Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

ligues. (suite)

Les ligues de l'entre-deux-guerres.

• La victoire d'une coalition de gauche aux élections de 1924 a pour conséquence l'apparition de nouvelles ligues, qui condamnent la complaisance supposée des radicaux à l'égard des communistes et leur inefficacité face à la chute de la monnaie. Issues de la vieille Ligue des patriotes, les Jeunesses patriotes, fondées par l'industriel Pierre Taittinger, présentent un aspect paramilitaire, par leur goût des uniformes et des parades, qui permet à certains observateurs d'évoquer le fascisme. Toutefois, Taittinger ne vise pas à établir une dictature mais poursuit le vieil objectif plébiscitaire : l'établissement d'un régime à prédominance présidentielle. Intégré par ailleurs au régime parlementaire, il se rallie sans difficulté à la formule d'Union nationale réalisée par Poincaré en 1926 et, à partir de cette date, met une sourdine aux actions de rue de ses troupes. La seule formation dont la doctrine présente quelque analogie avec le fascisme, le Faisceau, de Georges Valois, partisan de la création d'un système corporatiste permettant de surmonter les conflits qui déchirent la société libérale, ne rencontre qu'un succès éphémère, de 1924 à 1926.

La dernière agitation ligueuse, à partir de 1932, s'insère dans le climat de crise des années 1930. La ligue des Croix-de-feu du colonel de La Rocque, Solidarité française de l'industriel François Coty, le Parti franciste de Marcel Bucard, concurrencent les Jeunesses patriotes. Si les apparences - structure autoritaire centrée sur la personne du chef ; discipline militaire ; goût marqué pour les manifestations de masse - évoquent le fascisme, ces groupes poursuivent des objectifs sensiblement différents. Les Croix-de-feu sont, incontestablement, favorables à un régime autoritaire, mais elles se réfèrent beaucoup plus à une organisation sociale d'inspiration traditionaliste, dans l'esprit du conservatisme chrétien, qu'à une société totalitaire de type fasciste ou nazi. Le « francisme », qui fait moins d'adeptes, semble au contraire vouloir imiter le modèle mussolinien, alors que Solidarité française développe une thématique antisémite et vaguement « anticapitaliste », caractéristique des fascismes naissants. Dissoutes en juin 1936 par le gouvernement de Léon Blum, les ligues disparaissent du paysage politique : leurs cadres et leurs adhérents se regroupent en partis de masse qui acceptent désormais le jeu électoral. Ces partis disparaissent quelques années plus tard, en même temps que la IIIe République.

Limousin,

région du nord-ouest du Massif central, qui doit son nom au peuple celte des Lemovices.

La romanisation unifie la contrée autour de la cité d'Augustoritum, future Limoges, et favorise une christianisation précoce. Un évêché est ainsi créé à Limoges dès le Ve siècle. La région connaît un nouvel essor à l'époque carolingienne, grâce à la création du comté de Limoges et à la fondation, au début du IXe siècle, par Louis le Pieux, de l'abbaye de Saint-Martial. Devenue bénédictine en 848 et membre de la congrégation clunisienne en 1062, cette abbaye est l'un des principaux centres intellectuels et artistiques des XIe et XIIe siècles, notamment en raison de son scriptorium et de son atelier d'émail champlevé. Au Xe siècle, le comté passe sous la domination des ducs d'Aquitaine, qui, à partir du milieu du XIIe siècle, sont aussi rois d'Angleterre. Du XIIe au XIVe siècle, le Limousin occupe ainsi une position frontalière entre les domaines du roi de France et ceux du roi d'Angleterre. Reconquis par Charles V en 1373, il est définitivement intégré au domaine royal. La région très rurale demeure à l'écart des grands courants d'échanges.

Aux XIXe et XXe siècles, l'industrialisation se limite à la fabrication de la porcelaine, et le Limousin devient une terre de forte émigration vers la vallée de la Loire et, surtout, Paris et l'Île-de-France. Très tôt déchristianisée, la région se caractérise, durant l'époque contemporaine, par des engagements politiques de plus en plus radicaux : elle est républicaine de la Restauration au Second Empire, socialiste sous la IIIe République, et communiste à la suite de l'organisation par Georges Guingouin de l'un des plus grands maquis de la Résistance, capable de libérer Limoges et son département sans l'aide des Alliés en août 1944.

Lindet (Jean-Baptiste Robert),

homme politique, figure de la persévérance révolutionnaire (Bernay, Eure, 1746 - Paris 1825).

Avocat compétent en matière de fiscalité, il participe à la rédaction des cahiers de doléances du Tiers et devient membre de la municipalité de Bernay. En 1791, il est élu législateur par le département de l'Eure, et réélu député, l'année suivante, à la Convention. Il s'acquitte alors de tâches aussi fondamentales que celles de rapporteur de la commission chargée de préparer le procès du roi, de rédacteur des procès-verbaux et de la correspondance du Comité de salut public, au sein duquel il s'occupe, entre autres, de finance, de subsistances, de poste et d'approvisionnement aux armées. Il est envoyé par deux fois en mission, dans l'Eure et dans le Calvados.

D'abord favorable à la monarchie constitutionnelle, il se radicalise, sans subir l'ascendant de Robespierre. Il ne suit ce dernier ni dans le procès de Danton, ni dans les débats qui divisent le Comité de salut public. Mais ce régicide maintient ses positions montagnardes prononcées tout au long de sa vie : au moment de Thermidor, il refuse la condamnation des actes terroristes et la construction d'une mémoire horrifiée à l'égard d'un temps de passion ; il souhaite que la postérité élabore une histoire reconnaissante à l'égard d'un temps de fondation, et réclame la remise en vigueur de la Constitution de 1793. Il est alors exclu de la Convention, et le gouvernement directorial fait invalider sa réélection en 1795 et en 1798. Ministre des Finances à la faveur du coup d'État du 30 prairial, il prépare un emprunt forcé sur les propriétaires que l'arrivée de Bonaparte au pouvoir rend caduc. Il reprend alors son métier d'avocat.

Lionne (Hugues de),

ministre de Louis XIV (Grenoble 1611 - Paris 1671).