par Charles Quint puis Philippe II. Mais, après la mort d'Henri II, le royaume, qui a été gagné par la Réforme, sombre dans les guerres civiles et religieuses, sur fond de difficultés économiques et financières. En 1589, l'assassinat d'Henri III, mort sans héritier direct, survenant après la disparition, en 1584, de son frère François d'Alençon, dernier fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, fait passer la couronne à Henri de Bourbon, roi de Navarre, qui devient roi de France sous le nom d'Henri IV.

Au-delà des jugements - parfois féroces - portés sur les derniers Valois-Angoulême, les historiens s'accordent aujourd'hui à leur reconnaître d'avoir maintenu, dans des circonstances parfois dramatiques, une certaine conception de l'État, dont les Bourbons recueilleront l'héritage.

Varennes (fuite et arrestation du roi à),

épisode et tournant de la Révolution au cours duquel Louis XVI s'enfuit pour gagner Montmédy, près de la frontière belge, mais est arrêté à Varennes-en-Argonne, le 21 juin 1791.

Depuis les journées d'octobre 1789 (les Parisiens avaient alors contraint la famille royale à quitter Versailles et à s'installer aux Tuileries), la liberté de mouvement du roi est très restreinte. Or, Louis XVI et la cour hésitent entre plusieurs stratégies de restauration du pouvoir monarchique : soit provoquer une guerre de diversion par laquelle le roi reprendrait l'initiative politique et le contrôle des troupes, soit faire appel à l'intervention directe des puissances étrangères pour écraser le mouvement révolutionnaire. Pour concrétiser cette seconde option, Louis XVI doit impérativement s'éloigner de la capitale et se rapprocher des États de l'empereur. Le peuple parisien ne s'y trompe pas puisque, le 18 avril, il empêche le roi de se rendre à Saint-Cloud, craignant une fuite vers Bruxelles. Les avertissements ne manquent pas : en mai, Marat et Fréron dénoncent les projets de la cour.

Le plan d'évasion est organisé par le comte de Fersen. Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, le roi, la reine, leur fille et le dauphin, accompagnés de Mme Élisabeth, sœur de Louis XVI, et de Mme de Tourzel, gouvernante des enfants, s'enfuient sous des déguisements, à bord d'une berline, en direction de Montmédy, où les attend le marquis de Bouillé. Louis XVI laisse derrière lui une déclaration proclamant sans ambiguïtés son rejet de la Révolution. Mais l'évasion est mal conçue et, surtout, les populations sont sur le qui-vive ; le roi rate le rendez-vous avec les hommes envoyés par Bouillé. Il est reconnu à Sainte-Menehould par le maître de poste Drouet, qui le fait arrêter à Varennes-en-Argonne. Pendant ce temps, à Paris, l'Assemblée a appris la nouvelle et, effrayée de ses conséquences politiques, invente la fable de « l'enlèvement » du roi pour gagner du temps, puis le suspend de ses fonctions. Elle délègue Pétion, Barnave et Latour-Maubourg pour aller chercher Louis XVI et sa famille. Une partie des patriotes et des clubs révolutionnaires réclament immédiatement la déchéance du roi. Le retour à Paris a lieu le 25 juin, sous les regards de Parisiens hostiles mais silencieux. Après avoir entendu la déposition de Louis XVI, l'Assemblée fait le choix de le rétablir sur son trône constitutionnel, le 16 juillet.

La fuite du roi marque un tournant dans la Révolution française : la popularité de Louis XVI est sérieusement écornée, et la répression du mouvement populaire qui suit la réinstallation du roi (fusillade du Champ-de-Mars, le 17 juillet) n'arrête pas la dynamique révolutionnaire. Malgré l'acceptation de la Constitution par Louis XVI, le 14 septembre, la monarchie constitutionnelle est ébranlée.

variole.

Cette maladie endémo-épidémique, se manifestant par d'impressionnantes éruptions cutanées, est l'un des principaux fléaux pathologiques qui, jusqu'au XIXe siècle, ont sévi en Europe occidentale.

La variole emportait 15 à 20 % des malades infectés et aurait été responsable, bon an mal an, de 10 % de la mortalité générale, pouvant en outre rendre aveugle ou défigurer ceux qui en réchappaient. Au-delà de cet aspect démographico-biologique, l'histoire de la « petite vérole », comme on nomme alors la variole, est inséparable de la geste épique de la médecine moderne et, plus simplement, de la lente diffusion, aux XVIIIe et XIXe siècles, d'une conception nouvelle de la santé publique. De l'inoculation à la vaccination universelle peut se lire en filigrane le développement d'une « biopolitique » triomphante.

Les vertus immunisantes du cow-pox (ou vaccine), maladie des bovins, sont connues depuis longtemps, de façon empirique, dans différentes parties du monde, en particulier en Asie et très probablement aussi dans certaines campagnes occidentales : la contamination involontaire par la vaccine - mal bénin pour l'homme - protège de la contagion variolique. Sur la base de cette observation commune, l'inoculation volontaire aurait donc été pratiquée depuis fort longtemps. Selon la tradition, l'introduction raisonnée de l'inoculation en Europe est due à lady Mary Wortley Montagu, épouse de l'ambassadeur d'Angleterre en Turquie, qui, après avoir fait inoculer son fils avec succès, aurait promu cette technique en Angleterre, dès son retour en 1718. Parvenue en France en 1754, la technique de l'inoculation gagne peu à peu du terrain par le biais de la cour et des catégories urbaines privilégiées. Mais elle n'est pas sans risques : elle divise donc le milieu médical et reste, au total, relativement marginale. L'inoculation est alors à l'image d'une médecine dont les fondements scientifiques ne sont pas encore posés, mais aussi à l'image d'une santé publique balbutiante, dont l'État n'a pas encore fait une priorité.