instrument de décapitation des condamnés à mort, en usage de 1792 à 1981.
La guillotine, conçue sous la Révolution, devient vite un symbole monstrueux et fantastique, bien éloigné de sa vocation « humanitaire » première : c'est en effet dans le but d'abréger les souffrances des condamnés que, le 1er décembre 1789, Joseph Ignace Guillotin, médecin et député de Paris, propose à la Constituante d'utiliser une machine à décapiter alliant précision et rapidité. Il s'agit de mettre fin aux supplices d'Ancien Régime, de substituer aux horreurs de la roue ou du bûcher, mais aussi au privilège de la peu fiable décapitation à l'épée - réservée à la noblesse - et à l'infamie de la pendaison, un mode d'exécution conforme à « l'âge de la Raison et de l'Égalité ». Toutefois, nombreux sont ceux qui contestent, dès sa création, l'instantanéité de la mort par guillotine. En mars 1792, c'est le docteur Antoine Louis, membre de l'Académie de chirurgie, qui conçoit l'appareil. Contacté par la Législative après le vote du Code pénal, en septembre 1791, celui-ci s'inspire de dispositifs qui existaient en Europe dès le XIIe siècle, et perfectionne le système utilisé en Écosse (maiden).
La première exécution par décapitation mécanique - celle d'un voleur nommé Pelletier - a lieu le 25 avril 1792 à Paris, et la première « guillotinade » politique, le 21 août suivant, au lendemain de la chute de la monarchie. Cependant, la brièveté de l'exécution et le manque de visibilité appauvrissant le caractère démonstratif et réparateur du châtiment réservé aux ennemis de la Révolution, les révolutionnaires inventent pour le « glaive de la liberté » un rituel théâtral (exposition permanente de l'échafaud, lent parcours en charrette, exhibition de la tête coupée). Avec les exécutions en série - les fournées - de la Grande Terreur (juin 1794), le « rasoir national », la « Sainte Guillotine », qui produit des flots de sang et provoque la superstition et la férocité des spectateurs, devient ce monstre froid et infernal dénoncé après Thermidor, image barbare et réductrice de la Terreur, de la Révolution elle-même, voire de la République. Aussi la guillotine n'est-elle plus dressée au centre de la capitale (place de la Révolution, actuelle place de la Concorde) dès juin 1794.
Par la suite, devenue un instrument non plus politique mais social, « la veuve » est peu à peu soustraite aux yeux du public. Elle est placée aux portes des villes en 1832, puis devant l'entrée des prisons en 1851 ; l'échafaud sur lequel elle était juchée est supprimé en 1872 ; elle ne fonctionne plus qu'à l'intérieur des lieux de détention à partir de 1939, la peine de mort perdant alors en grande partie le caractère exemplaire que revendiquent ses partisans.