libéralisme politique, (suite)
Les vicissitudes récentes.
• Bien que le régime de Vichy ait condamné l'héritage de 1789 - l'individualisme et le parlementarisme - et tenté de mettre en place une économie corporatiste, des libéraux comme Pierre-Étienne Flandin et surtout Pierre Laval (à vrai dire, atypique) participent alors au gouvernement, tandis que d'autres se rallient à la Résistance. En 1945, le libéralisme, identifié au conservatisme du fait de ses options économiques, sociales et constitutionnelles, est en perte de vitesse : la droite classique, qui lui est fidèle, obtient moins de 15 % des voix. Mais, après quelques années, l'évolution de la conjoncture politique et la création en 1949 d'un rassemblement relativement structuré, le Centre national des indépendants (CNI), permettent aux libéraux de jouer un rôle de premier plan de 1951 à 1956 : deux présidents du Conseil, Antoine Pinay et Joseph Laniel, et le second président de la IVe République, René Coty, sont des leurs. Ils s'affirment tout naturellement comme les défenseurs de la stabilité monétaire, de la libre entreprise, de l'alliance atlantique et de la présence française outre-mer. En 1958, ils appuient le retour au pouvoir du général de Gaulle et obtiennent un beau succès électoral (22 % des voix en novembre). Mais certains d'entre eux ne tardent pas à se détacher du gaullisme, les uns par fidélité à l'Algérie française, les autres par hostilité au « pouvoir personnel » du général (ainsi lors du référendum d'octobre 1962), presque tous par refus d'une politique économique qu'ils estiment dirigiste et technocratique. Le CNI se trouve ainsi progressivement marginalisé et rejeté sur des positions très conservatrices.
Toutefois, en 1962, d'autres libéraux, menés par Valéry Giscard d'Estaing, préfèrent rester dans la majorité gaulliste pour tenter d'y faire prévaloir leurs vues. Ils se regroupent en 1966 dans la Fédération des républicains indépendants, dont le soutien au pouvoir est parfois critique. Ministre des Finances de 1969 à 1974, grâce à l'appui de Georges Pompidou, « VGE » acquiert une image de présidentiable. Élu à la magistrature suprême en mai 1974, il s'efforce de mettre en œuvre une politique de « libéralisme avancé », qu'il juge capable de rallier autour de lui le « groupe central » de la société française, axé sur les classes moyennes : abaissement à 18 ans de l'âge de la majorité, extension de la Sécurité sociale, loi sur l'interruption volontaire de grossesse, divorce par consentement mutuel. Sans que son rôle soit vraiment revalorisé, le Parlement reçoit le droit de saisine du Conseil constitutionnel.
Cependant, même réorganisé dans le Parti républicain (1977) et renforcé par son alliance avec les démocrates-chrétiens et les radicaux au sein de l'UDF (1978), le libéralisme ne parvient ni à égaler le RPR, parti néogaulliste, mieux structuré et plus militant, ni à gagner l'élection présidentielle de 1981. Au cours des années 1980, on assiste, que les libéraux soient dans l'opposition ou au pouvoir, à un rapprochement entre l'UDF (présidée de 1988 à 1996 par Valéry Giscard d'Estaing) et le RPR sur la base d'un libéralisme conservateur fondé notamment sur le maintien des institutions, des préoccupations sécuritaires, une remise en cause partielle de l'État-providence, des privatisations.
Dans cette alliance, les héritiers les plus authentiques du libéralisme, présents surtout au Parti républicain, ont peine à s'imposer auprès des électeurs tout comme au Parlement. Ils souffrent de leurs divisions relatives à l'Union européenne, même si le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, nationaliste et traditionaliste, reste très minoritaire. En 1995, ils ne peuvent ni affronter directement l'élection présidentielle ni s'unir derrière l'un des deux candidats néogaullistes, Jacques Chirac et Édouard Balladur. Nouveau président de l'UDF, François Léotard tente de réaffirmer l'identité du « libéralisme avancé », dont il se veut l'héritier. Après la défaite électorale de la droite en juin 1997, Alain Madelin, champion déterminé du libéralisme économique, prend la tête du Parti républicain rebaptisé, significativement, « Démocratie libérale », avant de rejoindre le RPR au sein de l'UMP en 2002.