YZ
Zay (Jean),
homme politique (Orléans 1904 - Molles, Allier, 1944).
Avocat de formation, Jean Zay est élu député radical en 1932, à l'âge de 27 ans - il sera réélu en 1936. Membre, aux côtés de Pierre Cot, Jacques Kayser et Pierre Mendès France, de la tendance des « Jeunes-Turcs » favorable au Front populaire, il est nommé ministre de l'Éducation nationale dans le cabinet de Léon Blum, en juin 1936. Occupant ce poste jusqu'en septembre 1939, il entreprend plusieurs réformes importantes, notamment la prolongation de la scolarité obligatoire jusqu'à 14 ans. Zay travaille à la réorganisation de l'enseignement primaire et secondaire, lance des expérimentations pédagogiques, soutient la politique de développement du sport populaire et universitaire. Cet antimunichois demande à être mobilisé en 1940, puis s'embarque avec Daladier et Mendès France à bord du Massilia, afin de continuer la guerre en Afrique du Nord. Arrêté sur l'ordre du gouvernement de Vichy, condamné à la prison à perpétuité pour « désertion » et détenu à Riom, il est enlevé, puis assassiné par la Milice en juin 1944.
Zola (Émile),
homme de lettres (Paris 1840 - id. 1902).
Zola se place dans la lignée des romanciers de la représentation du réel qui ont pris pour sujet de leur œuvre la société et le monde contemporains. Il pense que le roman moderne, fondé sur des documents, empruntant aux sciences méthode et savoirs, participe à la grande enquête universelle qui caractérise l'époque et fournit aux politiques les faits sur lesquels ils peuvent légiférer : « Sur les documents vrais que les naturalistes apportent, écrit-il, on pourra sans doute un jour établir une société meilleure, qui vivra par la logique et la méthode. » Politique et littérature sont, pour lui, liées. Journaliste, il ne se borne pas à expliquer son esthétique. Il intervient pour défendre les grandes valeurs auxquelles il croit. Il devient, avec son intervention dans l'affaire Dreyfus, un des modèles de l'intellectuel.
« Je suis à l'aise parmi notre génération ».
• De 1843 à 1858, Émile Zola vit à Aix-en-Provence, le « Plassans » de ses romans. Orphelin de père à 7 ans, boursier - sa mère ne disposant plus que de ressources modestes -, il trouve refuge dans l'amitié : il forme avec Paul Cézanne et Jean-Baptistin Baille, futur polytechnicien et astronome, un trio d'inséparables, qui fuit le conformisme de l'enseignement et de la société aixoise en rêvant de gloire poétique au cours de longues promenades dans la campagne.
Tout change quand il arrive à Paris, en février 1858. Il le rappellera : « À tout heure, Paris gronde, les lycées ressemblent à des cloîtres battus de tous côtés par les rudes secousses de l'activité moderne. » Le lycée Saint-Louis, où il entre en seconde ès sciences, est pénétré par l'« air du dehors ». Dès lors, Zola adhère à son époque : malgré les graves difficultés matérielles qu'il affrontera pendant de longues années, il ne se repliera jamais dans une attitude d'indifférence ou de mépris. Son engagement pour Dreyfus a donc des racines profondes, et n'est pas, chez lui, un acte isolé.
Provincial sans relations, sans fortune personnelle ni diplôme - il a échoué au baccalauréat -, Zola ne fait partie d'aucun groupe de pression, d'aucune institution. Il doit gagner sa vie. Après quatre années passées chez Hachette comme chef de la publicité, il décide, en 1866, de vivre du journalisme. Il a compris la puissance de la presse et va désormais s'en servir pour défendre et imposer son esthétique comme critique littéraire, artistique, dramatique, mais aussi comme chroniqueur politique et parlementaire.
C'est au même moment, soulignons-le, qu'il songe à écrire une grande fresque qui concurrencerait la Comédie humaine de Balzac, les Rougon-Macquart, dont le sous-titre est significatif : Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire. Au total vingt volumes, publiés entre 1871 et 1893, qu'il fait suivre de deux autres séries : la première, les Trois Villes (Lourdes, 1894 ; Rome, 1896 ; Paris, 1898), traite de problèmes contemporains, tels que, entre autres, le renouveau religieux, les attaques contre la science et la croyance au progrès, le développement des mouvements ouvriers et de l'anarchisme ; la seconde, les Quatre Évangiles (Fécondité, 1899 ; Travail, 1900 ; Vérité, 1902), imagine la Cité future, une nouvelle conception du travail, de l'enseignement, de l'urbanisme, des rapports entre les individus. Le quatrième Évangile, Justice, est resté à l'état de projet, à cause du décès du romancier, provoqué, très probablement, par des antidreyfusards : en effet, Zola est mort asphyxié, la cheminée de sa chambre ayant été bouchée, peut-être accidentellement, plus sûrement intentionnellement.
Pendant toute sa vie, Zola mène ainsi une double activité de journaliste et de romancier, donnant sous forme de pamphlets ou de fictions sa vision de l'époque, des événements politiques, des régimes successifs, expliquant sa conception de la République, du rôle de la France, critiquant la société mise en place, en imaginant une autre, de justice, de fraternité et de liberté.
Une époque de mutation.
• « La caractéristique du mouvement moderne est la bousculade de toutes les ambitions, l'élan démocratique, l'avènement de toutes les classes », affirme-t-il dans les notes préliminaires à sa fresque romanesque. C'est ce déchaînement des appétits et des ambitions, cette « soif de jouir par la pensée surmenée et par le corps surmené », qu'il étudie, en particulier à travers les aventures des membres de la famille des Rougon-Macquart.
Zola aborde la plupart des grands problèmes posés par la révolution financière et économique : grands travaux, création des banques et des grands magasins, extension du réseau ferré, spéculation, lutte du capital et du travail, grèves, débuts du syndicalisme, question agraire, guerre, architecture et urbanisme, censure, liberté de l'art, journalisme, publicité, question religieuse, et, étroitement liée, celle de l'enseignement, plus particulièrement de l'éducation des filles, à ses yeux capitale et leitmotiv de son œuvre.