ensemble des possessions françaises de la mer des Caraïbes, aujourd'hui réduites aux départements de la Guadeloupe et de la Martinique.
Les débuts de la présence française dans les Petites Antilles remontent à la première moitié du XVIIe siècle : des huguenots sont à l'origine d'un premier établissement à Saint-Christophe (Saint Kitts) en 1625, puis, le 31 octobre 1626, Belain d'Esnambuc fonde la Compagnie de Saint-Christophe. En 1635, il prend possession de la Martinique, tandis que Duplessis et Liénart de L'Olive s'emparent de la Guadeloupe. D'autres établissements suivent : la Dominique et Sainte-Croix (1640), Sainte-Lucie (1642), Marie-Galante (1648), la Grenade (1650), etc., érigées en fiefs au profit de seigneurs, et notamment de l'ordre de Malte. Fondée par Colbert en 1664, la Compagnie des Indes occidentales rachète la plupart de ces îles à leurs seigneurs particuliers. Après la faillite de la Compagnie (1674), elles sont rattachées à la couronne, et des gouverneurs prennent l'administration en main au nom du roi. Tobago est prise aux Hollandais en 1677, et la partie occidentale de Saint-Domingue est cédée par les Espagnols en 1697.
Les Caraïbes, qui forment le peuplement autochtone, sont soit exterminés, soit déportés sur des îles voisines. Ainsi, les derniers Caraïbes de la Guadeloupe sont expulsés en 1658, et un traité du 31 mars 1660 (la Paix caraïbe) leur octroie la possibilité de s'établir dans les îles de la Dominique et de Saint-Vincent, qui deviennent en quelque sorte des réserves de peuplement.
L'économie de plantation sucrière se développe très tôt, ainsi que la production d'épices. De 1639 à 1660, le commandeur de Poincy fait de Saint-Christophe un établissement particulièrement florissant. Dans d'autres îles, les débuts du peuplement colonial sont assez lents. Une culture originale créole se constitue peu à peu parmi ces « Français des îles ».
Au XVIIIe siècle, la traite négrière donne lieu à une immigration massive d'esclaves en provenance du continent africain : à la Grenade, qui ne comptait en 1715 que 250 colons et 500 esclaves, on dénombre, en 1763, 700 Blancs et 18 000 Noirs. Il en résulte un important essor de la production sucrière, des exportations de coton, de café, de tabac et d'indigo...
En 1713, le traité d'Utrecht attribue Saint-Christophe à l'Angleterre et confère le statut d'« îles neutres » à certaines Petites Antilles françaises : Dominique, Grenade, Grenadines, Sainte-Croix, Sainte-Lucie, Saint-Vincent, Tobago. Celles-ci sont démilitarisées tout en restant françaises et deviennent d'actifs repaires de contrebandiers américains (smugglers). Le contrôle de Sainte-Lucie donne lieu à quelques litiges, arbitrés par la Commission des limites créée par le traité d'Utrecht. En 1750, Louis XV envisage de céder les îles neutres à son allié Frédéric II de Prusse. En 1763, le traité de Paris attribue l'ensemble de ces îles (environ 30 000 habitants) à l'Angleterre, à l'exception de Sainte-Lucie, laissée à la France, qui la perd cependant de nouveau au profit des Anglais en 1774. Le traité de Versailles (1783) restitue Tobago et Sainte-Lucie à la France.
Dès le début des guerres de la Révolution, les Petites Antilles sont occupées par les Anglais : la paix d'Amiens (mars 1802) rend à la France la Martinique, la Guadeloupe, Sainte-Lucie et Tobago, mais toutes ces îles sont reprises pendant les guerres napoléoniennes. Les traités de Paris (1814 et 1815) ne laissent à la France que la Martinique et la Guadeloupe avec ses dépendances. Saint-Domingue, en principe rétrocédée, était, en fait, perdue.