Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Wallon (Henri),

historien et homme politique (Valenciennes 1812 - Paris 1904).

Henri Wallon, issu d'une famille de la petite bourgeoisie, fait de brillantes études et devient en 1846 professeur suppléant de Guizot à la Sorbonne, après être passé par l'École normale supérieure. Il descend dans l'arène politique en 1848, après avoir publié un ouvrage intitulé l'Esclavage dans les colonies (1847). Secrétaire de la Commission pour l'abolition de l'esclavage, il est élu second suppléant en Guadeloupe lors des élections à l'Assemblée constituante. Déplorant la suppression de la chaire de Guizot à la Sorbonne, il rallie le parti de l'Ordre et est élu député du Nord à l'Assemblée législative, en 1849. Mais il démissionne en 1850, après le vote de la loi du 31 mai amputant le suffrage universel. Il retrouve alors une chaire de professeur titulaire d'histoire moderne à la Sorbonne et poursuit ses travaux sur l'histoire sainte, l'apologétique, la Terreur.

Sa véritable entrée en politique date de 1871. Le 8 février, il est à nouveau élu député du Nord, sur une liste conservatrice. Puis, à partir de 1874, il amorce un rapprochement avec le centre gauche, dans le souci de sortir des institutions provisoires. Le 30 janvier 1875, il entre dans l'histoire en faisant adopter - à une voix de majorité - le célèbre « amendement Wallon », qui fonde véritablement la République en établissant un septennat impersonnel : « Le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et par la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans ; il est rééligible. » Henri Wallon fait aussi voter, le 1er février, un autre amendement stipulant que le droit de dissolution accordé au président de la République est subordonné à l'accord du Sénat. Enfin, le 19 février, il est chargé de rédiger les dispositions relatives à la composition du Sénat, résultat d'un compromis entre le centre droit et le centre gauche. Henri Wallon apparaît donc comme le père de la Constitution de 1875. Le 11 mars, il devient ministre de l'Instruction publique dans le cabinet Buffet et fait voter la loi sur la liberté de l'enseignement supérieur. Il est élu de justesse sénateur inamovible le 18 décembre 1875. Sa carrière ministérielle prend fin avec l'arrivée au pouvoir des républicains, à l'égard desquels il adopte une attitude d'indépendance.

Wassy ou Vassy (massacre de),

massacre perpétré par les gens du duc François de Guise contre la population protestante de Wassy (ou Vassy), le 1er mars 1562.

De passage dans cette ville à son retour de Lorraine, François de Guise apprend que le culte réformé a lieu dans une grange située à l'intérieur des murs, et non en dehors, comme l'exige l'édit de tolérance promulgué au mois de janvier. Cette célébration lui paraît constituer une provocation. Il se rend aussitôt sur les lieux en compagnie de son escorte, qui riposte aux jets de pierres des huguenots par des coups d'arquebuse. Les estimations du massacre varient considérablement selon les contemporains - elles dépendent, naturellement, de leurs affinités confessionnelles - et il reste hasardeux, aujourd'hui encore, d'avancer des chiffres précis. Si Agrippa d'Aubigné, dans son Histoire universelle, parle de « trois cents personnes esteintes en ce jour », il semble qu'il n'y eut qu'une soixantaine de morts et cent à deux cents blessés. Quoi qu'il en soit, cet épisode marque le début des guerres de Religion. Il s'agit, selon l'expression de Jean Delumeau, d'une « première Saint-Barthélemy », qui porte un coup meurtrier à la politique de modération menée jusqu'alors par Catherine de Médicis : la perspective d'une réconciliation des partis religieux sous l'égide du pouvoir civil s'estompe pour plus de trente années.

Le 1er mars 1962, pour commémorer l'événement sous le signe de la réconciliation confessionnelle, catholiques et protestants ont prié ensemble sur les lieux du massacre.

Waterloo (bataille de),

dernière bataille de l'ère révolutionnaire et impériale, remportée le 18 juin 1815 par les armées anglo-hollandaise et prussienne, commandées par Wellington et Blücher, sur l'armée française de Napoléon.

Après les combats du 16 juin - un engagement indécis à Quatre-Bras contre Wellington, une victoire française à Ligny sur les Prussiens -, les belligérants opèrent des choix stratégiques qui vont influer sur la bataille du 18 : les alliés font retraite parallèlement, en vue de réunir leurs armées, alors que Napoléon détache Grouchy à la poursuite de Blücher.

Wellington a choisi de s'établir sur le plateau du Mont-Saint-Jean, une position forte, peu étendue, précédée de points d'appui (Hougoumont, La Haie-Sainte). La bataille s'engage vers 11 heures 30, par une canonnade française peu efficace et par une attaque de diversion sur Hougoumont. Alors que se précise à l'est la menace prussienne (Bülow), l'assaut principal débute vers 13 heures 30, à la charnière du centre et de l'aile gauche ennemie. Il est repoussé par l'infanterie puis par la cavalerie anglaise, un grave échec qui compromet la suite de la bataille. De 15 heures 30 à 18 heures, sous les ordres de Ney, l'ensemble de la cavalerie française effectue plusieurs charges brillantes mais désespérées, impuissantes à rompre le centre du dispositif anglais, l'infanterie disponible étant engagée tardivement. À 18 heures, les Français prennent enfin La Haie-Sainte, succès qui rend vulnérable la ligne anglaise. Mais, depuis 14 heures, Napoléon ne dispose plus de réserves d'infanterie, hormis la Garde impériale, et à partir de 16 heures 30, il combat sur deux fronts. À un contre trois, les divisions de Lobau, renforcées par la jeune Garde, soutenues par la vieille Garde, bloquent l'armée prussienne en avant puis à hauteur de Plancenoît, qui est perdu vers 18 heures. La Garde refoule alors les Prussiens, mais leur pression a permis à Wellington de réorganiser ses troupes. Après 19 heures, l'attaque tardive de la vieille Garde est contenue puis repoussée, alors que l'aile droite française s'effondre du fait de l'arrivée de nouveaux corps prussiens. La contre-attaque anglaise signe la déroute de l'armée française, qui s'échappe grâce à la résistance des carrés de la vieille Garde et des unités de Plancenoît.