La Chalotais (Louis René de Caradeuc de), (suite)
Figure essentielle de la résistance des parlements à l'autorité royale, La Chalotais en illustre toute l'ambiguïté : la défense des « libertés » et la dénonciation de l'arbitraire, même justifiées, dissimulent la volonté de maintenir les privilèges et de bloquer les réformes et la modernisation du royaume. En attaquant le duc d'Aiguillon, les magistrats bretons font le procès de la monarchie administrative : abus de la corvée royale, alourdissement de la fiscalité, dépenses excessives pour l'embellissement des villes, asservissement des états provinciaux. Violent, arriviste et plein de prétentions littéraires, La Chalotais n'hésite pas à utiliser les méthodes les plus douteuses, expédiant des lettres anonymes et envisageant même de faire chanter Louis XV, dont il détenait la correspondance amoureuse avec Mlle de Romans. L'affaire de Bretagne allait déclencher, en 1771, le « coup de force » de Maupeou contre les parlements et entraîner la réforme de la justice. Elle est un épisode majeur du conflit qui affaiblit la monarchie tout au long du XVIIIe siècle et devait finalement provoquer sa chute.