ligues. (suite)
Les ligues de l'entre-deux-guerres.
• La victoire d'une coalition de gauche aux élections de 1924 a pour conséquence l'apparition de nouvelles ligues, qui condamnent la complaisance supposée des radicaux à l'égard des communistes et leur inefficacité face à la chute de la monnaie. Issues de la vieille Ligue des patriotes, les Jeunesses patriotes, fondées par l'industriel Pierre Taittinger, présentent un aspect paramilitaire, par leur goût des uniformes et des parades, qui permet à certains observateurs d'évoquer le fascisme. Toutefois, Taittinger ne vise pas à établir une dictature mais poursuit le vieil objectif plébiscitaire : l'établissement d'un régime à prédominance présidentielle. Intégré par ailleurs au régime parlementaire, il se rallie sans difficulté à la formule d'Union nationale réalisée par Poincaré en 1926 et, à partir de cette date, met une sourdine aux actions de rue de ses troupes. La seule formation dont la doctrine présente quelque analogie avec le fascisme, le Faisceau, de Georges Valois, partisan de la création d'un système corporatiste permettant de surmonter les conflits qui déchirent la société libérale, ne rencontre qu'un succès éphémère, de 1924 à 1926.
La dernière agitation ligueuse, à partir de 1932, s'insère dans le climat de crise des années 1930. La ligue des Croix-de-feu du colonel de La Rocque, Solidarité française de l'industriel François Coty, le Parti franciste de Marcel Bucard, concurrencent les Jeunesses patriotes. Si les apparences - structure autoritaire centrée sur la personne du chef ; discipline militaire ; goût marqué pour les manifestations de masse - évoquent le fascisme, ces groupes poursuivent des objectifs sensiblement différents. Les Croix-de-feu sont, incontestablement, favorables à un régime autoritaire, mais elles se réfèrent beaucoup plus à une organisation sociale d'inspiration traditionaliste, dans l'esprit du conservatisme chrétien, qu'à une société totalitaire de type fasciste ou nazi. Le « francisme », qui fait moins d'adeptes, semble au contraire vouloir imiter le modèle mussolinien, alors que Solidarité française développe une thématique antisémite et vaguement « anticapitaliste », caractéristique des fascismes naissants. Dissoutes en juin 1936 par le gouvernement de Léon Blum, les ligues disparaissent du paysage politique : leurs cadres et leurs adhérents se regroupent en partis de masse qui acceptent désormais le jeu électoral. Ces partis disparaissent quelques années plus tard, en même temps que la IIIe République.