Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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Machault d'Arnouville (Jean-Baptiste de),

homme politique (Paris 1701 - id. 1794).

Issu d'une famille de robe, fils d'un lieutenant général de police, il commence en 1721 une carrière de magistrat au parlement de Paris. En 1743, il reçoit l'importante intendance du Hainaut. Administrateur consciencieux et tenace, il devient contrôleur général des Finances en 1745. La crise financière chronique de la monarchie, aggravée par la guerre de la Succession d'Autriche, le conduit à tenter une réforme en profondeur du régime fiscal. Il veut augmenter les contributions du clergé et des pays d'états, et imposer aux privilégiés des taxes permanentes, au lieu de leurs « dons gratuits ». En mai 1749, il crée un nouvel impôt égalitaire, le vingtième, prélevé sur tous les revenus des propriétés, charges et offices, frappant tous les particuliers, sans distinction de naissance. Mais cette tentative de réforme se heurte à l'opposition du parlement de Paris et des états provinciaux. Le clergé, lui aussi très hostile, obtient une exemption ; mais il s'oppose à nouveau à Machault en 1750 au sujet de l'édit sur les biens de mainmorte, qui tend à limiter ses propriétés. Louis XV recule dès 1751, et Machault est ensuite rétrogradé, en juillet 1754, au poste de secrétaire d'État à la Marine, malgré le soutien de Mme de Pompadour. En 1757, dans le climat d'agitation qui entoure l'attentat de Damiens, il se brouille avec celle-ci et tombe en disgrâce. Retiré sur ses terres, il vit assez longtemps pour voir les conséquences des refus successifs de la monarchie de réformer la fiscalité. Arrêté sous la Terreur, il meurt en prison à l'âge de 93 ans.

Mac-Mahon (Edme Patrice de),

duc de Magenta, maréchal de France et homme politique, premier président de la IIIe République, de 1873 à 1879 (Sully, Saône-et-Loire, 1808 - château de La Forêt, Loiret, 1898).

Descendant d'une famille catholique irlandaise, fils d'un pair de France, reçu en 1825 à Saint-Cyr, Mac-Mahon participe à l'expédition d'Alger et à la pacification de l'Algérie. Devenu général de division, rappelé à Paris en 1855, il commande une division en Crimée et s'empare du bastion de Malakoff le 8 septembre, lors de la prise de Sébastopol, un fait d'armes qui lui vaut un fauteuil de sénateur. Il participe ensuite à l'expédition qui soumet les Kabyles en 1857, puis, deux ans plus tard, à la guerre d'Italie. Artisan de la victoire de Magenta, il en retire les titres de duc de Magenta et de maréchal de France.

À partir de 1864, en tant que gouverneur général de l'Algérie, Mac-Mahon doit mettre en application le projet de « royaume arabe » annoncé par l'empereur Napoléon III. Mais il favorise plutôt les colons, tout en maintenant le régime militaire, et cherche à minorer l'ampleur de la famine qui décime les populations arabes en 1867-1868. Le succès du « non » en Algérie au plébiscite du 8 mai 1870 sanctionne l'échec de sa politique.

Rappelé en France en juillet lors de la déclaration de guerre à la Prusse, Mac-Mahon est vaincu à Woerth (6 août). Nommé à la tête de l'armée du camp de Châlons, il exécute, contre son gré, l'ordre d'opérer une jonction avec le maréchal Bazaine, bloqué à Metz. Ses troupes, concentrées autour de Sedan, sont encerclées ; lui-même est blessé et fait prisonnier. Il rentre à Paris le 18 mars 1871, et Thiers le nomme commandant des troupes de Versailles qui reprennent Paris aux communards. Lors de la Semaine sanglante, il ne condamne ni n'interdit les exécutions sommaires. Auréolé du « prestige » de la répression, il est élu président de la République, le 24 mai 1873, par la majorité conservatrice, afin de servir une éventuelle restauration.

S'il appuie la politique conservatrice d'« ordre moral », Mac-Mahon est hostile au drapeau blanc du comte de Chambord et, une fois son pouvoir consolidé par la loi du septennat du 20 novembre 1873, il défend les institutions existantes. Après le vote des lois constitutionnelles de 1875, il engage le conflit avec la nouvelle majorité républicaine à la Chambre des députés. Mécontent de l'attitude de Jules Simon qui n'a pas, selon lui, « conservé sur la Chambre l'influence nécessaire pour faire prévaloir ses vues », il le désavoue le 16 mai 1877, puis nomme un ministère conservateur et dissout la Chambre. Après la nouvelle victoire électorale des républicains en octobre, la crise prend fin avec l'acceptation par Mac-Mahon de sa défaite : il renonce à faire prévaloir une politique conservatrice et à dissoudre à nouveau la Chambre, avant de démissionner, le 30 janvier 1879, et de se retirer de la vie publique.

Madagascar,

ancienne colonie française (1896-1946), puis territoire d'outre-mer (1946-1958) devenu indépendant en 1960.

Les premières tentatives françaises d'établissement.

• Elles ont lieu dès le milieu du XVIIsiècle (fondation de Fort-Dauphin en 1643), mais demeurent sans lendemain. C'est au XIXe siècle que les marins français, évincés de l'île Maurice, s'intéressent de nouveau à Madagascar, où ils se heurtent à l'influence britannique qui semble prépondérante à la suite du traité anglo-malgache de 1817. Cependant l'île Sainte-Marie est réoccupée par les Français en 1821, et les îles de Nosy Be et de Mayotte sont acquises en 1840 et 1841. Quelques Français s'établissent à Tananarive, parmi lesquels Jean Laborde, fondateur d'établissements industriels (forges de Mantasoa), et surtout Joseph Lambert, qui, pendant le bref règne de Radama II (1861/1863), tente de fonder une Compagnie de Madagascar et d'asseoir l'influence française par un traité de commerce. Mais l'assassinat du roi ruine ces projets.

Un protectorat puis une colonie.

• En 1883, le contentieux engendré par la mort de Laborde entraîne une démonstration navale, et, le 17 décembre 1885, le traité de Tamatave établit le protectorat français ; un « protectorat fantôme » qui se heurte à l'opposition sourde de la reine et des ministres. Par un traité de 1890, Londres reconnaît ce protectorat, laissant à la France les mains libres pour envisager une épreuve de force. Après de nouveaux incidents entre la résidence et le gouvernement malgache, les relations sont rompues, en octobre 1894, le résident Le Myre de Vilers ordonne l'évacuation. L'expédition de reconquête, très mal préparée, aboutit cependant à la capitulation de Tananarive, le 30 septembre 1895. L'île est annexée, à la suite de la loi du 6 août 1896, et devient une colonie. La reine Ranavalona III est exilée, au cours de l'année suivante.